Chapitre 5 - partie 1/4

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Il devait être à peine neuf heures et quart quand le marquis se dirigea à grands pas vers le chenil. Il venait d'apprendre que l'une de ses chiennes avait accouché, pendant la nuit, d'une portée de setter.

Arrivé dans le chenil, il entendit immédiatement un frais éclat de rire. Ce n'était pas vraiment le genre de bruit qu'on s'attendait à entendre dans un chenil, à moins que ce ne soit le nouvel aboiement perfectionné par l'un de ses chiens bien sûr. À ce moment-là, l'histoire deviendrait parfaitement plausible. Mais comme il se doutait que tout ceci fût peu probable, le marquis s'avança discrètement pour voir ce qui était susceptible d'inciter le rire en un tel endroit.

Il ne fut pas autrement surpris de découvrir Carmella assise sur un tas de paille, une portée de jeunes chiots - qui devait avoir à peine deux mois si ses souvenirs étaient bons - gambadant joyeusement autour d'elle. C'était de jeunes chiens de chasse qui, une fois adulte, pourrait l'accompagner à loisir durant ses sorties.

Le marquis sourit. L'un d'eux semblait particulièrement apprécier la jeune fille.

C'était un chiot à la fourrure de feu, aux yeux d'une teinte si soutenue qu'ils paraissaient noirs, leur conférant une profondeur touchante. Celui-ci avait pris d'autorité place sur les genoux de la jeune fille et cherchait son attention qu'elle était, de toute évidence, toute disposée à la lui donner.

Ayant l'oreille fine, le jeune chiot eu tôt fait de se rendre compte de la présence de son maître. Aussi, ne perdit-il pas de temps pour aller vers la porte et se dresser contre celle-ci, avec la visible intention de s'attirer quelques caresses de ce dernier.

Se penchant, le marquis lui donna volontiers satisfaction. Ce jeune chiot, il le connaissait bien. Il avait eu largement le temps de se rendre compte que c'était le plus affectueux de tous, un petit nounours sur pattes en quelque sorte. Avec un caractère doux qui complétait le tout, il avait déjà dans l'idée que ce chien ne se plairait sûrement pas comme les autres à être chien de chasse.

Relevant la tête, il put voir Carmella qui le regardait avec un grand sourire qui mangeait son petit visage.

- Bonjour, lança-t-elle, ne sachant que dire pour le moment.

- Bonjour Carmella. Je vois que vous n'avez pas perdu de temps pour vous attirer la sympathie de mes chiots.

- Ils sont vraiment de toute beauté. Et très joueurs, je dois dire.

Comme pour confirmer ses dires, le petit chiot courut maladroitement vers elle, sautant à nouveau sur ses genoux.

- C'est ce que je vois.

Ils restèrent ainsi, sans rien dire, ce qui eut tôt fait de créer une atmosphère plutôt pesante. Décidément, cela devenait une habitude.

Ce fut finalement le marquis qui dénoua la situation.

- J'allais justement voir les chiots qui sont nés hier soir. Souhaiteriez-vous m'accompagner ?

- Avec plaisir, répondit Carmella en faisant mine de se lever.

Son intention n'échappa pas au jeune chiot qui se mit aussitôt à gesticuler dans tous les sens, se dressant sur ses pattes arrière tandis que celle de devant se logeait sur son torse. Alors, il se mit à couiner doucement, son auquel se mêla rapidement le rire du marquis.

- Eh bien, on dirait que vous avez là un jeune jaloux. Il n'a pas l'air d'apprécier la proposition que je vous ai faite.

- Oh, j'ai l'habitude. Il fait ça à chaque fois que je leur rends visite.

- À eux ou à lui en particulier ? demanda-t-il, taquin.

Carmella rougit avant de déclarer avec franchise :

Ce destin qui nous lieWhere stories live. Discover now