La bête

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~ - France - 1764~

*

- Combien sont-ils ?

- À vu d'œil...je dirais une bonne cinquantaine.

Le jeune homme s'appuya sur la rambarde de l'escalier en colimasson avant d'expirer un profond soupir.

- Le chasseleur est avec eux ?

- Je ne pense pas.

- Je vais me coucher...

- Que dois-je leur dire...., demanda le majordome avant d'être interrompu par le fracas d'une porte que l'on frappe brutalement.

« Ouvrez-nous immédiatement ! Il faut que l'on parle au Baron de Gabriac »

- Le Baron se repose dans sa chambre, quel est l'objet de votre visite à une heure aussi tardive.

- Une jeune fille a disparu, nous avons trouvé ses vêtements couvert de sang près de la rivière mais aucune trace de son corps, quelqu'un dit avoir vu l'esclave du Baron rôder dans les parages, ça fait des jours qu'il traine autour du village, nous voulons qu'il nous le livre immédiatement , dans le cas contraire nous serions dans l'obligation d'en avertir l'évêque...

- Cossí ?! s'indigna le majordome en ouvrant l'imposante porte charretière .
Vous osez menacer Monseigneur de Gabriac sur ses terres, vous n'êtes pas sur le territoires du diocèse de Mende, ici c'est lui qui a toute autorités sur la baronnie.

- Bon sér (bonsoir en catalan)... le coupa soudainement une voix derrière lui.

- Monseigneur, répondirent les villageois sans oser regarder le baron dans les yeux.

- Pourquoi mon esclave serait-il l'auteur des faits et non pas cette bête qui ravage vos troupeaux depuis des mois ? N'est-ce pas plutôt elle qui est censé vous effrayer la nuit.

- Lo lop ! lo lop* (loup en catalan) !Vous ne me ferez pas taire ! , les terres du Baron sont maudites, il a ramené la peste des Antilles dans notre village, hurla une vieille femme sénile en pointant du doigt Philippe.

- Tais- toi furibonde, ne manque pas de respect à Son seigneur, tu veux te faire molester? lança un villageois.

Le Baron se racla légèrement la gorge, avant de détourner ses yeux de la vieille femme.

- j'enverrais des hommes vous accompagner dès demain à l'aube.
Si la bête est encore dans les parages, c'est plutôt sur elle que les recherches doivent se concentrer.
Mon esclave est un peu niais, c'est à peine si il comprend ce qu'on lui ordonne de faire, il ne ferait pas de mal à une mouche, assurément, je vous en donne ma parole, poursuivit-il calmement .

Les villageois encore méfiant se jetèrent des petits regards furtifs.

- Nous attendrons à l'orée des bois, c'est là que nous commencerons nos recherches.
Je vous prie de nous excuser Monseigneur, toutes ces histoires de loups, ont mit nos nerfs
à rude épreuve.

- je comprend votre inquiétude, elle est légitime mais ne vous en faite pas, nous traquerons cette bête ou qu'elle se cache.

Le Baron demeura plusieurs minutes à la fenêtre observant les torches s'éloigner à travers la forêt abyssale, avant de s'évanouir peu à peu dans la nuit, laissant place au ténèbres.

Lorsqu'ils furent assez loin, se dirigea vers la tour Ouest du manoir, il descendit une par une les marches menant aux soubassements qui servaient autrefois de cachot souterrain. Il prit le trousseau de clef accroché au mur et ouvrit la porte en fer.

Un homme à genoux, les pieds et poings lié par de lourde chaîne en métal, leva péniblement les yeux vers Philippe avant d'esquisser un sourire provocateur.

- Tristan....

- Je ne m'appelle pas Tristan.

- C'est pourtant le nom que j'ai décidé de te donner lorsque j'ai fait ton acquisition, tu sais, je te l'ai déjà dit, c'était celui de mon pauvre chien défunt, si obéissant et fidèle, je l'ai beaucoup aimé tu devrais en être flatté.

- ..........

- Rapelle-toi dans quel état je t'ai trouvé à Fort-de-France, tu faisais peine voir, tu me dois quand même une fière chandelle ?

- Tu as peur de moi, c'est d'ailleurs pour cette raison que tu me garde enchaîné n'est-ce pas ?

Philippe se mit soudainement à grogner comme un animal.

- Tu apprendras à te soumettre esclave, vociféra le Baron en montrant des crocs aussi acéré que celui d'un loup.

Chacal Where stories live. Discover now