Chapitre 1

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Alexis Gómez

Le jet d'eau s'arrête. J'essore ma longue chevelure avant de tirer le vieux rideau de douche délavé.
Il faudrait que je pense à le changer un de ces jours. A cette pensée un soupire m'échappe. Lorsque je lève les yeux, mon misérable reflet me fait face.
Je détaille rapidement celui-ci avec abattement.

J'ai de longs cheveux bruns, une peau blafarde, des yeux éteints et vitreux ainsi qu'un corps mince et sans formes. En somme, j'ai un physique loin d'être attrayant. Je comprends pourquoi aucun garçon ne s'intéresse à moi, en plus d'avoir un caractère de merde je fais peur à voir.

J'en viens même à me demander pourquoi les Gallagher sont amis avec moi. C'est vrai quoi, Nolan et Abby ne m'ont jamais lâchés depuis la maternelle. Ces deux petits merdeux sont vraiment collants, et ils sont mes deux seuls amis. Je leur dois ma vie sociale. Ils ont bien tentés de m'intégrer dans leur groupe mais ce sont les seuls à qui je parle. Je ne fais pas confiance aux autres et ça ne changera pas.

Le pas traînant je me rends dans ma chambre et enfile le premier jean et le premier sweat-shirt qui me tombe sous la main. Tous mes vêtements sont noirs à quelques exceptions près, ce qui a le don de faire râler mes parents. Je rajoute quelques bagues et une chaîne autour du cou pour un peu plus de fantaisie.

Mes converses aux pieds je dévale l'escalier qui grince sous mes pas lourds pour rejoindre mes parents dans la salle à manger. Comme toujours, un faux sourire plaqué au visage ils m'accueillent avec un entrain surjoué.

-Alexis ma puce, tu n'oubliera pas de faire à manger ce soir, ton père et moi rentrerons tard.

-Oui maman je sais ! Soupirais-je. Comme tous les Jeudi.

Mon paternel lui, ne me décroche pas même un regard, trop concentré à lire les actualités sur le journal. Et oui, il y a encore des gens qui font ça lire les journaux.

Comme d'habitude je ne m'éternise pas et prend une pomme à la volée que je mangerai sur la route. Mon sac sur l'épaule je salue prestement mes parents avant de claquer la porte derrière moi.

Encore une journée pourris à ajoutée à mon existence. Je n'ai ni but, ni profondes envies ou devoirs à assouvir. Je n'ai rien à apporter à ce monde. Je suis rongée par ce sentiment d'inutilité depuis bien trop longtemps pour m'en souvenir.

Le soleil n'a pas daigné se montrer aujourd'hui. Tant mieux j'adore ça. Pour moi les jours de pluie sont les meilleurs. C'est le seul moment où je me sens en phase avec le monde extérieur. Parce qu'en ces temps là il est sombre, sombre comme moi.

Il y a même un peu de vent, c'est parfait. Un fin sourire imperceptible vient habiller mon visage.
Mon casque Bluetooth désormais sur la tête je lance une musique aléatoire de The Neighbourhood, un de mes groupes favoris. J'alterne entre un croc dans ma pomme et une taffe sur la cigarette que je viens de m'allumer. Et c'est ainsi que je marche jusqu'à l'école.

Je marche une quinzaine de minutes et finis par arriver devant l'entre du diable, le lycée. Sans grande surprise personne ne m'attend devant la grille. Mes deux seuls amis sont soit avec leur groupe, soit en retard ce qui ne m'étonnerait pas d'eux.

Des regards mauvais se posent sur moi lorsque je traverse la cours et quelques moqueries stupides fusent et ci et là. Des moqueries toujours partiellement couvertes par ma musique dont j'augmente le volume.

L'ignorance est le plus grand des mépris dit-on. J'ai donc décidé de l'appliquer. Je ne suis pas le genre de personne à aller au devant du problème mais plutôt à le contourner. Moi mon truc c'est la fuite, je fonctionne comme ça depuis toujours. Même si j'avoue que parfois mon côté rebelle se manifeste et j'ai surtout du mal à me contenir. C'est dans ces moments là qu'ils m'appellent « la tarée ». Et ils ne manquent pas de créativité pour me trouver des noms.

Anam Cara T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant