Chapitre 14.2

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Un goût âcre envahit ma bouche en plein milieu de la nuit, ce qui me réveilla. Tous mes sens étaient en alertes et j'avais l'impression que mon corps était en feu. Je penchai la tête vers mon bras et notai que quelque chose y était enfoncé. Une intraveineuse. Un frisson me submergea en repensant au centre et j'arrachai le tube le plus rapidement possible en me redressant. Ma vision se fit trouble pendant quelques secondes, avant de se stabiliser. Mon être entier hurlait qu'il fallait que je sorte d'ici. 

Je sifflai en m'extirpant des couvertures, puis mon corps se leva par lui-même. Mon esprit était embrouillé, mais il m'était impossible de m'arrêter. Mes pas chancelants me dirigèrent vers la porte de la chambre qui s'ouvrit à volée. Un garde qui me dépassait de deux têtes vint me bloquer le passage. Son visage était marqué par la surprise. Je continuai d'avancer, puis je stoppai à quelques centimètres seulement de ce dernier. Il regarda derrière lui, avant de reporter son attention sur moi.

— J'aimerais bien prendre l'air, déclarai-je d'une voix si rauque que je ne la reconnus pas.

Le garde d'une quarantaine d'années secoua sa tête brune. Visiblement, il ne trouvait pas que c'était une bonne idée. Une sorte de grognement envahit la pièce. Il me fallut quelques secondes avant de comprendre qu'il venait de moi. Ces médocs ne m'allaient vraiment pas.

— J'ai dit que... je... voulais... sortir... d'ici ! m'exclamai-je à nouveau de mauvaise humeur.

J'allais lui agripper brusquement le bras afin de le pousser hors de ma route, mais aussitôt que mes doigts l'effleurèrent, il s'écroula au sol en hurlant. Je ne compris pas exactement ce qui s'était passé, mais mon cerveau se contenta de me faire continuer mon chemin en l'enjambant. Il n'y avait personne d'autre dans le corridor, ainsi je pus me rendre à l'extérieur sans problème. Un drôle de son survint lorsque j'empoignai la poignée en argent, mais encore une fois, je n'y prêtai pas attention. Je voulais simplement prendre de l'air et me rafraîchir dans la douce froideur de la nuit.

En ouvrant la porte, je soupirai de soulagement lorsque je sentis la brise me caresser le visage. Le vide se fit dans mon esprit et je restai un bref moment sans faire le moindre mouvement. L'impression que mon corps était en feu était toujours présente, mais au moins, être à l'extérieur semblait aider.

En traînant les pieds, je me dirigeai vers un arbre non loin de l'habitacle, avant de m'allonger doucement au sol. Mes yeux fixèrent la maison prendre vie, alors que toutes les lumières de cette dernière s'allumaient les unes après les autres. Probablement que mes actions et le hurlement du garde avaient alerté les autres résidents de la somptueuse demeure. Je me contentai de fixer les gens qui se précipitaient un peu partout à ma recherche, au travers des grandes baies vitrées du rez-de-chaussée. Aucun signe de William, mais Mathias, lui, était présent. Comme les autres, il fouillait les pièces, afin de trouver un indice qui indiquerait par où je m'étais enfui.

Non. J'avais parlé trop tôt. Mon prétendu oncle apparu dans le salon, les cheveux blonds en bataille, vêtu d'un bas de pyjama et d'un simple t-shirt gris.

Mathias héla son chef en faisant face à la porte arrière. Il pointa la poignée, qui avait fait un drôle de son lorsque je l'avais employé, avant de contempler l'obscurité. Il semblait cependant faire trop sombre pour qu'il puisse m'apercevoir, car son regard me survola, sans me remarquer. D'un seul coup, des jets de lumière éclairèrent la cour arrière. Je grimaçai en tentant de protéger mes yeux douloureux.

— Au diable la tranquillité, maugréai-je à voix haute, en voyant plusieurs personnes se précipiter dans ma direction.

William arriva à ma hauteur, avant de s'arrêter brusquement. Amaryllis et Mathias qui le suivaient de près, faillirent lui rentrer dedans, mais se rattrapèrent de justesse.

— Abigaelle, dit mon oncle exaspéré. Peux-tu me dire ce que tu fiches à l'extérieur à cette heure ?

Je me contentai de le fixer. Me déplacer jusqu'ici, m'avait pris toutes mes forces. Il était hors de question que l'on me ramène à ma chambre. William secoua la tête en murmurant quelques injures, puis s'agenouilla avant de me toucher le front. J'attendis qu'il s'écroule en hurlant comme l'autre garde, mais cela n'arriva pas. Finalement, il était fort probable que j'ai halluciné.

— Tu es brûlante, nous devons te mettre sous sédatifs.

Alors qu'il tentait de me relever, un gémissement s'échappa de mes lèvres. Il arrêta aussitôt de bouger.

— Ça te fait mal ?

Son ton de voix refléta son inquiétude. Je me contentai de hocher la tête, avant qu'il ne me repose au sol avec douceur.

— Mathias, pourrais-tu aller chercher une chaise longue, s'il te plait ?

Ce dernier me regarda, cilla plusieurs fois, puis acquiesça finalement. Il revint quelques minutes plus tard avec un long siège métallique à roulette, muni de coussins noirs. Il aida William à me déposer sur cette fameuse chaise, avec une délicatesse que je croyais inexistante venant de sa part, avant de déclarer qu'il allait dormir.

Après s'être assurée que je n'allais pas mourir soudainement, Amaryllis nous quitta également. Elle se retourna plusieurs fois dans notre direction, avant que William ne la sermonne pour qu'elle aille au lit. On aurait dit une gosse de quinze ans.

Le chef des terroristes s'éloigna afin de passer un appel, puis revint quelques minutes plus tard. Entre temps, j'eus le loisir de tenter de m'installer confortablement. C'est-à-dire droite comme un piquet, le dos plein de sueur, coller contre le dossier de la chaise longue. Si je m'installais autrement, j'allais probablement vomir. William, quant à lui, s'assit au sol en s'adossant sur le tronc de l'arbre. Cela me fit comprendre qu'il avait l'intention demeurer ici pendant un long moment. Nous soupirâmes à l'unisson.

— Tu comptes me surveiller toute la nuit ? finis-je par lui demander, lorsque je fus certaine que ma voix n'allait pas flancher.

Il observa le ciel étoilé.

— Au point où nous en sommes rendus, je ne crois pas être en mesure de me rendormir.

J'esquissai un faible sourire, en fermant les paupières. J'aurais également préféré que ce soit le cas pour moi. Malheureusement, mon cerveau ne semblait pas vouloir m'écouter. Contre mon gré, il me ramena lentement brûler en enfer. 

*** 

Voici la deuxième partie du chapitre 14! J'espère qu'il vous a plu :D je peux finalement reprendre mon horaire habituel de publication, ce qui me fait méga plaisir! Je cherche un bêta-lecteur, qui pourrait m'aider à corriger mes tournures de phrases, alors si vous connaissez quelqu'un et si vous êtes intéressé (e), n'hésitez pas à me faire signe :) L'image que j'ai jointe se trouve à être notre petite Abi. Je me suis beaucoup amusée à la créer sur Artbreeder. Qu'en pensez-vous?

Love -xxx-

Signs [PAUSE/RÉÉCRITURE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant