Nos sentiments voilés

By Leophire

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GAGNANT DES WATTYS DANS LA CATÉGORIE YOUNG ADULTE :) Samedi 22 août, 18 : 59. Une simple décision peut change... More

L'étrange fille
L'autre famille
La fin de l'été
La dernière rentrée
Le premier cours
Le cours de SVT
La danse
L'exposé
Le petit copain
Les questions
Le brookie
La crise d'angoisse
Le passé
L'anniversaire
La révélation
L'appel
L'émotion
Le concours
Le pique-nique
Le rapprochement
La rencontre
Le duel
Le skate
L'audition
Les excuses
Les reproches
Les confessions
L'arrangement
Le bowling
Le cadeau
Epilogue

La prière

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By Leophire


~Erell~

La portière claque et je me retrouve dehors. Il y a un grand soleil, bas dans le ciel, qui ne réchauffe pas trop. Ma longue jupe mauve se soulève à cause du vent et je l'aplatis. Il ne fait pas trop froid pour ce genre d'habits. Je lève les yeux et mets ma main en visière. La cathédrale surplombe toute ma famille. Son architecture gothique se fond parfaitement bien dans le cœur de la ville et ses deux immenses tours semblent me juger. Je détourne les yeux. Je ne voudrais pas qu'elle sache tout ce qui se cache en moi.

Les trois arches, contrairement aux tours, sont accueillantes. Ma famille et moi nous dirigeons donc vers elles, montons les marches et accédons au hall en pierre. Les grandes portes sont ouvertes, ce qui n'arrive pratiquement jamais. Un homme en aube blanche se tient debout à l'entrée, invitant chaque personne à entrer.

 — Marie-Aline, Marc ! Quel plaisir de vous revoir, s'exclame-t-il.

 — Bonjour, mon père, répondent en chœur ma mère et mon beau-père.

Les trois discutent un peu puis Père Benoît finit par se tourner vers mes sœurs et moi. Il nous connaît depuis longtemps, alors il n'hésite pas à nous questionner sur nos vacances d'été. Je suis la première à lui répondre et pendant que je parle, je vois ma petite sœur s'impatienter. Du coup, j'essaie de ne pas trop parler. Et Dieu sait à quel point je suis bavarde.
Quand tout le monde a fini sa discussion, nous esquissons quelques pas dans l'allée.

 — Feuille de chant ! nous arrête aussitôt Père Benoît.

Je tends la main pour qu'il m'en donne une, le remercie et me tourne vers l'autel, loin devant moi. Je m'agenouille et fais le signe de croix.
Honnêtement, ça fait du bien d'être de retour ici, après deux mois de vacances. L'été est passé à une telle vitesse que je n'ai pas pu revenir ici. Remettre les pieds dans la cathédrale est vraiment apaisant. Je sens aussitôt tous mes soucis disparaître.

J'observe un peu ce lieu que je connais tant. Les deux rangées de chaises en bois se succèdent sur plusieurs mètres pour arriver jusqu'à l'autel. Les grands poteaux en marbre tiennent la structure très haut au-dessus de moi. Il y a déjà quelques personnes installées. Quatre ou cinq, en plus d'une famille de musiciens qui accorde leurs instruments, tout devant.

Quand j'ai fini de tout regarder, je baisse la tête vers le sol et essaie de poser mes pieds dans les carreaux. Si je marche sur un trait, je me fais manger par un crocodile. Je fais ça depuis que je suis toute petite. Je ne devrais sûrement pas jouer dans la maison de Dieu mais cette activité est devenue une habitude. Je ne peux pas m'en empêcher. J'y arrive plutôt bien jusqu'à ce que je m'empierge les pieds et que je tombe en avant sur Alba, ma demi-sœur.

 — Erell ! Arrête de faire la gamine, sérieux.

Je lève les yeux au ciel. Il faut toujours qu'elle casse mes délires. De toute façon, nous sommes arrivés au premier rang. Nous nous glissons sur les sièges et je m'installe le plus loin possible d'Alba. Je sens qu'elle va bouder pendant toute la messe et je ne veux pas être envahie par ses ondes négatives. Je me retrouve entre Lucille et Iseult, mes deux autres petites sœurs. Je les observe toutes les deux. Lucille, ses mains brunes jointes, a l'air de prier. Iseult, quant à elle, a les pieds sur le prie-Dieu, une petite chaise avec un haut dossier. Elle a la tête posée sur ses mains et les coudes sur les genoux. Belle position pour ce lieu. Je souris et lui donne un coup de coude. Son bras glisse et elle se cogne contre son genou. Je me détourne aussitôt pendant qu'elle me lance un regard assassin.

 — Arrête ! crie-t-elle.

 — Iseult, gronde Marc, son père. Si tu ne sais pas te tenir, je te ramène.

 — Mais c'est pas moi, c'est elle ! se défend-elle en me pointant du doigt.

Je me fabrique un visage innocent et regarde Marc.

 — Moi ?

Mais il n'est pas dupe et j'ai droit à une remarque, comme quoi je suis la plus grande, la plus mature et que ce n'est pas de mon âge. Iseult a un air satisfait et je me retiens de lui tirer la langue.
Nous attendons encore quelques minutes jusqu'à ce que les musiciens fassent s'élever les premières notes du chant d'entrée. Je déplie ma feuille de chant et commence à chanter. Père Benoît arrive dans mon champ de vision, avançant lentement. Il se penche devant les marches, les monte puis contourne l'autel. Il l'embrasse et va ensuite se placer devant son siège en velours rouge. Les voix de la petite assemblée se mélangent pour ne former qu'une, puis le silence tombe. Père Benoît s'avance jusqu'au micro, ouvre ses bras vers nous et dit :

 — Le Seigneur soit avec vous !

 — Et avec votre esprit, répondent les fidèles.

La célébration commence enfin. Je me concentre entièrement sur ce que dit le prêtre. La première partie de la messe se finit, ouvrant le pas sur la liturgie de la Parole. C'est généralement le moment où je commence à décrocher. Pendant la première lecture, j'arrive plutôt bien à suivre mais à la deuxième, mes pensées dérivent. Pas bien longtemps puisqu'il faut se lever juste après. Nous entonnons un chant, celui qui précède l'Evangile.

 — Alléluia, alléluia, alléluuuuuia !

Je ressens toute la joie que mettent les gens à chanter. Enfin, sauf Alba. Elle n'a pas l'air de chanter et ses sourcils sont froncés. Ma sœur, dans toute sa splendeur ! Père Benoît commence à lire et j'essaie de me concentrer, en vain. Mon regard dérive vers le côté droit. Il y a d'autres rangées de chaises mais je ne les aperçois pas toutes. Je ne peux voir que le premier rang, où, étrangement, un garçon est assis. Je parle de fait étrange puisqu'il a l'air d'avoir mon âge et qu'il est seul. Un jeune venant seul, de son plein grès, à la messe ? Je n'ai jamais vu ça ! En plus, je suis tous les dimanches à la cathédrale et je ne l'ai jamais vu.

Sa peau est bronzée, plus claire que celle de Lucille et Iseult, et ses cheveux sont brun foncé, épais et décoiffés. De loin, je ne parviens pas à voir la couleur de ses yeux. Dommage que je ne sois pas pourvue d'un super-pouvoir. Il dégage quelque chose de mystérieux et de grand. Ou alors c'est juste moi qui invente. Je le vois se lever et partir sur la droite, dans l'arc de cercle qui amène à des chapelles. Déçue, je reporte mon attention sur la cérémonie. Pile au même moment, l'Evangile est levée et nous pouvons nous asseoir. Néanmoins, Père Benoît continue à parler.

Dans ma tête, je tente de reconstituer son visage. C'est un exercice assez compliqué vu que je n'ai pu le voir qu'un moment. Pour être tout à fait honnête, ce garçon était assez agréable à regarder. Pour ne pas dire, un dieu vivant. Enfin non, considérez que je n'ai jamais dit ça. Parce que le seul dieu qui existe est mon Dieu. Du coup, l'inconnu ressemblerait plutôt à un ange. Aussitôt, une image de lui avec des ailes blanches derrière le dos m'apparaît, et je me retiens d'éclater de rire.

 — Qu'est-ce qu'il y a ? me demande Lucille en se penchant vers moi.

Je crois que je ne suis pas très discrète.

 — Je me suis fait une blague dans ma tête, je chuchote.

 — Je peux l'entendre ?

 — Non, je te la dirai à la fin.

Evidemment, je ne lui avouerai pas ce qui m'a déconcentrée.

[...]

Les cloches sonnent et tout le monde se lève. La messe est finie. J'ai presque envie de dire "enfin", parce que pendant tout le reste de la messe je n'ai pas revu l'inconnu. Peut-être qu'en sortant, je l'apercevrais. Une idée me vient soudain.

 — Iseult, donne-moi un chiffre entre 1 et 10, fais-je à haute voix, puisqu'on le peut à présent.

C'est un truc que je fais souvent avec elle. Quand je ne sais pas me décider, je demande à Iseult de choisir un chiffre et le hasard tranche pour moi. Une fois, je ne savais pas si je devais apprendre une définition de mon cours d'histoire. J'ai demandé à Iseult et le hasard a voulu que je ne l'apprenne pas. Malheureusement, elle était dans le contrôle et j'ai perdu deux points. Ma mère me reproche souvent de laisser le destin "pourrir" ma vie. Ce sont ses mots.

Bref, dans ma situation actuelle, si Iseult dit un chiffre pair, je vais parler au garçon et s'il est impair, je le laisse tranquille.

 — C'est pour quoi ? veut-elle savoir.

 — T'occupes. Donne juste un chiffre.

Elle souffle, comme toujours, et finit par me répondre trois. Tant pis, ce ne sera pas pour aujourd'hui...

 — Eh ! Alba, arrête de parler pour moi. Je voulais dire le six !

 — Sérieux ? je m'étonne.

Derrière elle, Alba est en train de ricaner. Je ne sais même pas reconnaître les voix de mes sœurs. Il faudrait que je m'achète de nouvelles oreilles.

 — Oui. Six, je te dis six.

Heureusement, personne ne peut me voir sourire puisque je m'éloigne déjà.

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