Chapitre 2: Les enfants du désespoir

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Ce moment de suspend temporel ne s'éternisa pas. unMarianne se reposa quelques semaines dans la chaleur sophistiquée du manoir. Le Comte veillait lui même a prendre soin de Marianne, il rejoignait le domestique Romuald dans la chambre aux heures de toilette. Il congédiait le jeune homme, attendait le claquement de porte pour faire tomber son masque social. Ainsi, il laissait ses yeux s'ouvrir grand comme pour capter encore plus de ce moment privilégié. Son regard devenait comme deux grands hublots humides contenant des syphons au milieu de l'océan. Chaque fois, le bel homme s'abandonnait a ses émotions, tombait sous hypnose de cette femme qui ose. Le silence remplissait l'air de la pièce chargé en intensité. 

Un fil invisible tenaient les deux coeurs de chacun.  L'un en bas de la pyramide social dans le monde, en haut des hommes dans la foret. L'autre règnant au milieu des plus puissants des hommes du monde, infiniment minable au coeur de la nature.  

Chacun admirait chez l'autre des talents qu'ils n'auront peut être jamais. Marianne mettait sur un haut piédestal son ancien Maître, car il est bien né.  Le Comte était supéfait du courage, de la résilience de cette bonne devenue a ses yeux créature des bois.  

Des heures s'écoulait face a face, bouches cousues, et regards qui pleurent leur amour qui se dit crime. Ils plongeaient leurs yeux dans l'un et l'autre pendant des secondes par milliers qui n'étaient jamais assez. Marianne comprenait, ressentait le Comte jusqu'aux tréfonds de son âme. Elle entendait ses pensées les plus complexes, ressentait sa joie de la retrouver. 

Leurs deux âmes fusionnaient, iris bleu visite iris vert, l'océan vient a la forêt. La compréhension était si simple naturelle et belle. Aucun mot n'était nécessaire.  

Cette bulle de volupté venait a se briser souvent par un évènement extérieur, comme quelqu'un qui jaloux de ne pas y être invité perçait d'une aiguille cette enveloppe tranquille. 

Marianne n'était pas la Marianne d'autrefois, elle était devenue cette mère louve. Elle a senti l'odeur de la mort la réveiller chaque matin. Elle sait ce qu'est le danger qui menace son souffle de vie a chaque instant. Ainsi elle se laissait flotter dans le bleu ciel de cette chambre d'amis, partait en aventure dans les tempêtes d'émotions tapissant le fond des yeux du Comte.  

Son enfant avait chaud, le ventre plein, et baignait dans une atmosphère d'amour, celui de ses deux parents.  Marianne ne souffrait plus de l'irrémédiable obsession de toucher les lèvres du comte avec les siennes. Elle plongeait dans l'infini de son regard et y trouvait de bien meilleurs délices. Elle avait le sublime sentiment d'être accueillie au paradis c'était bien mieux. Elle avait gagné le droit a une seconde vie.  

Elle était protégée de la colère froide des Clairetonnerre par un manteau de tissu de mensonges épais tricoté par la peur de sa mère d'être découverte. 

Le soleil pouvait se mettre a bouillir, le vent pouvait souffler de toute ses forces, la pluie s'abattre sur elle, elle devait porter cette lourde laine toute sa vie. 

Parfois, Jeanne s'amusait a le retirer devant son frère Donatien, simplement pour ressentir le poids de la légèreté d'être honnête. Sa joie éclatait puis elle l'a recouvrait dans cette vielle étoffe. On apercevait parfois la couleur de la vérité a travers les fils de laine las de cacher un secret si étouffant. Se couvrir de mensonges dans ce manteau de cuir de bétail à l'odeur de brebis affamée était la garantie de sa survie au manoir.   

La laine était faite d'une histoire aussi bien possible que vraiment malheureuse. 

Le jour de sa disparition , elle était partie chercher des champignons en foret, des belles cèpes pour faire une poêlée pour fêter la venue de l'automne. Elle était partie gaie, et optimiste mais surtout seule s'enfoncer dans les bois aux feuilles crépitantes sous ses pas. Elle pensait s'être trompé sur la venue des cèpes car elle n'en vi aucune. Le jour tombait, l'air se rafraichissait et elle n'avait aucune idée ou elle pouvait bien être. . Elle entendit des roues d'un carrosse rouler bruyamment dans les allées, elle courra et libera la puissance de sa voie pour arrêter le cocher. 

Elle ne put s'empêcher de leur détailler toute son après midi. Deux hommes barbus en vieux cuir lui trouveront toute réponse. Ils connaissaient un endroit ou cueillir des cèpes déjà sorties de terre. Ils lui promirent de l'y emmener le lendemain et lui proposèrent de l'héberger cette nuit.  

Elle sauta dans le carosse, imagina le comte si soulagé de la retrouver puis elle  songea aux félicitations qu'elle recevra pour ses cèpes. Enfin son esprit se réfugia dans le chemin des fantasmes qu'elle connait si bien. La calèche s'arrêta brusquement et l'extirpa de ses rêveries. 

Son corps était tout engourdi, froid. Elle avait peur de tomber malade. Les hommes lui ouvrirent la porte lourde en bois d'une bâtisse en pierre grise au milieu de la foret. Il s'agissait d'une auberge pour les voyageurs, deux géantes torches étaient accrochées a droite et gauche de l'entrée. Elle se fit bousculer a l'intérieur, ou le calme disparu en un instant pour laisser place a une cacophonie festive. Des voix d'hommes de femme grondaient en coeur au milieu du fracas des choppes en metal, qui s'entrechoquaient. 

De longues tables en bois salies par la bière et le vin occupaient toute la taverne, dont le plafond était arqué comme une cave de vignerons. L'air était rance et multiple,  l'humidité de la pierre, les alcools, ces gens qui ont chauds, l'huile qui brulaient les torchons de par et la. 

On la fit s'assoir, on lui servi du vin rougeâtre, de la bière sans mousse. On lui parlait, la bouche pleine, les dents sales quand il en restait toute dehors par un sourire. Elle ne comprenait pas souriait poliment. Elle se pensait parachutée dans un monde qui n'est pas le sien mais qui risquait de le devenir si elle ne retrouvait pas ses maîtres adorés.  

Elle se souvient avoir vu des silhouettes masculines et trapues se bousculer gaiement au rythme de l'accordéon qui ne jouait plus juste. La fin. C'est son dernier souvenir. Elle a eu la sensation de se faire porter dans une descente qui tourne indéfiniment. Ses oreilles lui rappellent de bruits de pas qui résonnent comme dans une église avant la messe.  

Enfin elle sort de son hypnose, son corps lui fait mal. Elle se sent raide comme un morceau de fer usé. Elle sent avec sa main droite qu elle est simplement allongée sur une planche humide en bois. Elle ouvre brutalement ses yeux, impatiente de voir ou elle se trouve. Elle était dans une quasi totale obscurité, elle percevait a peine la taille de la pièce, ou les murs se trouvaient. 

Elle se dit pendant un moment qu'elle était morte d'ivresse. Finalement, elle doit se trouver au purgatoire dans la salle ou on l'a fait patienter. Elle se rendormit,  étourdie par ses suggestions sans réponse.   

Elle fît un doux rêve ou le comte venait une fois de plus la visiter pendant son sommeil. Ces fois ou il la déshabillait délicatement en retenant son souffle pour ne pas la réveiller. Elle quittait ses rêves car elle sentait un souffle frais sur sa peau dénudée. Elle sentait l'odeur musquée du comte et vit ses grands yeux bleus gourmands s'éclairer. Ses doigts jouaient doucement avec son corps comme du plus précieux des instruments. Marianne s'éveillait  petit a petit, se tordant de plaisir au gré des notes que faisaient sonner son maître.  

Enfin,  impatiente de désir, elle se releva brutalement  pour porter ses lèvres a celles du Comte. 

Son mouvement se figea net dans l'espace, l'âme voulue n'était pas dans la pièce et encore moins dans ce corps d'homme qui la touchait et voulait certainement lui jouer un morceau de flute traversière bien trop court a son gout.   Elle n'osait pas ouvrir les yeux dans le refus d'affronter le réel rustre et laid. Elle forca ses paupières a cloisonner ses yeux de toutes ses forces. Puis d'un battement de cils les ouvrit en grand panorama. 

Elle ne vit que deux énormes  globes bleus gonflés d'eau vaseuse et de  filaments verts fluorescents comme électrifiés briller au milieu de l'obscurité totale. Elle voulu hurler de sa voix avait été capturée par son songe alors elle hurla de ses tripes de son intérieur afin de se faire entendre par personne tout en étant au centre de son cauchemar. Le propriétaire des yeux flottant dans le noir, l'entoura de ses puissants bras  en chuchotant des petits bruits ridicules pour calmer les nourrissons. Marianne tremblotait en silence comme un oisillon apeuré. Elle était embuée par son odeur rance d'homme au travail physique, les relands de liquide alcoolisé s'échappaient entre ses dents qu'on imaginait noircies par son régime composé de gibier cru et de légumes a racine trop jeunes. 



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⏰ Dernière mise à jour : Oct 21, 2021 ⏰

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