𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟺𝟸

Začít od začátku
                                    

— Lukas... Continue je t'en prie... 

Il regarde au fin fond de mes yeux, comme pour y déchiffrer la moindre émotion. Il souffle et passe la main dans ses cheveux noirs. Ses deux pupilles grises me scrutent, et la rage laisse place à un sentiment beaucoup plus tranchant... Ce n'est pas mieux, c'est la peine, la cassure et la mélancholie. 

— Leon... Commença-t-il. Leon est mon grand frère et... Si ma m... Ma génitrice s'est barrée, s'est bien à cause de lui... Il est allé pourrir en taule pour meurtre... Il avait un casier judiciaire long comme un bras Lindsay... Il marque une pause pour souffler, car dans sa voix, on a l'impression qu'il va se mettre à pleurer d'une seconde à l'autre. 

Un petit pincement vient électrocuter mon cœur. Meurtre ? Son frère a tué quelqu'un...? Plusieurs personnes ? Quand ? Et pourquoi ? Qui étaient ces gens ? 

Trop de questions me font mal à la tête. 

— Continue... Soufflai-je en m'approchant un peu plus de lui. 

— Le soir de son arrestation... J'devais avoir dans les... 8 piges. C'est c'soir là qu'elle est partie, qu'elle m'a traité d'monstre car... J'sais pas j'crois plutôt qu'elle avait peur que j'finisse comme lui... Et j'ai évité ça d'près tu sais, déclara-t-il en me regardant droit dans les yeux. Si mon père m'avait pas envoyé ici j'pense que je serais déjà en prison d'puis longtemps... Le pire dans tout ça, c'est que... J'suis d'venu tout ce qu'ils redoutaient, j'suis d'venu comme lui à un moment de ma vie... J'suis pas méchant, j'crois. (Il se mord la lèvre et ses yeux deviennent larmoyants).

C'en est trop. Je le serre fort contre moi en lui sautant dessus, mes jambes s'enroulent automatiquement autour de sa taille et je le serre contre mon cœur, de toutes mes forces. Les larmes coulent sur mes joues et je le sens renifler. Nous restons comme ça un long moment, serrés l'un contre l'autre. 

Je me détache de lui, et prends son visage entre mes deux mains. Je le regarde longuement et lui dépose un frêle petit bisou sur le nez, avant de murmurer :

— Non Lukas... Non tu n'es pas comme lui. Je te le promets... Tu me crois moi, pas vrai ? 

Il tarde à répondre mais fixe mes yeux :

— Oui, poupée. J'te crois sur parole. 

— Alors, tu n'es pas comme lui. Tu es toi, mon Lukas. Mon cornichon et mon gros nounours ronchon du matin. Dis-je en souriant. Et je suis heureuse avec toi, tu illumines la maison et... Comme tu l'as dit l'autre fois, c'est difficile d'imaginer la vie sans toi désormais... Alors, arrête d'être triste comme ça. Et oublie.

Oublier que son frère a pris la vie de quelqu'un... C'est difficile... 

Il me sourit tristement et enroule ses doigts au miens, je reprends mon souffle :

— Parlons d'autre chose, parle-moi de ta première petite amie, par exemple. 

Il rigole :

— J'ai jamais été en couple, poupée. La plupart du temps, ça a été des coups d'un soir, des filles qui passaient par-ci par-là. De la drague et rien d'autre. J'ai jamais su ouvrir mon cœur à quelqu'un avant toi et bordel c'que je dois avoir l'air con là. 

Je rigole à mon tour, piquée par un peu de jalousie quand même, je sais pas si c'est vraiment de la jalousie... 

— Et pourquoi ? 

— J'sais pas... J'pense que... L'amour est un sentiment indescriptible, c'est quelque chose de... divin et il provient d'un pouvoir qui nous dépasse complètement, genre complètement. Mais, tu sais, c'est difficile de le trouver. Comme on ne le rencontre pas toujours, plutôt que de s'en passer, on le remplace par une imitation, un sentiment inférieur, vulgaire... Argh ! Je me prends les pattes dans mes mots. J'n'avais jamais parlé comme ça à quelqu'un auparavant...

𝟓 𝐌𝐈𝐍𝐔𝐓𝐄𝐒 𝐀𝐖𝐀𝐘© [𝚃𝙴𝚁𝙼𝙸𝙽𝙴]Kde žijí příběhy. Začni objevovat