Une langue invisible (Orgie partie I)

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Puis, décidée à prendre ma jouissance en main, je dirigeais les poings de T*** pour qu’il me maintienne par les cheveux, pendant que je me massais les seins et qu’un personnage invisible laissait sa langue zigzaguer depuis mon clito jusqu’au sommet de ma raie. Les yeux fermés, je me contraignais à ne sentir que mon entrejambe si méthodiquement léché. Il y avait du bruit autour de moi, des gémissements, des paroles, quelques rires, quelques cognements de meubles contre les murs, un objet tombant puis roulant sur le sol, et maintenant Michaël chantait Dirty Diana. Tous ces bruits étaient loin de moi : j’avais comme retourné mes yeux à l’intérieur et je contemplais ma vulve gonflée qui se plissait au passage de la langue et qui s’écrasait une petite seconde au passage du nez. Les cheveux tirés cambraient toute ma colonne, laissant le flux nerveux y circuler comme des giclées, et le plaisir me fouettait les entrailles.

J’étais en train d’écouter mon plaisir lorsque je m’écrasai sur les jambes de T***. Celui-ci avait faibli, et par facilité, comme pour se donner de la contenance, il plaquait ma bouche sur son zob remonté pour l’occasion. Je ne voulais pas le sucer, je ne voulais que sentir cette langue étrangère, me branler les orifices. Et ce jeune homme, trop heureux de compliquer les positions, voulait que je fixe sur sa bite. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas à la fois faire ma professionnelle à chercher son frein, à contourner sa calotte, à serrer ses testicules, et en même temps écouter ma passivité envahie par une langue agile et appliquée. J’aurais voulu être méchante envers T*** pour qu’il me laisse avec ma jouissance ; j’aurais voulu lui mettre deux ou trois doigts et profiter de mes ongles pour lui faire un prélèvement de muqueuse anale. Mais ce détournement d’attention m’aurait définitivement condamné à ne pas jouir. Alors, par sagesse, je laissai son zizi se poser au bord de ma bouche, respirant dessus, et gardant les mains reposées sur ses jambes, l’une effleurant cette verge impolie, l’autre prête à entrer par la sortie. Ainsi mise au service minimum, je me remis à écouter mon plaisir à moi.

La promenade continuait, toujours entre ma ride et ma raie, mais je ne sentais plus sa langue ou son nez. Tout devenait indistinct, comme totalisant. Je devinais qu’il écartait mes lèvres avec ses doigts pour y trouver des entrailles plus profondes, plus naturelles, plus organiques. J’en prenais joies. Mes pensées s’ouvraient vers deux directions opposées : je devais me relâcher pour que chaque caresse soit la plus purement accueillie, et je devais rester en tension pour être loin du reste du monde.

Mon corps n’était plus qu’une vulve léchée. Tout mon con était immobile, et en activité, il était tendu comme les cordes d’un piano. Soudain, une première convulsion vaginale, mon périnée se contracta pour se dilater plus largement. Je gémis. Je gémis de forte douceur, je gémis des entrailles brûlantes, je gémis d’apprécier mon corps prendre le contrôle. Les convulsions reprirent, mon vagin se contracta plus longtemps. Je pensais que j’étais là, nue, au milieu d’une orgie, un pénis amical posé comme un bouton de fièvre, le cul pointé vers le ciel, la chatte rasée et ouverte, les lèvres écarlates de frétillement nerveux, le con coulant à en sentir les gouttes traîner sur mes cuisses, pendant qu’un inconnu se régalait de mon antre.

L’inconnu colla son nez au plus profond de mon trou en l’écartant comme s’il voulait y glisser ta tête, et il aspira mon clito pour lui rouler un patin d’adolescent, avec force, précision et savoir-faire. La tension envahit mon ventre puis gagna mes cuisses, ma respiration s’était collée au rythme de sa langue. Il devait le tenir. Il devait tenir ce rythme, car s’il lâchait, alors je ne pourrais plus jouir, la soirée serait fichue, sans montagne, sans aventure, sans jouissance. Il tint, sans accélérer, toujours fermement. Tout mon corps se tendait, mes ongles se plantaient l’un dans la cuisse et l’autre dans un coussin. Comme pour rallonger le plaisir, pour l’emmener plus haut, je m’arrondis dans un élan pour me cambrer brutalement, à en souffrir. Mon dos était plié, ma nuque se redressait et ma tête poussait vers le bas. Je m’étouffais. Le plaisir montait, me brûlait la moelle épinière, me bloquait la respiration et dans une contraction abdominale herculéenne, il laissa échapper comme un vent du sud sifflant. Je jouis. Je jouis encore bougeant mon cul pour faire vibrer toutes mes terminaisons nerveuses, pour que chaque parcelle de muqueuse fût consommée. Je criais, je chantais, je l’encourageais en regardant en direction de T***, avec des yeux de folles. Celui-ci embrassait C***, il ne m’avait pas regardé jouir.

Encore un coup de langue, mais ma chatte n’en voulait plus. Elle eut un réflexe d’éloignement. Pour garder plus longtemps la sensation de plénitude, il ne fallait pas ajouter de joie inférieure. En tout cas, pas tout de suite.

Je me retournais pour découvrir qui était mon gentleman cambrioleur. Sans réel étonnement, c’était le plus âgé de la soirée. Ce spécimen était à mi-chemin entre le prof de philo et le Lord Écossai. Il s’assit parterre, alors que j’étais dans le canapé les jambes à moitié ouvertes et les seins tombant de fatigue. Il prit deux coupes sur la table et nous servit du champagne. L’un trinqua au plaisir et l’autre à la jouissance. Une bonne gorgée avalée, il nous resservit. Puis trouva dans le chiffonnier une petite cave à cigare dont il extrayait un Churchill. Après l’avoir coupé, il le chauffa, l’alluma et commença à le fumer. À la première bouffée expirée il daigna me regarder, s’attendant sans doute à une moue anti-tabagiste ou une admiration d’écolière, mais il découvrit les yeux mi-clos de la chatte attendant que l’on remplisse sa gamelle. Il m’offrit un cigare. Je le coupai, le chauffai et le fumai tranquillement.

La discussion commença sur le cigare, puis glissa sur la cachette à cigare qu’il connaissait puisqu’il était notre hôte. Je me pris à lui dire « enchanté ». Je voulais tenter de voir cette soirée avec ses yeux : comment verrais-je tous ces gens, dont pas la moitié seulement m’était connue, en train de baiser sur mes fauteuils, mon tapis, contre mes meubles, sans doute aussi dans mon lit, ma salle de bain, mes toilettes, et dans ma voiture ? Tous ces corps, nus ou presque, s’entremêlant, se touchant, se regardant, se pénétrant, se crachant, se bavant, se mouillant, tous ces corps en sueur dégageaient une odeur de musc et de poudre de riz, laissaient les peaux miroitées comme des villosités. On était dans des entrailles, dans une bouche, dans un vagin, dans un cul, plein de mouvements, de contractions, d’odeurs, de tensions, de brûlures et de plaisirs. C’est ce qu’il aimait vivre.

Il mit ma coupe et deux bouteilles de champ’ à portée de main, à côté du cendrier. Il me tira un peu sur les hanches, les plaçant au bord du canapé. Je continuais à fumer. Il se remit à me brouter. Je continuais à fumer, à boire, à regarder, à prendre du plaisir, moi la prêtresse à qui l’hôte de cette orgie avait décidé de bouffer la chatte.

BITC**SWhere stories live. Discover now