Chapitre VI

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Midi retentit des cloches de la grande église de New-York, ces sons continuent que détestait amèrement Émeraude  retentissaient jusqu'à ses oreilles, tandis qu'il était tranquillement accoudé à la rambarde de sa chambre d'hôtes. Il grogna de dégoût, se redressa pour retourner dans sa chambre et referma la vitrine derrière lui. Il posa ses yeux sur son lit où dormait paisiblement Priscille depuis deux bonnes heures déjà, il resta immobile un moment pour l'observer, étant dans une position des plus excitantes : la partie supérieure de son corps était recouverte de sa couette, la partie inférieure  par contre, était plus dénudée, sa robe remontait jusqu'à la moitié de son fessier et depuis là jusqu'à ses pieds rien ne la couvrait. Il soupira et s'approcha d'elle pour faire redescendre sa robe et couver ses jambes bien au chaud avant de rejoindre la salle de bain. Il scanne chaque ride, chaque pommette, chaque cil, chaque petit détail de son visage afin de trouver la moindre perfection ne serait-ce que de la plus minime sur son pauvre physique qui ne l'attirait pas malgré qu'il en attirait plus d'une, sa silhouette ne le satisfaisait pas. Ses efforts durables et fatigants n'étaient pas assez suffisants, il souhaitait mieux que le gars sexy et musclé qu'il était, il eût un grand complexe envers lui-même dès l'occasion où il se découvrait dans un miroir, il se faisait pitié et avait une grande haine envers cet énergumène qu'il était, ce spécimen étrange à ses yeux, qui ne méritait pas d'exister et de cohabiter parmi ces humains qui ne se souciaient pas de ce qu'il ressentait réellement au fond de lui, qui ne voulaient pas savoir s'il avait des réels sentiments et qui désiraient surtout le ressentir physiquement, ceux qui étaient le cas de plusieurs jeunes femmes de son âge où les petites adolescentes qu'il définissait de gamine, quant aux hommes ils voulaient surtout l'utiliser pour des choses illicites, le transformer en un instrument sans émotion pour satisfaire leur désirent financiers. Oui, il n'aimait effectivement pas être parmi cette race d'êtres vivants écœurante et excentrique qui ne méritait pas de recevoir de sa précieuse aide, car ils se foutaient de qui était-il réellement dans son cœur, ils ne voulaient d'ailleurs pas qu'il ait une âme sainte et conciliante, ils attendaient de lui tout le contraire du mot : gentillesse, c'est-à-dire de la zéro pitié...

_____ Tout va bien ? Lui demanda Priscille dans un chuchotement, brisant instantanément ses pensées et sa haine envers la planète entière et envers lui-même. Il releva la tête et croisa ses yeux inquiets, doux et venant tout juste d'être réveillés. Il lui sourit tristement puis détourna son regard par peur de faire passer sa faiblesse dans ses yeux, ce qui serait pour lui une grosse erreur pour un homme de sa caractéristique. Depuis quand était-il resté fixer son reflet ? L'avait-il réveillé ? Priscille s'approcha prudemment de lui et s'arrêta à ses côtés, l'obligea à lever sa tête en accrochant ses deux doigts à son menton. D'abord il lutta mais céda ensuite en fermant ses yeux, entêté jusqu'au bout
_____ Regarde-moi... S'il te plaît... La supplia-t-elle sans s'arrêter de lui chuchoter ses mots pour ne pas le brusquer
_____ Non...
_____ Pourquoi ?
_____ Pour rien... Je ne veux tout simplement pas, répondit-il vaguement. Priscille ne le crut pas, elle sentait une onde triste et déçue mener de lui, en pensant que son pressentiment à son égard venait sûrement de son côté féministe qu'elle remercia en partie malgré qu'elle détestait salement être une femme
_____ Pourquoi me mens-tu ? Persista-t-elle en coupant court à ses pensées sur le fait qu'elle était « féministe ». Émeraude rouvrit brusquement ses yeux, étonnés. Elle venait de le tutoyer pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient
_____ Vous... M'avez... Tutoyé ? S'étonnait-il la voix basse. Priscille sourit avec douceur et retira ses doigts de son menton
_____ Je pensais que c'était le seul moyen de croiser tes magnifiques yeux, ils sont si adoucissants, ne me demandent pas pourquoi parce que je ne saurais pas pourquoi. J'aime juste l'effet de bonheur et de liberté qu'ils me procurent, ils me calment bizarrement même si je suis violente comme pas possible et surtout à l'intérieur de moi, te regarder dans le blanc des yeux me chavire et me rend plus mâture, plus sage et moins coincée, avoua-t-elle de sa voix basse, intimidée et envoûtante. Émeraude ne sut pas quoi répondre face à cet aveu parce qu'il constatait que son sentiment lorsqu'elle avait un contact visuel avec lui, était réciproque, mais malheureusement, il ne la lui avoua pas, même si elle désirait qu'il lui dise exactement la même chose que ce qu'elle s'attendait, ayant trop de fierté sur son cœur, un cœur ayant été forgé de pierre en lui. La regarder, l'apaise également. Il donnerait tout pour ne jamais lâcher son contact visuel, pour être emprisonné dans le cœur de Priscille et ne jamais en ressortir, il aurait aimé être entouré par quatre murs étroits dans son cœur rose que d'être libéré dans le monde noir qui l'entourait. Il aurait préféré se noyer dans les magnifiques iris de Priscille que de se noyer dans les affaires dégueulasses de ce monde
_____ À quoi penses-tu ? Questionna-t-elle sans sous-entendre quoi que ce soit dans sa voix
_____ À toi...
_____ À... Moi ?
_____ Oui, toi. Renchérit-il en attrapant le poignet droit de Priscille. Il remonta sa main jusqu'à son visage et posa sa paume de main chaude contre sa joue gauche n'étant pas très tempérée, sa petite main la réchauffait. Il la regarda dans les yeux et lui sourit tendrement, le cœur de Priscille rata un bond sous son rictus inhabituel et étant sincère ? Elle tenta de comprendre les sentiments qui passaient dans ses yeux mais c'était sans comtés sur les portes de son cœur trop bien verrouillé par une bonne dizaine de cadenas renforcées, et que ses sentiments ne voyageaient sûrement jamais dans ses artères, ne sortaient presque jamais du rochet qu'était son cœur, exactement comme les rochers où était coincée Priscille ce matin
Un son téléphonique les arrêta dans leur voyage oculaire, c'était celui d'Émeraude qui retentissait dans l'autre pièce et brisait leur silence : agréable et désirant. Il grogna et lâcha docilement Priscille, la devança pour décrocher à leur interlocuteur
_____ Quoi ? Demanda-t-il sèchement. Priscille l'observa les bras croisés dans l'embrasure de la porte, un sourire amusé par le mécontentement de son désiré qui n'aimait sans doute pas être embêté dans un moment romantique que celui-ci
_____ Wow Wow, gentil le toutou, n'aboie pas ça te rend encore plus excédant que tu ne l'es déjà, riait son frère à l'autre bout du fil. Émeraude soupira et mit son téléphone au haut-parleur sans prévenir sans Bro
_____ Qu'est-ce que tu me veux Carl ?
_____ T'as tes règles ou quoi Mama ? T'as l'air de mauvaise humeur ! Le provoquait-il en gloussant de plus belle
_____ Enfaîte tu me déranges au mauvais moment là alors on peut considérer que je suis en pleine période où ne faut pas me déranger. Lâcha-t-il, la voix rauque et ironique. Priscilla étouffa un gloussement sous l'ironie d'Émeraude
_____ Oh merde... T'était en train de... Priscille ? Demanda-t-il avec une voix vicieuse sans comprendre que la personne concernée en elle-même entendait ses dires
_____ Tu devrais vérifier qu'il n'y est que moi qui entende ce que tu dis avant de parler comme un cochon, le prévenait Émeraude en souriant avec mesquinerie. Un long silence s'ensuit avant que son frère ne comprenne le sens au conseil d'Émeraude et paniqua
_____ Merde Priscille, ne me dis pas qu'il a mis sur le haut-parleur ce connard ?
La demandée lança un regard comique vers Émeraude qui lui répondit d'un sourire
_____ Non t'inquiète, on est isolé du public dans sa chambre, mais ça ne va t'inquiète personne n'entend votre conversation, cocasse-t-elle en retenant une caquette
_____ Priscille... Chui vraiment désolée, s'excusa-t-il. Priscille explosa de rire en l'écoutant
_____ Crétin ! Je ne suis pas suffoqué, je ne suis pas comme ta Martinez
_____ Pardon ? Émit une voix féminine derrière Carl. Priscille s'arrêta de rire et regarda Émeraude, une lueur de détresse dans ses yeux, demandant de l'aide en sa direction
_____ Ils sont aussi sur le haut-parleur de ton frère, chuchota-t-elle en entendant Martinez protester. Émeraude hocha la tête, approuvant, et grimaça
_____ T'es mal...
_____ Non mais de quoi je me mêle ? « Je ne suis pas comme ta Martinez » ça ne va pas ! Et puis d'ailleurs qu'est-ce que tu fou dans la chambre d'une personne que tu connais à peine ? Je pensais qu'il était juste censé te ramener à l'hôtel pas dans sa chambre ! Tonnerre-t-elle en haussant énormément de la voix derrière Carl. Priscille remarqua malgré son courroux qu'elle avait une légère voix soulagée derrière la tempête de sa voix. Elle aimait que sa meilleure amie s'amuse, et savait également qu'elle prenait soin d'elle-même, qu'elle savait ne pas franchir les limites de sa mère, elle savait faire attention mais renforcer les faits étaient dans les habitudes et dans l'engagement de Martinez
_____ On en parlera ce soir ? Proposa Priscille, fatiguée de la tempête qu'était sa meilleure amie. Cette dernière approuva et ne gêna plus le reste de l'appel
_____ Ça vous dit de venir déjeuner avec nous ?
_____ Vous êtes où ?
_____ J'envoie l'adresse si vous venez
_____ D'accord, on sera là dans trente minutes, annonçait Émeraude. Ils se dirent de derniers mots et s'échangeaient de dernières informations avant que Émeraude ne raccroche
Il releva la tête vers Priscille et se mordit la lèvre inférieure en voyant le regard furieux que celle-ci lui lançait
_____ Comment ça on sera là dans trente minutes ? Tu n'as même pas daigné à vouloir comprendre si je souhaitais venir ou non ! Prosterne-t-elle en apportant ses poings contre ses hanches
Émeraude déglutit et se tira les cheveux, se rendant compte du genre de femme qu'était Priscille. « Le genre qui devait d'abord être prévenu avant chaque chose, chaque activité, le genre qui n'était pas cool quand on prenait des décisions à sa place » et Émeraude la comprenait parfaitement puisque c'était effectivement un point commun qu'il venait de deviner
_____ Désolé... Je prends note de te demander ton avis à l'avenir, s'excuse-t-il le regard suppliant de le pardonner
_____ J'espère, espéra Priscille en le fusillant une dernière fois des yeux avant de disparaître du champ de vision d'Émeraude en annonçant qu'elle partait se préparer dans sa chambre d'hôtes à elle. Émeraude ne la retint pas et partit prendre une douche rapide pour se préparer lui aussi, à la vitesse de l'éclair, le cœur lourd et désolé à la fois

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