Chapitre XIV - Le démêlage catastrophique

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La nuit fut atroce pour Aurore. Ce n'était pas le froid. Ce n'était pas les courbatures. Ce n'était pas non plus la peur que quelque chose arrive à quelqu'un qu'elle aimait. C'était l'atrocité de ses pensées et de ce qu'elle avait fait. Et dès qu'elle voyait le visage de Michael apparaître dans sa tête, elle avait envie de vomir. Quand elle pensait aux lèvres de son ami sur les siennes, son corps frémissait. Elle n'était pas concentrée, et s'il y avait eu une attaque au moment où ses pensées l'obnubilait elle aurait été incapable ni de se battre, ni de protéger quelqu'un.

Elle n'avait pas arrêté le baiser. Michael s'était éloigné, l'avait regardé avec un air entendu, et était parti, la laissant vacillante, chutant les deux pieds joints dans la pente glissante qu'ils avaient empruntés quelques instants auparavant. Elle était restée seule, seule avec sa culpabilité grandissante, avec son dégoût d'elle-même. Elle était en colère, autant en colère contre Michael que contre elle-même. Il ne l'avait pas respecté. Il n'avait pas respecté son choix.

Et elle non plus.

Oh, il aurait été idiot de sa part de ne pas s'avouer qu'une infime part d'elle aurait aimé avoir la possibilité de donner une chance à Michael. Il aurait été idiot de ne pas se rendre compte que malgré tout l'amour qu'elle portait à Fred, elle attendait quelque chose de plus. Elle attendait plus que les discussions autour de l'Ordre, que les angoisses qui les tiraillaient tous les deux et les éloignaient de ce qu'ils étaient vraiment. Fred et Aurore. Aurore et Fred. Le couple le plus antithétique et le plus fusionnel qui existait. Où était passée la fusion? Où était passé ce frémissement dans sa peau? Avait-elle du mal à s'habituer à ce que ça signifiait d'être en couple avec quelqu'un depuis plus de deux ans? Avait-elle du mal à laisser partir les papillons dans son ventre, avait-elle du mal à se renouveler elle aussi?

Et elle n'en avait même pas parlé à Fred. Elle aurait pu discuter de cela avec lui. De cette routine qui tuait leur essence petit à petit. Mais elle avait laissé coulé, elle s'était laissée porter par tout ce qui leur arrivait sans penser arriver un jour à cette croisée de chemin, ce moment fatidique où elle devait choisir ce qui était bon pour elle, et non plus ce qui était bon pour la norme.

Avec Fred, elle était sûre et certaine que ça durerait - toute la vie, elle n'en avait jamais douté. Incroyable, mais Fred était le long fleuve tranquille, Fred c'était l'apaisement, la sécurité d'être aimée.

Michael était bancal. Michael voulait ce qu'Aurore appelait un partenariat, rien de romantique ne pourrait en sortir. Mais il était la nouveauté, et il était celui qui la courtisait, qui la faisait se sentir désirée.

Mais elle préférait ne pas se sentir désirer et se sentir apaisée auprès de Fred. Elle préférait entrelacer ses doigts à ceux du rouquin et regarder des paysages d'Ecosse s'étendre à perte de vue sous leurs pieds. Elle savait que Michael la faisait douter de ce qu'elle voulait vraiment au fond d'elle, mais l'idée même de quitter Fred lui bloquait la respiration, comme si elle se noyait.

Bon sang, pourquoi s'était-elle laissée emporter? Elle aurait pu juste le repousser, se mettre en colère, et elle n'aurait pas eu de raison de se sentir coupable. Que devait-elle faire à présent? Ne rien dire, laisser ses doutes s'estomper peu à peu, ou au contraire tout avouer et prier pour qu'il lui pardonne? Elle sentait qu'un baiser, il était capable de le pardonner. Mais un baiser suite à des doutes, en serait-il vraiment capable? Il avait déjà tout donné pour elle, ne serait-ce pas de trop? Elle secoua la tête en se disant que non, il serait capable de comprendre. Lui aussi avait sûrement douté, qui ne doutait pas dans une relation? Personne. Personne ne doutait jamais. Oui, elle allait lui dire. Il comprendrait, il l'avait toujours comprise. Ce serait difficile, il allait se fâcher, mais il comprendrait. Il lui ferait comprendre aussi qu'il était blessé pendant plusieurs jours, voire semaines, mais elle allait se montrer irréprochable. Elle ne sortirait plus avec Michael, elle ne lui parlerait plus que du boulot - de toute façon, il ne méritait que ça. Elle montrerait à quel point il l'aimait, et il finirait par lui pardonner cet écart. Car ce n'était qu'un écart. Rien de plus.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 04, 2020 ⏰

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