J'envoie un message dans le groupe pour prévenir mes amis que je vais bien, en ignorant tous les messages, en ignorant tout le reste. J'écoute à nouveau la musique. Je pleure en silence. Je la rejoue encore. Je mérite tout ça, d'entendre dans sa voix à quel point je lui ai fais du mal. Je mérite de souffrir pour tout le mal que j'ai provoqué autour de moi.
Mes larmes ne s'arrêtent plus alors que la mélodie parvient à mes oreilles, et c'est ainsi que je me laisse sombrer dans un sommeil lourd et tourmenté.
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Deux semaines. Deux semaines depuis le drame du message. Cela fait des jours mais j'ai l'impression que cela fait des semaines voire des mois. Je pensais que ce serait plus facile si je n'avais pas de ses nouvelles mais c'est une torture. Il a annulé son dernier live de Chan's Room (chose qu'il ne fait jamais) en prétextant être occupé...
Je ne suis pas allée en cours de lundi à mercredi. Heureusement, je suis proche d'une médecin et en voyant mon état elle a accepté de me faire une ordonnance pour que je puisse rester chez moi trois jours. Trois jours où je n'ai pratiquement pas mangé, trois jours que j'ai passé à dormir et me lamenter. Je connais maintenant sa chanson par cœur et j'ai l'impression d'être brisée.
Je me déteste encore plus pour agir ainsi car on pourrait croire que c'est moi la victime dans l'histoire alors que tout est de ma faute, c'est moi qui ai fais ce choix. Je n'ai aucun droit de me plaindre alors que j'ai provoqué tout ça.
Les jours qui ont suivi, je suis retournée en cours mais j'étais là sans vraiment l'être. Comme si je laissais un bout de mon âme chez moi et que mon corps se rendait seul à l'école car j'y étais obligée. J'arrive juste avant le début des cours et repars dès que la sonnerie retentit, le midi je mange dans ma voiture. J'essaie d'éviter mes amis au maximum car je sais qu'ils s'inquiètent pour moi mais je n'ai ni la force ni l'envie de leur expliquer toute l'histoire.
Mon seul objectif pour le moment, c'est de tourner la page pour pouvoir me concentrer sur le concours national. Nous nous rendons à Paris dans 13 jours. Je dois me reprendre en mains, je ne peux pas pénaliser mon équipe à cause de mes problèmes personnels. J'ai été suffisamment égoïste comme ça.
La deuxième semaine je me suis donc forcée à me lever tôt le matin pour avoir le temps de prendre une douche, me maquiller pour cacher mes cernes et mes traits affreux et boire mon thé pour me préparer à affronter une nouvelle journée. Mes amis semblent avoir comprit qu'ils devraient éviter de me poser des questions, je pense qu'Iris leur a fait la leçon avant que je revienne.
Ils semblent simplement contents que je sois de retour et que j'affiche une meilleure apparence physique. Mais je sais qu'au fond Iris attend une explication et que ça la frustre que je ne lui parle pas. Je dois réfléchir à ce que je peux et veux lui dire, et j'essaierai de discuter avec elle ce soir, à la fin de notre entrainement.
C'est une nouvelle semaine aujourd'hui, je dois donner le meilleur de moi-même. Ce matin je commence avec cours de pilâtes, ce qui est exactement ce qu'il me faut pour bien entamer cette journée. Ainsi, mon corps sera assez préparé pour le cours suivant : danse moderne. Puis, à midi je rejoindrai mes amis et je vais faire des efforts pour sourire et m'investir dans les conversations.
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Je suis allongée sur le dos à même le sol, essayant de réguler ma respiration. Il est 20h passé, nous venons de terminer la répétition de la troupe. La plupart sont partis, les derniers discutent entre eux tandis que mon amie s'approche de moi. Elle me tend la main pour m'aider à me relever. "Je te ramène ?"
Je lui réponds positivement en lui offrant par la même occasion un petit sourire. J'inspire longuement en rangeant mes affaires dans mon sac, sachant pertinemment que nous allons avoir une discussion sur le trajet. J'ai l'impression que ma tête va exploser à force de réfléchir à ce que je vais bien pouvoir lui dire.
Tout le monde est partit, j'éteins les lumières de la salle pendant qu'Iris se dirige vers la porte de sortie avec l'enceinte bluetooth dans la main et son sac dans l'autre. On se dirige alors toutes les deux vers la voiture, dans un silence ni agréable ni gênant, un simple silence ordinaire. Elle démarre la voiture et nous voilà parties.
"Ecoutes Mae, je ne sais pas ce qui a pu se passer dans ta vie mais il est clair que ça t'affecte beaucoup. Seulement tu n'es pas seule, ça a des répercutions sur notre groupe d'amis également. Déjà les autres ne méritent pas ça, ils se sont sentis mal et impuissants, et moi tu ne peux pas imaginer. Tu es une de mes meilleures amies et je me suis sentie abandonnée. Du jour au lendemain, plus de nouvelles, tu ne me parlais plus, tu m'évitais, j'en suis venue à me demander ce que j'avais fais de mal et là tu reviens comme si de rien était... Je pense que je mérite au moins une explication."
Je me sens mal. Je savais déjà que j'étais égoïste et que je faisais du mal à mes amis mais l'entendre de la bouche d'Iris, une des personnes les plus importantes pour moi... C'est comme si je venais de me prendre une claque, et c'est mérité. Je pense que j'en avais besoin.
"Iris, tu as totalement raison. Je suis vraiment trop conne et je vous mérite pas. Je m'excuse d'avoir été une amie merdique ces derniers temps, j'ai eu des soucis perso oui mais ça n'excuse en rien la façon dont je vous ai traités. Vous avez toujours été là pour moi, surtout toi, j'aurai du mieux gérer. Je suis tellement désolée."
Je regrette tellement. J'ai envie de m'enfoncer dans mon siège et disparaitre. J'ai tellement honte de moi.
"Comme tu viens de le dire, je suis là pour toi. Alors explique moi tout pour que je puisse comprendre et peut-être t'aider ?"
"Très bien. Ok. D'accord. Hum... Iris je sais pas par où commencer."
On arrive en bas de chez moi, elle se gare et mets le frein à main. Elle se tourne vers moi et m'attrape la main, la pressant légèrement dans la sienne.
"Mae ? Ce n'est que moi. Tu sais très bien que tu peux me faire confiance et que je ne tu jugerais jamais. Je suis sûre que tu iras mieux après, le fait de te confier un peu et de t'ouvrir à moi va t'empêcher d'imploser de l'intérieur le jour où ce sera trop pour toi."
"Je sais que tu as raison, c'est juste que j'en ai jamais parlé à personne et tu vas vraiment me trouver bête..."
Elle secoue la tête pour me faire comprendre que je me trompe et que je peux commencer mon récit. Je me lance alors.
"Très bien. Alors, comme tu le sais j'ai vécu un moment en Australie quand j'étais petite puisque mon père a été muté là-bas. Je ne connaissais donc personne à part la famille de ma mère qui est australienne, mais j'ai dû intégrer une école, je te passes les détails mais j'étais très stressée et seule. Je suis arrivée en avril donc j'avais un trimestre de retard car là-bas la rentrée se fait en février. Tous les élèves avaient déjà créé des affinités, des groupes d'amis et il y avait même un groupe de filles qui ne m'appréciaient pas beaucoup car j'étais une étrangère qui arrive en cours d'année.
Et donc à la fin de ma première journée je suis rentrée à la maison en déprimant, sauf qu'en arrivant devant chez moi, je suis tombée face à un petit garçon qui avait l'air d'avoir mon âge, brun, avec un grand sourire et de petites fossettes. Il m'a salué de la main et m'a dit « Salut ! Tu es la nouvelle, Mae c'est ça ? On est dans la même classe ! J'aurai bien voulu t'accompagner à l'heure du déjeuner mais ma mère m'a récupérer puisque j'avais rendez-vous chez le dentiste. Enfin bref, tu sais que le bus scolaire passe par notre quartier ? Ca t'aurait évité de rentrer à pieds car ce n'est pas tout près... »
Il m'a dit que ses amis l'appellent "Bang" et que je pouvais faire pareil. Nous avons parlé pendant au moins une heure, il m'a emmené visiter le quartier. La vérité c'est que j'avais déjà fais le tour avec mes parents pour qu'on puisse voir le chemin qui mène à l'école. Mais je n'ai pas voulu lui dire, c'était la première personne qui était aussi gentille avec moi donc je voulais passer plus de temps avec lui. Avec son sourire et sa personnalité il avait réussi à me remonter le moral.
Du coup après ça, nous avons prit le bus ensemble tous les jours, on était assis à côté en classe, le midi je mangeais avec lui et sa bande d'amis qui étaient tous très gentils. Il est devenu mon meilleur ami. Dis toi que plus tard on s'est rendus compte que nous avions la même date d'anniversaire ! Pour nous c'était clairement le destin, ça signifiait qu'on serait inséparables pour toujours...
Puis les années ont passé, rien n'avait changé jusqu'en 2010. Mon père nous annonce que la mutation va prendre fin en 2011 et qu'on va devoir retourner en France. Quelques semaines après, mon meilleur ami à passé des auditions pour rejoindre une agence artistique sauf que l'agence se trouvait en Corée du Sud. Il ne voulait pas partir et laisser ses parents, sa famille, ses amis. Moi... Ses parents l'ont encouragé à le faire en lui disant que c'est une occasion à ne pas rater et qu'il le regretterait s'il n'y allait pas.
Je l'ai encouragé dans cette voie également. Je lui ai dis que de toutes façons je rentrerai en France l'année d'après et qu'on se parlera tous les jours au téléphone. Alors il est partit. C'était dur au début, j'avais perdu mon repère et je devais passer encore un an ici. Cependant j'étais tellement heureuse de le voir s'épanouir dans ce qu'il aimait faire là-bas !
Un jour il est revenu en Australie car il avait une semaine de repos. On ne s'était pas vu pendant presque un an, c'était juste avant que je rentre en France. Il avait déjà changé, plus sûr de lui, légèrement plus grand. Sur ses six jours ici, il en a passé trois avec sa famille, et trois avec moi. Rien qu'avec moi. A ce moment là, je me suis rendu compte qu'autre chose avec changé : mes sentiments. J'avais un gros crush sur mon meilleur ami."
Je lève les yeux vers Iris qui était super concentrée sur ce que je disais, elle restait silencieuse à attendre que je termine.
"Je suis désolée, je ne pensais pas que c'était si long, je vais essayer de raccourcir un peu. En gros je suis rentrée en France et lui est resté en Corée, on se parlait tous les jours par sms et souvent le soir on s'appelait. Mes sentiments pour lui se renforçaient malgré la distance mais je n'ai jamais osé lui avouer. Puis, 2014, l'année de nos 17 ans. Ma mère voulait retourner en Australie pour trois semaines.
Bien évidemment je l'ai suppliée de me laisser aller en Corée pour lui rendre visite et elle a accepté. J'ai donc pu le rejoindre là-bas et passer presque deux semaines avec lui. Je te passe les détails mais il s'est passé.. pas mal de choses entre nous. J'étais si heureuse. Probablement les meilleures vacances de ma vie."
Je prend une inspiration et ferme les yeux un instant. Quelques secondes plus tard je reprends, plus vite je finis mon histoire mieux ce sera.
"Je ne me sens pas encore prête à en parler mais la veille de mon départ il s'est passé certaines choses qui ont fait que j'ai du prendre une décision difficile. Celle d'arrêter notre relation et de couper les ponts avec lui. C'était probablement la chose la plus dure au monde car c'est le moment où j'avais le plus besoin de lui, où il était le seul à pouvoir m'aider. Je ne lui ai laissé aucune chance, je l'ai bloqué de partout et je suis rentrée en France, je ne lui ai plus parlé.
En tout cas, plus jusqu'à récemment. Il y a deux mois, il est venu en France. Bien évidemment, on s'est croisés à Paris. Le destin continue de nous réunir malgré mes efforts pour le repousser. On a donc recommencé à se parler occasionnellement, mais pendant notre dernière soirée j'ai trop bu et j'ai vu qu'il recommençait à se rapprocher de moi. Sauf que je ne pouvais pas le laisser faire, tous les gens proches de moi finissent par souffrir.
Enfin bref, j'ai été vraiment horrible avec lui, je lui ai brisé le cœur. J'avais bu mais ce n'est pas une excuse. Je, je pensais que j'avais tourné la page mais le fait de le voir aussi mal m'a littéralement brisée. C'est pour cette raison que j'étais si mal ces derniers temps, c 'est moi qui ai provoqué tout ça et si c'était à refaire je le referai mais c'est si dur à assumer. Voilà, tu sais tout.. Ne t'inquiète pas, désormais je vais me reprendre en mains."
Après avoir fini mon récit, je me sens honteuse. Je n'oses pas décrocher le regard de mes mains, je joue nerveusement avec mes doigts. Au bout de quelques secondes, la main de mon amie se pose sur les miennes. Je lèves alors mon regard, inquiète de ce qu'elle va penser de moi.
"Mae, je te remercies de m'avoir fait assez confiance pour te livrer à moi. Dans l'ensemble, il est clair que cette histoire est super triste et je t'avoue que je ne comprend pas tout. Mais ce que je sais, c'est que je te connais et que tu es une fille bien. Je suis persuadée que si tu as fais tout ça c'était pour une bonne raison et saches que le jour où tu sera prête, tu pourra m'en parler. Je ne te jugerai jamais."
Un poids semble s'enlever de mes épaules, j'ai l'impression de respirer un peu mieux. Même si je n'ai pas été capable de tout lui raconter, j'ai au moins parler de choses que je n'avais jamais dis à personne auparavant. J'ai toujours du tout garder pour moi. J'ai confiance en Iris et grâce à elle je me sens mieux.
Cependant, je ne mérite pas ce soulagement. J'aimerai pouvoir prendre sa peine et l'apaiser, j'aimerai qu'il puisse m'oublier pour enfin être heureux. Si je pouvais prendre toute sa souffrance pour qu'il aille mieux, je le ferai.
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Hello... Je tenais à m'excuser pour cette longue absence. J'ai eu comme un blocage. Par moment j'avais un moment d'élan et d'inspiration donc j'écrivais plusieurs paragraphes d'un coup puis après pendant plusieurs semaines j'étais incapable d'écrire. Je penses que je me suis mis un peu la pression en voyant les vues et les commentaires, j'avais peur de ne pas être à la hauteur... Je vais faire de mon mieux pour redevenir régulière maintenant que je suis en vacances, en espérant que vous ne serez pas trop perdus ! Merci à ceux/celles qui seront encore là <3