Chapitre 2

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Une série de coups frappés à ma vitre me réveillèrent en sursaut. Je poussai un cri ridicule, transi de terreur : une ombre immense était penchée sur ma fenêtre. En y regardant mieux, je distinguai la haute silhouette d'un homme, mais son visage était dans l'obscurité.

Je me saisis prestement de ma lampe torche et dirigeai le faisceau sur le visage de mon agresseur qui recula, ébloui.

— Désolé, je ne voulais pas te faire peur !

L'inconnu brandit l'une de ses mains vers moi en signe d'apaisement, tandis que l'autre protégeait ses yeux de la lumière aveuglante.

Mon cœur menaçait de sortir de ma poitrine.

Calme-toi.

Je soufflai lentement et essayai de reprendre contenance. J'abaissai ma torche et l'homme se recula encore. Un rayon de lune éclairait un côté de son visage, projetant une ombre sur sa mâchoire saillante.

— Est-ce que ça va ? me demanda-t-il doucement.

Il me dévisagea, les sourcils froncés. Je savais qu'il fallait que je lui réponde, mais mes connexions neuronales semblaient avoir gelé, à l'inverse de mon cœur encore bondissant.

J'ouvris péniblement ma fenêtre, gênée par mes doigts glacés.

— Je suis en panne, soufflai-je dans un nuage de buée blanche.

— Je m'en doutais, on voit rarement des voitures stationnées par ici.

Je lui fis signe de s'écarter, et m'extirpai maladroitement de mon duvet. Lorsque mes pieds transis rencontrèrent la mousse humide, je vacillai, complètement engourdi.

L'inconnu leva les mains, prêt à me rattraper au cas où mes jambes décideraient elles aussi de me fausser compagnie.

— Tu es sûre que ça va ? répéta-t-il.

— Oui, on se gèle ici.

— Je vais te conduire jusqu'à Aston. Les températures seront froides cette nuit, tu ne peux pas rester là.

J'acquiesçai, soulagée de voir que la vallée n'est finalement pas complètement déserte. Si le temps se refroidissait encore, je ne donnais pas cher de mes orteils.

— Prends tes affaires, je suis garé en face.

Je récupérai mon appareil et mon ordinateur, et mon sauveur s'empara de mes sacs sans me demander mon avis.

— Viens.

Je le suivis docilement jusqu'à son pick-up gris.

Il était grand. Très grand. Du genre capable d'attendre la dernière boîte de céréales tout en haut du rayon sans avoir à décoller les talons du sol. Je le rattrapai près du véhicule alors que mes affaires étaient déjà chargées à l'arrière, et la porte-passager ouverte. Je m'empressai de monter sous son regard transperçant.

La porte claqua derrière moi et il s'installa au volant. Le moteur gronda, il monta le chauffage au maximum et dirigea les grilles d'aération vers moi. La panique me saisit : je venais de monter avec un parfait inconnu, tard dans la nuit, au milieu des bois. Un vrai scénario de films d'horreur. Je plaquai mes mains encore tremblantes sur mes genoux et l'observai discrètement.

Son visage était calme, quoique fermé. Il n'arborait aucune expression qui pouvait me donner un indice quant à ses intentions. Mais à l'inverse, ses doigts tachés serraient le volant à s'en faire blanchir les articulations.

— Je suis mécanicien. Je remorquerais ta voiture demain matin, me dit-il en me sortant de mes rêveries.

Ça expliquait les traces sur ses mains.

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