Ma visite chez sa mère m'avait donné une claque, et je me sentais comme une merde. Je vais pas mentir là dessus. J'avais tué son fils et elle m'accueillait encore avec le sourire. Contrairement à lui.

Marwa:
Selem, tu vas bien ?

Je sais pas exactement si c'est elle qui lisait dans mes pensées, ou si c'était son habitude de prendre de mes nouvelles tout le temps, mais elle apparaissait au pire moment.

Ou au meilleur, je sais pas trop.

Mais j'ai pas répondu à son message. Comme je l'ai déjà dit, je voulais voir personne. Et personne c'était aussi Marwa.

Je sais pas comment, mes pensées sont passées de ma sœur à sa sœur.

Ça faisait trois semaines que je ne l'avais plus vue. Je l'avais appelé de nombreuses fois mais elle ne me répondait pas.

Je savais que je n'étais pas parano. Je savais voir quand quelqu'un m'en voulait. Je voulais juste savoir ce qu'elle me reprochait, c'était le minimum quand même. Mais c'est parti loin.

Tu sais rien sur moi, t'as compris ? Rien du tout. Pense ce que tu veux de moi, j'en ai rien à faire.

Quand elle a dit ça je voulais la niquer. Mais elle avait raison. J'avais raté huit ans de sa vie. Comment je pouvais prétendre la connaître ?

Et au lieu de rattraper ce temps, j'avais préféré la fuir.

Tu me déçois beaucoup, j'avais pas gardé cette image de toi.

J'étais déjà déçu de moi même de toute façon. Depuis des années. Et ça s'est accentué après sa mort.

J'avais vraiment raté ma vie. Mais je continuais de vivre, grâce à je sais pas quel miracle. J'avançais, en m'enfonçant toujours plus dans le sang et la drogue.

Mais que je sois déçu de moi même c'était une chose. J'étais habitué à vivre avec ce sentiment. Mais le fait qu'elle soit déçue de moi, c'était autre chose.

Ça me donnait envie de la faire changer d'avis. Alors qu'en général l'avis des gens j'en avais rien à foutre.

Mais bon, quand c'était elle j'étais plus sûr de rien. Un jour je la considérais comme ma sœur, le lendemain j'étais prêt à lui faire une dinguerie.

T'es dans un terrain glissant. Sors de là.

Je savais plus comment agir avec elle. Je faisais au feeling. Mais je referais plus jamais ça. Ça s'est terminé en dispute au téléphone, et depuis elle répondait plus à mes appels.

Je dois arrêter de penser à sa vieille gueule.

J'ai fuis. Comme avec eux tous ici. Et je voulais redescendre à Marseille, mais j'osais pas. C'était même pas à cause d'elle. Depuis que j'avais remis les pieds ici je me sentais incapable de repartir. Même si j'aimais pas cette ville.

J'avais l'impression d'être bloqué là bas, dans des souvenirs que je pouvais pas fuir.

J'étais tiraillé entre le passé et l'avenir. J'arrivais pas à passer à autre chose. En réalité j'y suis jamais arrivé. Que ce soit maintenant ou avant, c'est toujours resté gravé en moi comme une marque au fer rouge.

Sans mentir, c'est dur de tourner la page. Chez moi cette page elle a duré huit ans. Je pouvais pas oublier ça du jour au lendemain. Et quatre mois c'était trop court pour tourner cette page.



~ ? ~


Bon, j'vais pas perdre le temps en présentations, on s'en branle.

Je vais être très clair. J'ai un seul but, c'est me venger de lui. Et le "lui" c'est Fares Ben Salah. Il cache bien son jeu en se faisant passer pour un mec sans histoire. Mais en réalité c'est un fils de pute.

Je l'assume, moi aussi j'suis dans le business, mais j'ai jamais enlevé la vie d'un innocent.

Pas comme lui.

Bref, je m'étale. J'ai longuement réfléchi à ce que je pourrais faire pour lui faire ressentir la même chose que j'ai ressenti. Et al hamdoulilah, j'avais trouvé comment.

Il était toujours là bas. Et j'attendais son retour avec grande impaciente. Mais je suis pas con, je vais pas vous dire ce que je comptais faire. Ça gâcherait toute la surprise.

Mais j'étais déterminé à le faire payer. Il avait du sang sur ses mains. Le sang d'un innocent.

Œil pour œil et dent pour dent comme on dit, et c'est ce que je comptais faire.

Je voulais pas le tuer, rassurez vous. J'étais pas comme ça.

Je comptais le faire souffrir. Il savait que j'allais réapparaître, je l'avais prévenu. Et j'allais passer à l'action en mettant mon plan à exécution.

Enfin bref, j'en dirais pas plus. J'en ai déjà trop dit.

Une dernière chose : je sais que vous m'aimez pas, même si vous me connaissez pas. Mais sachez que je suis pas méchant, vous connaissez pas l'histoire donc vous permettez pas de juger.

Bref, pourquoi je me justifie même. Ciao.

A suivre

𝕷𝖊𝖎𝖑𝖆: ℭ'𝔢𝔰𝔱 𝔩𝔢 𝔡𝔢𝔰𝔱𝔦𝔫Where stories live. Discover now