Chapitre 20 - L'interrogatoire

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Quelques minuscules êtres magiques émergeaient des ombres de la cuisine, flottant dans les airs. Haru souffla, ses poings restaient serrés. Elle finit par prendre Garett par la main pour quitter la pièce et aller dans sa chambre.

          Une fois arrivés, elle le lâcha et ferma la porte à clef. L'homme la regardait, compatissant. Haru se dirigea vers son lit pour s'y allonger. Garett la regarda et s'assit sur le siège qui était à côté. Elle tourna son regard vers lui, souriant timidement. Elle s'excusa pour la scène à laquelle il avait dû assister puis elle se redressa.

— Je suppose qu'il est temps que je t'explique ce qu'il s'est passé dans le Bois. Après tout tu as le droit de savoir... Par contre je vais te demander de ne pas m'interrompre.

— Je t'écoute Haru et je ne te couperai pas.

— Je vais débuter par le commencement. Lorsque le Maire t'a emmené en t'accusant d'avoir enlevé Philys, je suis rentrée chez moi et après une dispute avec mes parents, j'ai fugué avec quelques affaires pour me rendre dans le Bois comme prévu. En passant devant Whisper House, j'ai vu quelques policiers fouiller les lieux. J'ai fini par découvrir le second passage que tu avais fait dans le grillage de barbelées et c'est ainsi qu'a commencé mon aventure, si je peux appeler cela ainsi. Ce jour-là j'ai marché toute l'après-midi puis lorsque qu'il fit nuit, un brouillard se déploya sur le sol et je crois bien que celui-ci a emporté avec lui la sacoche que j'avais emmené. Par la suite j'ai découvert de beaux comme de maudits endroits... Le premier endroit que j'ai trouvé fut au départ une bénédiction car j'ai échappé à la dévoreuse grâce à celui-ci... Cependant... C'est aussi là-bas que j'ai moi-même été maudite. Sans le savoir, je me trouvais dans une sorte de cimetière et en dérangeant le sommeil de deux morts, une malédiction me fut attribuée... Bien sûr je t'épargne certains détails. Plus tard j'ai rencontré un jeune homme dans le Bois. Au départ il me semblait juste étrange puis j'ai fini par sympathiser avec lui...

Haru se tint la tête, semblant mal en point. Garett se leva, inquiet.

— Tout va bien ? demanda-t-il en s'asseyant à ses côtés.

— Oui ne t'en fais pas, juste... Un coup de fatigue. Je n'ai... pas vraiment envie de continuer mon récit... C'est trop dur... sanglota-t-elle, mal à l'aise.

— Ne... Ne t'en fait pas, ce n'est point grave Haru. Il est sûrement trop tôt pour que tu sois prête à raconter ce que tu as vécu là-bas... Je comprends tout à fait cela.

— Je suis vraiment contente de t'avoir tu sais... sourit-elle.

— Pas autant que...

          Soudain, la porte de la chambre fut brutalement frappée à plusieurs reprises. Haru avait sursauté et Garett plissait ses yeux en direction de la pauvre porte. Le père de la jeune femme s'acharnait dessus en lui ordonnant de sortir immédiatement. Visiblement la mère d'Haru n'était pas parvenue à le calmer... Il continuait de frapper la porte à coups de poings et pieds, y mettant toute sa rage. Garett regardait Haru et inversement, tout deux perdus. La jeune femme finit par dire à l'homme qu'il allait se calmer et qu'il suffisait d'attendre. Néanmoins, le temps passait et le père restait là à se défouler sur l'innocente porte grise...

          Haru craqua et se leva afin d'aller lui ouvrir la porte. Cependant, avant d'ouvrir elle dit à Garett d'ouvrir grand la fenêtre se trouvant au-dessus du bureau et d'aller ensuite se cacher dans la salle de bain. Il acquiesça et lorsqu'il fut caché, la jeune femme posa ses doigts sur la clef et déverrouilla la porte. De toute manière, fuir ce problème n'aurait fait que le retarder... Son père entra brusquement et l'attrapa par le bras avant de regarder la chambre. Voyant la fenêtre ouverte, il supposa que l'homme avait fui.

— Content que tu aies repris tes esprits Haru. Maintenant allons-y.

Tout en la maintenant, il sortit de la chambre puis de la maison pour prendre une diligence qui les attendait juste devant le pavillon. Ils y montèrent tandis que la mère les regardait partir à travers la fenêtre de la chambre de Philys.

          Haru soupira tristement. Son père, lui, la regardait d'un air plutôt méprisant. La jeune femme ne le reconnaissait plus... Cela la faisait davantage douter sur le nombre de jours qu'elle avait passé dans le Bois pour qu'une telle évolution frappe son paternel. C'était comme s'il n'avait d'yeux que pour la disparition de sa sœur et qu'il n'avait fait guère attention au retour d'Haru. Allait-elle bien ? Où était-elle passée ? Aucun de ces deux questions n'était sortie de sa bouche. Il était obstiné.

          La diligence arriva devant la mairie après quelques minutes de trajet. Haru ainsi que son père en sortirent. La jeune femme suivit son père. Il se présentèrent naturellement à l'accueil puis ils y patientèrent. Le Maire arriva et les invita dans son bureau.

— Bien. J'ai cru comprendre que Mademoiselle Blackbird est mystérieusement réapparue au petit matin avec sa petite sœur et Monsieur Perkins, c'est exact ?

— C'est cela. C'est pourquoi je me devais de l'emmener vous voir pour qu'elle vous raconte sa version des faits, dit-il d'un air bien plus calme qu'auparavant.

— C'est une bonne décision monsieur Blackbird. Alors, je vous écoute Mademoiselle.

— Ma version des faits ? De quels faits voulez-vous donc que je parle ?

— Où, quand et comment avez-vous retrouvé Phylissia Blackbird. Était-elle seule ? Quelqu'un la détenait ? Ou... Avez-vous retrouvé les corps des autres disparus ?

— Il est évident qu'elle va tout vous raconter, n'est-ce pas Haru ?

— Bien sûr. Je vais vous le dire : Ma petite sœur a été victime du Bois Willow tout comme les disparus des cent dernières années monsieur le Maire. Que vous faut-il de plus ? Des preuves ? Malheureusement pour cela il faudrait franchir les barbelés.

— Ne me prenez pas pour un idiot Blackbird. Vous et moi sommes assez lucides pour dire que le Bois n'a rien de dangereux et grâce au ciel votre père rejoint ma pensée.

— Rien de dangereux ? Rien de... Dangereux ?! Si le Bois est tel que vous le dites, comment me serais-je fait cela ?! s'agaça la jeune femme en montrant ses blessures.

— Certes des loups y rodent mais comme dans n'importe quel Bois. Plus vite vous direz la vérité, plus vite nous en aurons fini. Qu'est-il arrivé à Phylissia Blackbird ?

— Elle s'est faite enlevée par un monstre ! Que voulez que je vous dise de plus ! Vous voulez les responsables c'est ça ? À quoi bon, ils sont morts ! MORTS, Vous m'entendez ?! cria-t-elle, ses yeux se remplissant de larmes tellement la fatigue lui montait à la tête, il fallait que ça sorte.

— Oh calmez-vous ! Calmez-vous !

— C'est la pure vérité. Un monstre l'a livré à un autre monstre, fin. Je l'ai sauvée, Garett m'a sauvée et me voilà ici, devant vous, aujourd'hui.

— Je crains que vous ne souffriez d'hystérie mademoiselle Blackbird... Les rumeurs qui courent sans cesse à Crow Hill vous sont montées au cerveau et voilà que vous divaguez complètement...

— Je ne suis pas hystérique ! Je vous jure que le Bois Willow est le coupable que vous cherchez !

— J'en ai assez entendu. Que cela cesse.

— Je suis vraiment navré monsieur le Maire, je n'avais pas remarqué son état plus tôt...

— Ne vous en faite pas. Nous la soignerons et ainsi nous obtiendrons nos réponses. Pouvons-nous la garder en cellule pour cette nuit ?

— Bien sûr... répondit le père, désolé.

— Quoi ?! Mais pourquoi bon sang ! Je vous ai dit la vérité ! Elle est certes difficile à entendre mais elle est là votre réponse ! Cessez de chercher une réponse rationnelle.

Tout à coup, deux hommes entrèrent dans la pièce et lui administrèrent un calmant à l'aide d'une seringue.

— Nous ferons ce qu'il faut pour soigner votre fille monsieur Blackbird, je vous le promets. En attendant, rejoignez votre femme et votre cadette. Après l'épreuve que vous avez vécu, passer du temps ensemble vous fera le plus grand bien.

Les mysteres du Bois WillowWhere stories live. Discover now