Les mysteres du Bois Willow

Chapitre 24 - Seconde tentative

La jeune femme fit quelques pas dans la chambre et croisa ses bras. Son regard parcourait les murs tristes de la pièce puis il s'arrêta devant la fameuse commode à souvenirs. Abril... pensa Haru en fermant ses yeux. Te me manques tellement... Un léger soupir sorti de sa bouche avant qu'elle ne se reconcentre sur Philys.

— Si le maléfice persiste, la fin arrivera mais ce ne sera pas la fin... Il ne s'agira que du commencement d'une longue agonie... Il faut rompre le maléfice...

— Qu'est-ce que tu as dit Haru ?

— Le maléfice... Il faut le rompre, marmonna-t-elle en se tournant vers Garett.

— Oui bien sûr qu'il faut le rompre, c'est l'évidence. Te portes-tu bien Haru... ?

— Évidemment que non... Je n'en peux plus. J'ai l'impression que dès que j'approche de la solution, elle devient encore plus lointaine. Pourquoi tout est si compliqué... ?

          L'homme ne su répondre et regardait sa bien aimée avec empathie. Il finit par s'approcher pour la prendre dans ses bras et ainsi la réconforter. Il lui murmura quelques mots destinés à ne pas qu'elle perde espoir avant de l'embrasser tendrement. La jeune femme semblait plus calme, plus apaisée. Un sourire se dessina sur son doux visage tandis que le temps semblait s'être arrêté. Les deux jeunes gens s'asseyaient sur le lit. Haru croisa timidement ses bras et Garett la regardait d'un air soucieux. Ils restèrent silencieux quelques temps avant qu'Haru ne dise tout bas « il faut que j'y retourne. ». Surpris, l'homme ouvrit plus grand ses yeux, pensant qu'elle souhaitait retourner dans le Bois Willow. Néanmoins, celle-ci compléta sa phrase en le regardant : « Il faut que je dorme à nouveau, Dial est le seul à avoir les réponses au problème... » Garett posa sa main sur celle d'Haru et hocha la tête. La jeune femme expliqua alors sans mensonges ce qu'il s'était passé lors de son dernier somme. Elle avoua avoir hésité à lui confier, de peur qu'il la prenne pour une hystérique. L'homme se montra compréhensif et rassurant. Il lui proposa de rester lorsqu'elle dormira pour veiller sur elle. Évidemment, Haru accepta sa proposition. La jeune femme se coucha alors sur son lit et ferma ses yeux après avoir embrassé Garett.

          Il n'avait suffi que de quelques minutes pour qu'elle s'endorme. L'homme remarqua l'aura de la jeune femme se déployer et la présence des êtres magiques...

          Haru rouvrit ses yeux et découvrit sans surprise la dimension des ombres. Elle appela plusieurs fois Dial en marchant dans ce néant infini. Soudain, elle l'aperçu au loin. Elle en sourit, se disant qu'elle obtiendrait enfin les éléments manquant pour sauver sa petite sœur. Le jeune homme se tourna vers elle, perplexe.

— Te revoilà ? Encore ? Tu ne peux plus te passer de moi à ce que je vois...

— Dial, il faut que tu me dises comment je peux la sauver. Je suis certaine que tu sais comment supprimer la morsure noire. Dis-moi comment faire, je t'en supplie.

— Haru... Je te croyais plus intelligente... M'enfin. Effectivement je sais comment retirer les effets de la morsure noire.

— Alors aide-moi ! Le temps presse Dial, il faut que tu m'aides !

— Dois-je te rappeler que je suis mort ma jolie ? Et qui plus est, par ta faute. Alors, à moins d'être vivant, je ne peux pas faire grand-chose pour toi vois-tu ?

— Qu'insinues-tu au juste ?

— Haru, tes pouvoirs sont en lien direct avec la vie et la mort. Tu as la capacité d'agir sur ces deux terrains et tu le sais très bien. Tu as tué Heliodore avec ta faux et tu as ressuscité ton ami. Ne comprends-tu donc pas que tu es la seule à pouvoir sauver ta sœur ? Ni moi, ni Garett en sommes capable, ouvre les yeux !

— Mais je ne peux y arriver seule ! C'est impossible Dial.

— Arrête de te tourmenter l'esprit Haru. Tu en as largement les capacités. Il faut maintenant que tu prennes confiance en toi et que tu te lances. Et puis, cesse de me déranger dès que tu doutes, j'aimerais pouvoir reposer en paix vois-tu...

          Haru se réveilla, son aura disparu et les êtres magiques envolés. Elle tourna naturellement son regard vers Garett qui semblait étonné. Il lui demanda alors si elle avait pu parler à Dial. La jeune femme hocha doucement la tête, pensive. L'homme décida de ne rien ajouter afin de la laisser réfléchir.

          Pendant ce temps dehors, le ciel était sombre et les corbeaux de Crow Hill s'animaient peu à peu à la tombée de la nuit. Le vent agitait les quelques feuilles résistant à la saison, en arrachant dès qu'elles faiblissaient. Les passants commençaient à se faire rares et le clocher du village venait de sonner six coups.

          Haru sorti de ses songes en entendant la cloche retentir dans le village. Elle tourna son regard vers Garett, semblant moins hésitante qu'avant son « voyage ». C'est d'une voix assurée qu'elle dit à Garett : « Je sais quoi faire pour la sauver. ». Elle se leva du lit et se rendit dans le couloir d'un pas sûr. L'homme la suivit, se demandant quelle était la tant attendue solution pour retirer la morsure noire de Philys. Ils entrèrent dans la chambre de la fillette en ayant fait attention de faire le moins de bruit possible afin que ni le père, ni la mère ne sache ce qu'Haru s'apprêtait à faire. La jeune femme posa sa main sur le front de sa petite sœur, inquiète. Elle semblait encore plus glaciale qu'avant... Elle expia lentement puis son regard se dirigea vers Garett. Il se rapprocha du lit et demanda ce qu'elle comptait faire pour la sortir de cet état. Haru n'osa pas lui dire alors elle répondit simplement : « Fais-moi confiance Garett. ».

          Haru fit un pas en arrière pour légèrement s'écarter du lit de Philys puis son aura se manifesta. Quelques êtres magiques commençaient à émerger dans la pièce tandis que la jeune femme tentait d'atteindre une concentration optimale. Au fil du temps, la respiration de la jeune femme paraissait de plus en plus lente, comme si elle avait atteint un calme hors du commun.

          La pièce n'était presque éclairée que par son aura et le silence pesait lourdement dans l'espace. La fillette avait les yeux fermés, la peau presque aussi blanche que les plumes d'une colombe et certaines de ses veines se voyaient bien plus que la normale. Elle avait tout d'un mort mais c'est justement parce qu'elle n'est pas morte qu'Haru compte se donner au maximum pour la sortir de ce sinistre sommeil.

          Soudain, lorsqu'elle fut prête, la jeune femme fit apparaître sa faux d'un geste gracieux. Garett s'avança en tendant son bras comme pour la stopper mais il se le refusa, voulant lui faire confiance jusqu'au bout. Haru plaça la grande lame de sa faux au-dessus du corps de Philys puis elle ferma ses yeux. Son aura grandit petit à petit jusqu'à devenir puissant à tel point que les gravures dans le bois du manche se mirent à luire de blanc jusqu'à ce qu'il s'agisse des spirales de la lame. Un filet d'énergie se mit à passer de la faux au corps de l'enfant. Haru resta dans cette même position le temps d'attendre le bon moment. L'homme quant à lui, assistait à la scène, silencieux. La jeune femme rouvrit ses yeux et élança soudainement sa faux sur la fillette. La lame traversa son corps sans lui infliger ne serait-ce une seule égratignure et celle-ci parvint à retirer une sorte de nuage noir. À la vue de cette entité, Haru frémit.

          Tout à coup, la substance obscure se rua sur Garett mais Haru parvint à l'intercepter à la dernière seconde.

— Vite Haru, fais-le disparaître !!! cria l'homme qui connaissait l'entité en question.

          La jeune femme maintenait la chose en l'air et tentait de l'anéantir. Ses sourcils se fronçaient bien plus lorsqu'elle senti une forte résistance. La lutte se prolongeait mais elle persévéra, motivée par la fin de toutes ces mauvaises choses. Puis, c'est en un élan de colère qu'elle cria de rage. Les vitres de la chambre se brisèrent subitement et l'entité fut réduite à néant avant qu'Haru ne s'évanouisse de fatigue... Garett la rattrapa à temps et regarda Philys puis le restant de la chambre. A-t-elle réussi ? se demanda l'homme, en dirigeant de nouveau son regard vers sa bien-aimée.