L'histoire du garçon qui criait au loup - Réinterprété

Les yeux rouges (prank, sa tourne mal)

Il était un fois, quelque part en Europe, un petit village. Ce village baignait dans la douce fraîcheur de l'automne. Le vent soufflait dans la cime des arbres, faisant grincer les branches et frémir les feuilles. Une brebis s'éloigna du troupeau, bien trop au gout de Léto, son berger. Le loup-garou prit sa houlette et se dirigea vers l'animal récalcitrant pour le faire revenir auprès de ses congénères. Les journées étaient longues dans ce métier, et le plus souvent il ne se passait rien, laissant amplement le temps au gardien du troupeau de s'ennuyer mortellement. Léto commençait tout juste sa nouvelle vie, et garder les moutons dans ce petit village qu'il avait découvert, lui avait permis de trouver un nouveau foyer. Lui qui avait été rejeté par sa meute sans vraiment comprendre pourquoi, ne devait son salut qu'à l'éleveur de ces douces boules de laines. Ce dernier avait trouvé Léto, affamé et frigorifié un soir de pluie battante, près de la zone interdite. Une grande forêt que l'on disait peuplée par des démons aux yeux de feu. Léto qui venait de l'ouest, n'avait jamais entendu parler de cette forêt avant d'arriver dans son nouveau foyer.

Ce n'est qu'après plusieurs jours d'un ennui cuisant à garder les béliers, brebis et autres agneaux, que le loup-garou fut exaspéré. L'animation de sa meute lui manquait. Même s'il n'était pas très doué à la chasse, confondant régulièrement ses frères de meute avec leur proie, les mordant violemment, c'était quelque chose qu'il appréciait. Le manque d'action de ces derniers jours, fasse à ces nombreuse années dans la meute ne faisait qu'accroître sa lassitude. Quelque peu farceur, Léto se mit en tête de chasser cet ennui en hurlant dans la plaine que les démons s'apprêtaient à attaquer le village. Bien sur, le loup-garou n'avait aucune idée si cette situation était déjà arrivée auparavant, mais l'image l'amusait beaucoup. Songer aux villageois superstitieux courant dans toutes les directions pour échapper à leurs illusions le réjouissait profondément.

Il hurla alors aussi fort que ses cordes vocales lui permirent et comme il s'y attendait, les villageois, crédules, détalèrent pour la plupart. Certains, enhardis par le soleil brillant encore haut dans le ciel, vinrent à sa rencontre afin de l'aider à se défendre contre les créatures de l'enfer. Quelle ne fut pas leur déconvenue quand ils trouvèrent le loup-garou hilare au milieu des moutons hagard. Ils sermonnèrent sèchement Léto, et s'en retournèrent à leurs occupations. Cela faisait bien longtemps que le loup-garou n'avait pas autant ri, et la colère des villageois à son encontre en avait largement valu la chandelle. Il passa le reste de sa journée, heureux et satisfait de sa brillante idée.

Le lendemain, alors que midi n'était pas encore passé, il s'ennuyait déjà et le souvenir de la veille lui donna une folle envie de réitérer sa farce. Il ne tint pas plus d'une petite heure avant que son envie ne devienne dévorante et, qu'à nouveau, il crie aux démons. Cette fois-ci la plupart des habitants ne prirent pas leurs jambes à leur cou mais nombreux furent ceux qui vinrent à sa rencontre pour l'aider à combattre et protéger le troupeau, pensant que cette fois il y avait bien au moins un démon. Encore une fois, aucune créature aux yeux de braise n'était présente. Bien que personne n'ai jamais vu plus que leurs yeux luisants la nuit, tous étaient intimement convaincus de la réelle existence de ces créatures. Tous sauf Léto.

Le troisième jour, alors que le soleil ne brillait pas encore sur la plaine, à peine eut-il commencé son travail qu'il s'amusa à son nouveau jeu favori : tenter d'effrayer ses hôtes. Il était sûr que cette fois à la faveur de l'obscurité, ils se feraient à nouveau berner, souillant leur braie. Une fois son méfait accompli, jouissant de pouvoir voir dans la pénombre comme en pleine lumière, il pu se délecter de voir son plan fonctionner à merveille. Rapidement tous les villageois s'armèrent de torches, de fourches et de faux, battant la plaine à la recherche des mystérieux agresseurs. Mais comme toujours, les hôtes de Léto se rendirent rapidement compte que leur invité s'était joué d'eux. Exaspérés, ils lui firent savoir que s'il les appelait de nouveau à l'aide, personne ne lèverait le petit doigt et qu'il devrait se débrouiller seul.

Cherchant un moyen de continuer à duper le village, Léto eut l'idée de créer ses propres faux démons. Il passa sa journée à confectionner des silhouettes de bois et de paille de toutes formes et de toutes tailles, placées discrètement dans les alentours, mais tout de même visible depuis les chaumières. Le soir même, à la tombée de la nuit, il installa en lieu et place des yeux de ses leurres des braises incandescentes, brillant d'une forte lueur orangée. Persuadé que les villageois jetteraient au moins un coup d'œil par leur fenêtre, il était encore une fois convaincu que son méfait serait un succès. Il mit son plan à exécution et hurla de nouveau aux démons.

Afin d'ajouter en crédibilité à sa plaisanterie, il s'enfonça dans la forêt, afin de crier de toujours plus à l'aide, laissant penser que les créatures de l'enfer l'avaient enlevé. S'enlisant dans son mensonge il ne prit pas garde à quel point il était allé loin dans les bois. Loin dans le territoire interdit. Loin dans le royaume des démons. C'est alors qu'il les vit. Deux petits points lumineux, d'un rouge profond, l'observant, à peine quelques mètres devant de lui, dans un bosquet si dense et si sombre que même lui n'y voyait que de l'ombre. De l'ombre et ces deux petites orbes de feu. Rapidement peu importe où il tournait son regard, des yeux rouges le scrutaient. La terreur s'empara de lui. Maintenant il savait. Ce n'étaient pas des créatures de ce monde, il en était convaincu.

Souillant ses braies comme il l'avait fait subir aux villageois la veille, il tenta de fuir mais en vain.

Ils l'attrapèrent et lui mirent sa race, le sang d'ses morts, et franchement, un gros CHEH !

--FIN--

Histoire écrite en stream lors du festival Virtua'Art.
Avec l'aimable participation de :
- Henry-stein
- Launalia
- AceDMath
- Lacox
- Mr Piniata
- Lounix
- Et bien d'autres n'aillant pas souhaité être crédités !