J'entrebâillai donc un peu la porte pour jeter un coup d'œil au couloir et y trouvai un homme de taille moyenne, coupe classique noire et sourire avenant. Il portait aussi un énorme sac à dos.

« Oui ? » demandai-je, méfiante.

Jamais vu de ma vie. Pitié que ce ne soit pas le psychopathe que j'imaginais quelques instants auparavant.

« Excusez-moi... » commença-t-il. « J'ai frappé à tous les étages mais on dirait qu'il n'y a personne. »

Je hochai la tête mais restai derrière la porte, prête à la refermer à la moindre embrouille.

« C'est le bâtiment résidentiel le plus proche de la gare. » continua-t-il son explication. « Je me suis assoupi en attendant ma correspondance et on dirait bien que je l'ai loupée. Le problème c'est que je n'ai pas trouvé l'heure du prochain passage sur les dépliants et que la gare est complètement déserte, personne au guichet. Et évidemment, je n'ai plus de batterie pour regarder sur internet. » finit-il, un peu gêné en me montrant son téléphone.

Je jetai un coup d'œil au mien, de portable. 17h05. Il pouvait bien attendre, tiens.

« C'est pas une gare très fréquentée. » lui appris je. « Il n'y a plus de trains qui s'arrêtent après 17h. »

Bah oui. On avait vu sur les rails depuis la fenêtre de l'appart, même s'ils étaient en parti masqués par une rangée d'arbre censé les dissimuler. Pas très efficace en hiver. Dans tous les cas, il n'y avait pas beaucoup de trains qui passaient par ici et encore moins qui s'arrêtaient.

« Oh. Alors est ce qu'il y a une gare routière pas loin ? » se renseigna-t-il.

Je ne pus m'empêcher de laisser échapper un petit rire ironique.

« Les transports en communs ne fonctionnent même pas pendant les fêtes. »

Il grimaça.

« Mince... Je suppose que c'est mort aussi au niveau des taxis ? » demanda-t-il pour être sûr.

Son visage exprimait clairement le fait qu'il avait abandonné l'idée avant même de la formuler.

Je hochai la tête, dépitée pour lui. Il était assez clair qu'il n'arriverait pas à destination aujourd'hui.

« Bon ben... Merci quand même. » me sourit-il. « Je suppose qu'il ne me reste plus qu'à trouver un Starbucks ou un McDo, histoire de passer la nuit au chaud. Bonne soirée ! »

Je le vis faire demi-tour vers l'escalier. Comme s'il y allait avoir un ascenseur dans ce bâtiment.

J'aurais pu fermer la porte et clore l'incident mais... Je suis sans doute trop gentille.

« Il n'y a rien d'ouvert un 24 décembre dans cette ville. » l'avertis-je, alors qu'il allait emprunter l'escalier.

Et oui... Pas assez de monde pour laisser les grandes enseignes ouvertes dans ce bled paumé. T'as pas de famille ? Pas d'amoureux ? Tu pars pas passer les fêtes ailleurs ? Tant pis. Reste chez toi. Pas que moi ça m'importe beaucoup vu que je n'ai absolument aucune envie de fêter tout ça. Mais je ne vais quand même pas laisser quelqu'un à la rue la nuit alors qu'il neige. J'aime pas Noël mais je suis pas un monstre.

Lui, il s'était arrêté au bord de l'escalier, un pied dans le vide, visiblement en pleine réflexion.

« Je trouverai bien... » finit-il par dire.

Ah. Il n'avait pas compris ma proposition. Sans doute trop implicite.

« A part le hall de gare plein de courants d'air, je ne vois pas trop. » lui fis-je remarquer.

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