Quelques jours après l'anniversaire des jumeaux, Elizabeth fut convoquée dans le bureau de la directrice, qui lui demanda des informations sur l'endroit où elle pouvait trouver les vampires. Elle comptait partir les voir dès qu'elle en aurait le temps, puisque le mois de septembre était fini, alors Elizabeth lui donna quelques conseils pour que l'entrevue se passe bien. Hugo espérait que les vampires ne s'offusqueraient pas de voir qu'elle envoyait une autre sorcière leur parler au lieu de se déplacer elle-même...
Le 14 octobre, c'était une nuit de pleine lune. Les cinq amis se retrouvèrent donc dans la Salle sur Demande pour être avec Lysander pendant sa transformation. Maintenant qu'il pouvait prendre sa forme de loup-garou quand il le voulait, la pleine lune n'était plus aussi pénible pour lui : il contrôlait parfaitement ses émotions et son comportement. Ils profitèrent donc de cette nuit blanche forcée pour s'entraîner sous leurs formes animales : comme l'avait dit Harry, ils ne devaient pas perdre les habitudes qu'ils avaient prises pendant l'été en arrêtant de travailler.
Hugo put alors se rendre compte de tous les progrès qu'avaient fait ses amis pendant les vacances. Lysander avait énormément gagné en agilité et pouvait escalader un mur tout en évitant des sorts ou des projectiles. Elizabeth parvenait désormais à maîtriser totalement l'écholocalisation, le sixième sens des chauves-souris : elle pouvait envoyer des sons et écouter leur écho pour localiser et identifier les éléments de son environnement, ce qui lui permettait notamment de se déplacer dans le noir complet en ayant autant d'informations sur ce qui l'entourait qu'en plein jour. Lorcan s'était entraîné à porter des charges de plus en plus lourdes et à utiliser ses cornes de yack (il faillit embrocher Hugo avec l'une d'elle, d'ailleurs) pour défoncer une porte, par exemple. Quant à Lily, elle se déplaçait à plus de cent kilomètres par heure sans perdre de son endurance avec le temps, ce qui était assez impressionnant même pour un guépard.
À côté d'eux, Hugo se sentait un peu ordinaire sous sa forme de chien : il avait gagné en vitesse, en force, en endurance et en agilité, mais il était loin de réaliser des performances aussi extraordinaires que ses amis.
— Je me sens vraiment inutile à côté de vous, soupira Hugo en se retransformant en humain pour parler à ses amis. Je ne peux presque rien faire sous ma forme de chien !
— Tu t'es déjà entraîné à travailler ton flair ? demanda Lily en prenant à son tour sa forme humaine. Les chiens ont un odorat particulièrement développé, c'est peut-être cette compétence-là que tu devrais essayer d'améliorer.
— Je n'y avais pas pensé, admit Hugo en réfléchissant. C'est vrai que ça pourrait me servir pour pister des vampires diurnes... si seulement Xenda était là, elle pourrait me donner des conseils pour progresser !
— Tu peux déjà t'entraîner de ton mieux tout seul, lui dit Elizabeth. Elle pourra toujours t'enseigner plus de choses si nécessaire la prochaine fois que vous vous verrez.
Hugo approuva et se métamorphosa à nouveau en chien pour commencer dès maintenant à exercer son flair. Ils continuèrent à travailler pendant toute la nuit, et ils auraient eu l'air d'Inferi en cours le lendemain si Lorcan ne leur avait pas donné de la Potion de l'Œil Vif pour contrer leur fatigue.
Le vendredi suivant, alors que Hugo, Lily, Lorcan et Lysander revenaient de leur cours de Soins aux Créatures Magiques pour aller déjeuner, ils aperçurent une silhouette familière qui traversait le parc du château en compagnie du professeur Londubat et de la directrice.
— C'est mon père ! s'exclama Lily d'un air ravi avant de courir dans leur direction, Hugo et les jumeaux sur ses talons.
Harry les remarqua de loin et s'arrêta pour les attendre.
— Bonjour vous quatre, dit-il en leur souriant. Vous revenez d'un cours avec Hagrid ?
— Comment est-ce que vous avez deviné ? demanda Lorcan.
— Juste une intuition, répondit Harry avec un sourire en coin en le regardant tenter d'enlever des cendres de son uniforme.
— On a étudié les crabes de feu, expliqua Hugo, qui s'était fait pincer deux fois par l'un d'eux et avait une grosse marque sur le nez à cause de ça.
— Voilà qui explique beaucoup de choses...
— Qu'est-ce que tu fais là, papa ? demanda Lily.
— Je passe pour vous donner un cours particulier avec le professeur Crabow, répondit-il en jetant un coup d'œil en direction du château. Il doit d'ailleurs m'attendre pour qu'on mette au point le cours en question.
— On va avoir cours avec toi aujourd'hui ? s'étonna Lily.
— Normalement oui, approuva Harry. Après le déjeuner, à l'heure où vous êtes censés avoir Défense Contre les Forces du Mal. Mais comme je ne peux passer que cet après-midi, j'étais en train de voir avec Neville s'il pouvait décaler son heure de Botanique avec les Serdaigle pour qu'ils puissent participer à mon cours.
— Nous pourrons parler de ça dans mon bureau, intervint le professeur McGonagall d'un air mécontent. Je vous rappelle que nous avons plusieurs affaires à discuter, nous n'avons pas de temps à perdre, Mr Potter.
— Excusez-moi, dit le père de Lily comme un élève prit en faute. Vous avez raison, allons-y...
Il salua rapidement Lily et les trois garçons, puis il suivit la directrice et le professeur Londubat.
— C'est génial que ton père vienne nous donner un cours particulier, dit Lysander en se tournant vers Lily. Son expérience d'Auror peut nous être vraiment utile pour nous préparer à affronter Ludwig.
— Je me demande ce qu'ils vont nous organiser, avec le professeur Crabow, ajouta Lorcan d'un air songeur.
Ils se rendirent tous les quatre dans la Grande Salle, où ils retrouvèrent Elizabeth. Ils lui répétèrent ce qu'ils venaient d'apprendre, ce qui parut la réjouir autant qu'eux. Ils mangèrent plus rapidement que d'habitude, impatients d'aller à leur cours de Défense Contre les Forces du Mal. Ils remontèrent ensuite dans la tour des Gryffondor pour aller chercher leurs affaires de cours, puis redescendirent devant leur salle de classe, où Aloys et Henry attendaient déjà en discutant. Kate et Mathilde ne tardèrent pas à les rejoindre à leur tour, et le professeur Crabow arriva à quatorze heures pile devant la salle.
— Bonjour à tous, leur dit-il sans ouvrir la porte. Aujourd'hui, nous allons faire cours dans la Grande Salle avec les Serdaigle. Je vous expliquerai sur place, suivez-moi.
— On va sûrement faire de la pratique, alors, dit Henry d'un ton joyeux.
Ils retournèrent dans la Grande Salle, où les Serdaigle les attendaient déjà avec Harry. Les tables des quatre maisons avaient disparu comme lorsque Hugo et Elizabeth avaient assisté à leurs leçons de transplanage avec le professeur McLaggen. La plus grande partie de la salle était désormais occupée par un rectangle délimité par un grillage, dans lequel se trouvait ce qui semblait être un parcours d'obstacles : Hugo aperçut des Chaporouges, des salamandres et d'autres créatures, ainsi qu'un marécage dans lequel devait sans doute se trouver des Strangulots.
— Parfait, dit Harry en les voyant arriver. Maintenant que vous êtes tous là, on va pouvoir commencer. Vous pouvez vous asseoir pour l'instant, si vous voulez.
Hugo s'aperçut qu'il désignait un banc se trouvant contre le mur en disant cela, et tous les élèves allèrent s'installer dessus. Harry jeta un regard au professeur Crabow, attendant sûrement qu'il le présente.
— Aujourd'hui, nous allons suivre un cours un peu particulier, commença celui-ci. Comme vous pouvez le voir, le directeur du bureau des Aurors, Mr Potter, est venu ici pour vous donner une leçon particulière. Les Poufsouffle et les Serpentard l'auront aussi à l'heure suivante. Je vais laisser Mr Potter faire le cours aujourd'hui, et je ne serai là que pour superviser. On pourra reparler de ce que vous avez appris aujourd'hui pendant nos prochains cours, évidemment. Maintenant, je lui laisse la parole.
Il fit signe à Harry de s'avancer vers les élèves et recula de quelques pas. Le père de Lily se racla la gorge, puis leur expliqua d'un air grave :
— Je pense que ce n'est un secret pour aucun d'entre vous que le monde actuel des sorciers est gravement menacé. Cette menace nous vient de Ludwig, un vampire diurne qui a rassemblé des partisans dans l'objectif de faire tomber notre gouvernement et de prendre le pouvoir. Je ne vais pas vous mentir ou embellir la vérité : Ludwig gagne en puissance de jour en jour et ses attaques se multiplient. Nous nous affaiblissons, et pas seulement au niveau des ressources : notre moral en souffre de plus en plus. Entre les morts retrouvés et les enlèvements, nous perdons des proches chaque jour.
Il marqua une pause pour les laisser assimiler ses paroles avant de reprendre :
— Tôt ou tard, nous devrons affronter Ludwig pour l'arrêter. Si nous voulons sauver le monde dans lequel nous vivons, ce combat sera inévitable. Tous les Aurors y participeront, mais ils ne seront jamais de taille face à l'armée de vampires diurnes de Ludwig. C'est pour ça que toutes les personnes majeures qui voudront prendre part au combat seront les bienvenues. Si je suis venu vous donner ce cours aujourd'hui, c'est parce que vous faites partie de ceux qui auront le droit d'aller combattre. Je ne cherche en aucun cas à vous inciter à le faire si ce n'est pas votre choix, mais je tiens à vous préparer à toute éventualité. Aucun de nous ne peut prédire ce qui arrivera, et peut-être que nous serons tous forcés de nous battre à un moment donné.
Hugo sentit que l'ambiance s'était alourdie dans la salle depuis que Harry avait commencé à parler. Les élèves affichaient tous des airs graves et sérieux, et sur le visage de certains se lisait la peur. Pourtant, Hugo voyait bien que, malgré cette crainte, chacun d'eux exprimait une détermination qui les annonçait prêts à se battre. Harry avait vraiment le don de motiver les gens à défendre ce à quoi ils tenaient. C'était un vrai leader, lui...
— Votre professeur de Défense Contre les Forces du Mal vous apprend déjà les bases de ce dont vous pourriez avoir besoin sur un champ de bataille, continua Harry. Il n'y a pas grand-chose que je puisse vous apprendre de plus que lui en une heure. C'est pour cela que j'ai prévu de vous mettre en situation réelle avec ce parcours.
Il leur désigna alors le rectangle entouré de grillage au milieu de la Grande Salle, et Hugo put cette fois apercevoir des lutins de Cornouailles qui voletaient sur une partie du terrain.
— Ceci est typiquement un parcours que les Aurors doivent passer en binôme avant d'être autorisés à aller sur le terrain, expliqua Harry. Le but est de réussir à traverser le terrain en éliminant tous les obstacles, ceci sans être blessé et avec un temps imparti. Des Aurors entraînés devraient être capables de le faire en moins de cinq minutes, mais comme vous n'avez pas reçu de formation, votre objectif à vous sera de le faire en moins de sept minutes. Comme je vous l'ai dit, ce parcours est à réaliser par deux : sur un champ de bataille, vos alliés vous sauveront la vie plus d'une fois, et vous leur rendrez la pareille. Vous devez être capables de travailler en équipe avec une bonne coordination, quelle que soit la personne avec qui vous vous trouvez. Mais évidemment, c'est souvent plus facile lorsque vous connaissez bien votre équipier.
Harry se tourna vers le professeur Crabow et l'interrogea :
— Je vous laisse faire les groupes ?
— D'accord, dit le professeur en hochant la tête avant de se tourner vers les élèves. Nous noterons le temps que chaque équipe aura mis pour réaliser le parcours, et nous vous ferons peut-être quelques commentaires sur ce que vous pouvez améliorer.
Sur ces mots, il commença à faire les équipes. Ils étaient quatorze élèves au total, ce qui faisait sept groupes à constituer. Lysander se retrouva avec Aloys, Elizabeth avec Michael, Henry avec Kate, Mathilde avec un garçon de Serdaigle, Lily avec Lorcan, et deux filles de Serdaigle que Hugo ne connaissait pas très bien se retrouvèrent toutes les deux, ce qui le laissait donc avec Clary Dayl.
— Très bien, dit le professeur en tapant dans ses mains. Mr Higgs et Miss Smith, vous passerez les premiers. Je tiens à vous préciser que le parcours sera différent pour chacun de vous, car vous déclencherez des sorts différents en fonction de là où vous marcherez. Il n'y a que les créatures magiques que vous aurez tous à affronter. Et entre chaque passage, on remettra tout le parcours à zéro pour qu'il reprenne sa forme de début.
Le professeur Crabow et le père de Lily allèrent s'installer devant le grillage tandis que Kate et Henry se préparaient à entrer sur le terrain.
— J'espère que ça va bien se passer pour eux, dit Aloys d'un air plutôt inquiet.
— Pour ce qui est du travail d'équipe, ils devraient s'en sortir, non ? dit Lorcan. Ils se connaissent depuis longtemps, quand même.
— Ça ne veut pas dire qu'ils auront la cohésion nécessaire pour réussir l'exercice, répondit Aloys. Je suppose que tu es content de t'être retrouvé avec Lily, toi, parce que...
Pendant un moment, Hugo crut voir Lorcan regarder Aloys comme s'il avait voulu lui envoyer un Cognard dessus. Celui-ci termina avec un grand sourire :
— ... vous avez l'habitude de faire équipe quand vous jouez au Quidditch.
— Euh... oui. C'est vrai que ça nous avantage, marmonna Lorcan.
Il s'avéra que l'exercice était encore plus dur qu'il ne le paraissait : Henry et Kate ne parvinrent même pas à le terminer, finissant tous les deux touchés par un des sortilèges qu'ils avaient déclenchés. Ce fut ensuite le tour des deux filles de Serdaigle. Elles réussirent à terminer le parcours, mais en huit minutes au lieu de sept, et sans avoir combattu toutes les créatures du parcours. Lysander et Aloys passèrent après elles, et ils furent les premiers à réussir l'exercice correctement, en réalisant un score de six minutes et dix-sept secondes. Alors que Mathilde et le garçon de Serdaigle entraient sur le terrain, Clary s'approcha de Hugo pour lui parler.
— Ça fait longtemps qu'on n'a plus fait équipe, tous les deux. Tu te rappelles quand on s'entraînait au Sortilège d'Impervius ?
— Quand ça ? s'étonna Hugo, qui n'avait aucun souvenir d'avoir déjà fait équipe avec la Serdaigle.
— En troisième année, lui rappela-t-elle. On devait s'entraîner par deux et on s'était retrouvés ensemble. Tu ne t'en souviens pas ?
— Euh... non, avoua Hugo.
— C'est vexant, dit Clary d'un ton boudeur. Moi, je m'en souviens très bien, parce que c'est sûrement la première fois que nous nous sommes vraiment adressés la parole. Je n'oublie jamais mes premières conversations avec quelqu'un !
Hugo n'avait visiblement pas la mémoire de la Serdaigle, car il dut se remuer les méninges avant d'avoir un vague souvenir du moment auquel Clary faisait allusion. Mais à ses yeux, ça remontait à une éternité !
— Je me souviendrai sans doute mieux de notre exercice d'aujourd'hui, dit-il en faisant un signe de tête vers le parcours. Si on en ressort en un seul morceau...
— Voilà qui est très encourageant, dit Clary en fronçant les sourcils. En même temps, je ne suis pas plus optimiste que toi. Je tiens à te préciser que je suis nulle en Défense Contre les Forces du Mal, alors je m'excuse d'avance si on ne finit pas le parcours dans le temps imparti.
— Je serais déjà très heureux si on arrive au bout, dit Hugo en soupirant.
Mathilde et le garçon de Serdaigle terminèrent l'exercice en presque neuf minutes, mais en ayant neutralisé tous les obstacles.
— Mr Weasley, Mrs Dayl, c'est à vous, les appela le professeur Crabow.
— Bonne chance Hugo, lui dit sa cousine d'un ton encourageant.
Hugo ressentit une bouffée d'appréhension l'envahir, comme lorsqu'il s'apprêtait à faire un examen auquel il savait déjà qu'il allait échouer (petit souvenir de l'épreuve de Potions aux BUSEs). Il passa la porte qu'il y avait dans le grillage et se retrouva sur le terrain avec Clary.
— Vous êtes prêts ? leur demanda Harry.
Ils hochèrent tous les deux la tête en levant leurs baguettes. Le professeur Crabow démarra un Chronosablier tout en disant :
— C'est parti !
Hugo fit un pas en avant et le regretta aussitôt : cela avait suffi à déclencher le premier sort et il baissa la tête juste à temps pour éviter un jet de lumière rouge qui correspondait sûrement à un Sortilège de Stupéfixion.
— Ça commence bien, marmonna-t-il pour lui-même.
— Chaporouge, dit soudain Clary en pointant du doigt la créature qui se dirigeait vers eux.
Hugo grimaça, dégoûté par l'aspect de la créature qui ressemblait à un gobelin avec des verrues sur tout le visage.
— Incarcerem ! dit-il en pointant sa baguette sur lui, faisant jaillir des cordes tout autour de son corps pour le ligoter.
La Chaporouge tomba par terre en se débattant, neutralisé. Mais en faisant ça, il déclencha de nouveaux sortilèges qui obligèrent Hugo et Clary à se déplacer, entraînant d'autres sorts en chaîne. Après cela, ils n'eurent donc plus d'autres choix que d'avancer pour les éviter. Tout en lançant le Charme du Bouclier tout autour de lui chaque fois qu'un sortilège s'apprêtait à l'atteindre, Hugo se dirigea vers l'endroit où se trouvaient les lutins de Cornouailles. Il n'était pas près d'oublier la formule pour les faire disparaître, étant donné l'importance que son contre-sort avait eu pour eux lorsqu'ils avaient combattu Rabastan Lestrange en première année :
— Mutinlutin Malinpesti, dit-il en pointant sa baguette sur l'un d'eux.
Mais à la place de n'en faire disparaître qu'un, ce furent tous les lutins qui étaient autour de lui qui disparurent suite à son sort. Hugo fut un moment étonné, puis se rendit compte que c'était sûrement dû au développement de ses pouvoirs depuis la première année. Trop occupé à constater cela, il ne remarqua pas que des racines venaient de surgir à ses pieds et commençaient à remonter le long de son corps pour le ligoter. Il commença à se débattre, mais une racine lui arracha sa baguette des mains et la projeta quelques mètres plus loin.
— Euh... Clary, tu peux m'aider ? dit-il d'une petite voix en essayant d'attraper sa baguette.
Il tourna la tête en arrière au maximum pour apercevoir la Serdaigle, qui était en train d'arroser des salamandres d'eau pour les mettre hors d'état de nuire. Elle se retourna vers lui et écarquilla les yeux en voyant la situation dans laquelle il se trouvait.
— Filet du diable, dit-elle pour elle-même en le rejoignant à grands pas. Il faut du feu.
Elle avait les sourcils froncés et semblait réfléchir tellement vite que Hugo fut surpris de ne pas voir le feu dont elle parlait jaillir de son cerveau. Elle lui jeta un Sortilège de Gèle-Flamme afin que le feu ne puisse pas le brûler, puis pointa sa baguette sur le pied des racines en prononçant :
— Incendio !
La plante commença aussitôt à se recroqueviller, et Hugo n'attendit pas plus longtemps pour se libérer de ses liens et récupérer sa baguette.
— Merci, dit-il à Clary tandis qu'ils arrivaient devant le marécage.
Celui-ci leur barrait la route sur plusieurs mètres, ce qui voulait dire qu'ils devaient soit marcher dedans, soit sauter par-dessus pour arriver de l'autre côté. Dedans, Hugo pouvait voir deux Strangulots qui s'agitaient et semblaient attendre avec impatience de pouvoir les manger. Il vit Clary faire un pas en avant pour mieux les observer, le front plissé de concentration. Il se rendit compte qu'elle lui rappelait énormément Lysander, qui faisait exactement les mêmes expressions lorsqu'il réfléchissait. Il vit soudain un éclair de lumière violette apparaître près d'elle, et il la tira en arrière juste avant qu'il ne l'atteigne.
— Merci, dit-elle en le regardant avec surprise, comme si elle ne s'attendait pas à ce qu'il lui vienne en aide.
— Comment on traverse ce marécage ? demanda Hugo en observant les Strangulots. Si on avait un balai, on pourrait voler par-dessus...
— Pas besoin de voler, dit Clary en pointant sa baguette sur les créatures aquatiques. Je leur lance un Maléfice de Répulsion pendant que tu traverses, et une fois que tu seras de l'autre côté, tu feras de même pour moi. D'accord ?
— Ça marche, dit Hugo en s'avançant dans le marécage.
Il se demanda s'il avait raison de faire aveuglément confiance à la Serdaigle, mais il n'avait pas d'autres choix, de toute façon. Comme l'avait dit son oncle, ce parcours devait être réalisé en équipe, ce qui impliquait qu'ils aient confiance l'un envers l'autre.
— Lashlabsak ! dit Clary derrière lui.
Il vit les deux Stangulots être projetés à l'autre bout du marécage, lui laissant la voie libre pour traverser. Clary les retint jusqu'à ce qu'il fût arrivé de l'autre côté, puis Hugo prit sa relève pendant qu'elle le rejoignait. Mais à un moment, l'un des Stangulots faillit se délivrer de l'emprise de son sort, et Hugo dut faire un pas sur le côté pour le maintenir plus facilement loin de Clary. Malheureusement, il déclencha un sort en faisant ça et un jet de lumière verte fusa du sol à sa droite. Comme il était occupé à retenir les Stangulots, il dut regarder le sort se diriger vers lui, impuissant. Alors qu'il croyait qu'il allait le recevoir de plein fouet, un bouclier apparut devant lui. Surpris, il tourna la tête vers Clary et vit que c'était elle qui l'avait fait apparaître tout en traversant le marécage. Lorsqu'elle l'eut rejoint, Hugo relâcha son sort sur les Strangulots et la remercia à nouveau.
Après cela, ils parvinrent à faire le reste du parcours sans rencontrer de trop grandes difficultés. Hugo eut le déplaisir de revoir des crabes de Feu, et Clary neutralisa des Pitiponks toute seule de son côté. Ils durent affronter un mannequin ensorcelé qui se comportait comme un adversaire en leur lançant des sortilèges formulés, cette fois. Hugo se retrouva désarmé face à lui, mais parvint quand même à l'arrêter en faisant léviter une pierre pour qu'elle le frappe à la tête, lui laissant le temps de récupérer sa baguette et de lui lancer le Maléfice du Saucisson.
— Comment tu as fait ça ? demanda Clary en regardant la pierre d'un air sidéré.
— Sortilège informulé, répondit-il en adoptant sans s'en rendre compte sa façon de parler sans faire de phrases.
— Mais tu n'avais pas ta baguette...
Elle parut se rendre compte que ce n'était pas le moment de poser des questions lorsque Hugo commença à être attaqué par des Doxys (des sortes de fées mordeuses). Elle leur jeta un Sortilège de Disparition, les faisant réapparaître à l'autre bout du terrain à la place. Hugo s'avança donc vers la dernière épreuve du parcours, une armoire dans laquelle il devait probablement y avoir un épouvantard. Pensant qu'il allait retomber sur la boîte à musique qui lui était apparue quand il était en troisième année, il ouvrit l'armoire avec le Sortilège de Déverrouillage, sans appréhension. Sauf qu'il ne se retrouva pas face à une jolie petite boîte à musique.
Il se retrouva face à Ludwig.
Oubliant que le reste de la classe assistait à toute la scène, Hugo poussa un juron. Sa mère aurait sûrement été outrée en l'entendant, mais il était trop en colère contre lui-même pour se contrôler. Comment est-ce qu'il avait pu ne pas se préparer à ça ? C'était évident que Ludwig était ce qui l'effrayait le plus au monde. Il l'avait vu tuer la mère d'une de ses amis d'une seule main, en les retenant de l'autre !
— Tu veux que je t'aide ? lui demanda soudain Clary, lui rappelant qu'il était toujours observé par le reste de la classe, son oncle et le professeur Crabow.
Clary lui avait posé la question avec une drôle d'intonation dans la voix. On aurait dit qu'elle lui demandait s'il voulait affronter sa peur maintenant ou s'il préférait qu'elle passe devant lui pour s'occuper elle-même de l'épouvantard.
— Non merci, je vais le faire, répondit Hugo d'un ton déterminé.
Face au véritable Ludwig, il n'aurait probablement eu aucune chance. Mais là, il devait être capable d'affronter l'image de la peur qu'incarnait le vampire à ses yeux et de la neutraliser. Il ferma les yeux, puis prit un moment pour se concentrer, sans se soucier du temps qui continuait de s'écouler.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, il était prêt. Il pointa sa baguette sur Ludwig, qui avançait vers lui avec la même expression au visage que lorsqu'il avait tué Ella.
— Riddikulus ! s'écria-t-il en fermant son esprit à toutes les émotions liées à la peur qui influaient en lui.
Des moustaches commencèrent alors à pousser sous le nez de Ludwig, tombant autour de sa bouche comme un fer à cheval. Elles continuèrent de grandir à une vitesse hallucinante, jusqu'à ce que Ludwig finisse par se prendre les pieds dedans et s'écroule au sol. Hugo s'avança pour donner un coup de pied à l'épouvantard et le projeter dans son armoire, qu'il referma aussitôt.
— Fini ! annonça le professeur Crabow en regardant le Chronosablier. Excellent, vous avec mis six minutes et deux secondes. Vous pouvez sortir du terrain.
— Vous avez fait du très bon travail, les félicita Harry. Vous n'étiez pas très coordonnés au début, mais à partir du marécage vous vous êtes améliorés. Bravo !
— Je suis soulagée que ce soit fini, dit Clary tandis qu'ils allaient rejoindre les autres élèves et que le professeur Crabow demandait à Lily et Lorcan de se préparer à entrer sur le terrain.
— Moi aussi, renchérit Hugo. Je suis désolé d'avoir mis du temps avec l'épouvantard. Je crois que j'avais vraiment besoin de l'affronter...
— Ne t'inquiète pas, je comprends, dit Clary en le regardant d'un air sérieux. Je trouve ça très courageux de ta part de ne pas avoir reculé. Tu es un véritable Gryffondor.
— Merci, dit-il en souriant. Et toi, tu as fait preuve de beaucoup d'intelligence et de sang-froid. Tu es une vraie Serdaigle !
La jeune fille le remercia d'un sourire et ils retrouvèrent leurs amis pour regarder Lorcan et Lily passer.
— Bravo, lui dit Lysander en lui donnant une tape sur l'épaule.
— Aïe, gémit Hugo. Pourquoi est-ce que tu me frappes ?
— Désolé, dit Lysander d'un air embarrassé. Lorcan m'a fait ça lorsque j'ai terminé mon parcours, et par réflexe je l'ai imité. Mais j'ai peut-être été trop violent...
— Ou bien c'est Hugo qui est trop fragile, plaisanta Elizabeth.
— Hé, je viens d'affronter des lutins de Cornouailles, des Strangulots, un mannequin ensorcelé et un épouvantard terrifiant, répliqua-t-il. Tu devrais me montrer un peu de respect, quand même !
— Par la barbe de Merlin, lâcha Elizabeth en écarquillant les yeux.
— Oui je sais, c'est assez impressionnant dit comme ça, mais c'est pourtant...
— Non, pas ce que tu viens de dire, le coupa Elizabeth en lui donnant un coup de coude. Regarde Lorcan et Lily !
Hugo reporta son attention sur le terrain, où leurs deux amis venaient d'entrer. Enfin... ils y étaient entrés il y a moins d'une minute, c'est vrai, mais ils avaient déjà parcouru une distance considérable. Elizabeth attirait l'attention de Hugo sur ce que Lorcan venait de faire pour détruire le Filet du diable : il avait appliqué un Sortilège de Transfert sur toutes les salamandres pour les faire réapparaître à l'endroit où se trouvait la plante. Comme ils étaient en feu, ils la détruisirent eux-mêmes sans que Lorcan ait besoin de faire quoi que ce soit d'autre. Pendant ce temps, Lily avait neutralisé les lutins de Cornouailles avec la même formule que Hugo et propulsé le Chaporouge dans le marécage, qui se débattait désormais avec les Strangulots pour remonter à la surface.
Hugo ne comprit pas exactement tout ce qui se passa ensuite. À vrai dire, il aurait été incapable de dire qui avait lancé quel sort tellement ses deux amis agissaient rapidement et de façon synchronisée. Qui lançait quel Charme du Bouclier pour protéger qui, c'était une question à laquelle il ne pouvait pas répondre.
Ils transformèrent l'eau du marécage en glace et le traversèrent en glissant tranquillement au-dessus des visages hargneux et figés des Strangulots et du Chaporouge. Lorcan utilisa l'eau du marécage fondue pour arroser les crabes de Feu et Lily coinça les Pitiponks dans leurs propres lanternes en inversant leur place avec la flamme. Ils mirent ensuite rapidement le mannequin ensorcelé hors d'état de nuire. Mais en faisant ça, ils déclenchèrent par accident un Sortilège de Terrassement qui créa une fosse leur bloquant la route de la suite du parcours. Lily utilisa alors un Sortilège de Lévitation sur le mannequin inanimé et le plaça au-dessus de la fosse. Lorcan put ainsi sauter dessus pour atteindre l'autre côté en deux bonds. Il retint ensuite le mannequin pour que Lily puisse passer à son tour. Mais, alors qu'elle venait d'atterrir dessus, des Doxys commencèrent à se diriger vers Lorcan. Lily fit un nouveau bond et, tout en étant en suspension dans les airs, elle fit apparaître une pluie de flammes qui s'abattit sur les Doxys, les mettant tous hors d'état de nuire. Elle atterrit à côté de Lorcan qui la tira par le bras pour lui faire éviter un sort qui avait surgi derrière elle. Ils étaient à présent face à l'armoire de l'épouvantard, et Lily s'avança vers elle après avoir échangé un regard avec Lorcan, comme s'ils s'étaient mis d'accord avant pour que ce soit elle qui l'affronte. Hugo frissonna à nouveau de dégoût en voyant Ombrage apparaître, l'épouvantard de sa cousine, mais ressentit une certaine satisfaction lorsqu'elle la transforma en crapaud avant de la renvoyer dans l'armoire.
— Incroyable, dit le professeur Crabow en regardant le Chronosablier. Vous avez fait le parcours en cinq minutes tout pile ! C'est à la hauteur des Aurors entraînés de votre père, Miss Potter.
— Oui, c'était excellent, approuva Harry en regardant sa fille avec fierté. Vous avez fait du bon travail, tous les deux.
— Vous imaginez un peu ce que ça aurait été s'ils avaient pu se transformer en Animagi et si Lorcan avait eu ses potions, dit Elizabeth d'un air pensif. Lorcan aurait neutralisé toutes les créatures avec son gaz stupéfixiant, et Lily aurait traversé tout le terrain en un clin d'œil sous sa forme de guépard, sans laisser le temps aux sortilèges de l'atteindre.
— C'est vrai, ils sont géniaux, mais en attendant, c'est à ton tour de passer, lui rappela Hugo.
— Bonne chance, dit Lysander en embrassant Elizabeth sur la joue pour l'encourager.
Celle-ci se dirigea sur le terrain avec Michael, tous les deux n'ayant pas l'air très rassurés. Hugo s'aperçut que Lysander et Clary faisaient exactement la même tête en les regardant commencer le parcours.
— J'espère que ça va bien se passer pour eux, dit Lily en les rejoignant avec Lorcan.
— -Vous avez assuré, tous les deux, les félicita Hugo. Mais à quel moment tu as appris à faire pleuvoir du feu, Lily ?
— Au moment où j'ai appris à faire flamber de l'eau, plaisanta-t-elle.
— Et toi Lorcan, depuis quand est-ce que tu sais faire des Sortilèges de Transfert sur plusieurs salamandres en même temps ? demanda Lysander en détachant rapidement son regard du terrain sur lequel Elizabeth venait d'entrer avec Michael. C'est un sortilège de métamorphose, et tu détestes cette matière.
— Mais j'adore les salamandres, répondit Lorcan en souriant. Alors ça compense...
Lysander n'eut pas l'air convaincu par son argument, mais il reporta à nouveau son regard sur le parcours. Malheureusement, l'épreuve ne se déroula pas aussi bien pour Elizabeth et Michael : ils se débrouillèrent très bien jusqu'au moment d'affronter le mannequin, où Michael finit par être stupéfixié. Elizabeth n'eut pas le temps de le ranimer, car elle fut mordue par un Doxy, ce qui obligea le professeur Crabow à mettre fin à l'épreuve pour qu'il puisse lui donner un antidote luttant contre le venin de la créature.
Harry et le professeur Crabow les félicitèrent tous pour leurs performances, puis mirent fin au cours. Lily alla rapidement dire au revoir à son père avant qu'ils ne se rendent en Métamorphoses, puisqu'il repartirait directement après avoir donné son cours aux Poufsouffle et aux Serpentard. Hugo l'accompagna pour charger son oncle de messages pour ses parents et sa sœur.
— On se reverra à Noël ? demanda Lily à son père.
— Si tout se passe bien, oui, approuva-t-il. Nous vous préviendrons à l'avance s'il y a un imprévu, de toute façon. Jusque-là, soyez bien sages et faites attention à vous !
— Toi aussi, répondit Lily. Et dis bonjour à maman, James et Albus de ma part.
— Bien sûr, dit Harry avant de la serrer dans ses bras.
Sur ces mots, Lily et Hugo quittèrent la Grande Salle pour se rendre en cours de Métamorphoses avec Lysander et Elizabeth.