Neslomimiyat Vulk

Chapitre 31

Je voudrais photographier l'expression faciale de Danail en cet instant, mais je pense qu'il le prendrait d'un mauvais œil.

Dommage.

-C'est quoi cette histoire ? fait une voix féminine proche de nous.

Reni nous a rejoints et semble avoir écouté la discussion. Alors que je pense qu'elle va se vexer, la louve éclate de rire. Ce son me permet de me détendre. Je me suis attendue à une tout autre réaction, mais je préfère nettement celle-ci.

Je m'accorde de rire un peu avec Reni, mais l'expression dur qu'aborde le visage de Danail me glace.

-A-t-elle réussi à te faire croire ces sottises ? Je ne m'accouplerai jamais avec Reni, ni avec personne d'autre, tu es la seule qui me satisfait. Tu penses que je suis capable d'aller voir d'autres femmes ?

Je soupire. Heureusement, Reni vient à ma rescousse et répond à Danail à ma place.

-Bien sûr que Marley te sait incapable d'aller voir ailleurs, tu es son âme-sœur ! Elle te narre juste les soupçons que son amie a eus. Et je la comprends, on se connaît depuis longtemps nous deux, on a une bonne complicité, les métamorphes reconnaîtront qu'il n'y a rien de plus entre nous, mais les humains sont différents. Mais je t'assure que Jaelyn n'essaie pas de monter Marley contre nous.

Danail se met quand même à grogner.

-Cesse d'être grognon enfin. Je ne croirais jamais de telles bêtises.

-Je ne laisserais rien se mettre entre nous. gronde-t-il en montrant les crocs.

Je n'en doute pas.

Je mets ma main sur sa bouche et lui intime de se calmer avant que les autres s'aperçoivent de ses grognements. Puis je l'emmène s'asseoir avec moi sur le canapé.

*****

Trois heures que nous sommes ici, et depuis tout ce temps, nous n'avons fait qu'assister à la petite gué-guerre verbale qui se joue entre Danail et Jaelyn. Celle-ci pose à l'autre toutes sortes de questions tandis que lui y répond avec mécontentement. Jaelyn doute de sa fidélité, et ça ne plaît pas à Danail. Pour lui, c'est évident : je suis son âme-sœur, il n'y aura pas d'autre femme dans sa vie que moi. Mais pour Jaelyn, c'est autre chose. On se connaît depuis longtemps et des petits amis infidèles, on en a eu plusieurs. Je comprends qu'elle veuille s'assurer que Danail est bon pour moi, même si je n'en doute pas une seconde.

Mais bon, l'interrogatoire de Jaelyn a rendu l'ambiance un peu tendue.

-Combien de petites amies as-tu eu dans ta vie ?

Danail répond aussitôt d'un ton morne, comme s'il récite un texte qu'il a appris par cœur.

-Marley est la seule première véritable femme que j'aime, et ce sera aussi la dernière.

Jaelyn renchérit aussi vite.

-Si Marley décide de te quitter pour un autre, comment tu penses réagir ?

Danail s'esclaffe.

-Ta question est stupide, je sais que Marley ne me quittera jamais et je ferais en sorte qu'elle veuille de moi pour toujours.

Jaelyn hausse les sourcils. Elle réfléchit, avant de repartir à l'assaut.

-Pourtant ça pourrait arriver. Vous ne vous connaissez que depuis peu de temps. Il y a des gens très sympathiques qu'elle connaît depuis des années. Maël par exemple, c'est son ex, et pendant longtemps, il a gardé des sentiments forts pour elle. Marley pourrait avoir envie de retourner avec lui.

Le concerné avale une gorgée de soda de travers et tousse.

-Je ne me sens pas super, je crois que je vais rentrer. s'esquive-t-il.

-Je t'emmène, tu n'as pas de voiture. je propose en me levant à mon tour.

Danail me fusille alors du regard. Je me penche pour l'embrasser et m'excuse.

-Je n'en ai pas pour longtemps, je dépose Maël et je reviens aussitôt. Je te laisse avec Jaelyn, je crois qu'elle a encore beaucoup de questions à te poser.

Il grimace. Cet interrogatoire ne l'enchante pas, mais je suis sûre qu'il s'en sortira.

Après tout, il n'a fait aucune erreur jusqu'ici.

Je balaye de la main les quelques mèches de cheveux châtains qui sont tombées sur son front, admirant ses deux prunelles bleu azur. Je me penche de nouveau vers ses lèvres et y dépose une dernière fois ma propre bouche avant de me relever et de partir avec Maël.

*****

Il fait nuit dehors, le soleil étant couché depuis un moment déjà, surtout en cette période de l'année. À cause de la circulation un peu dense, nous sommes arrivés devant la maison de Maël au bout de vingt minutes de trajet. Maël va pour descendre de la voiture, mais du coin de l'œil, je le vois hésiter.

-Au fait, par rapport à ce qu'à dit Jaelyn... commence-t-il en fixant le pare-brise.

Je me mords la lèvre et regarde ailleurs. Lui et moi, ça a été une belle époque. De tous les petits amis que j'ai eu, je pense que Maël a été le plus attentionné de tous, le plus adorable, le plus parfait. Malheureusement pour lui, malgré tous ses efforts, je n'ai pas réussi à l'aimer correctement. J'ai eu beau essayé, je ne l'ai vu que comme je le vois maintenant, comme mon meilleur ami. Alors je l'ai largué. Et j'ai vite tourné la page.

Mais lui ? L'a-t-il fait ?

-Je veux que tu saches que ce qu'elle a dit est faux. J'ai continué à t'aimer longtemps après notre séparation, mais aujourd'hui, je suis passé à autre chose. Tu es ma meilleure amie, Marley. La meilleure des meilleures amies.

Je lui souris, touchée par ses mots.

-Et si tu pouvais répéter ce que je viens de te dire à Danail avant qu'il ne vienne m'arracher la tête avec ses crocs, ce serait parfait. rajoute-t-il.

Je pouffe.

-Compte sur moi !

Il sourit et sort de la voiture. Je le regarde marcher jusque chez lui, la maison un peu plus loin au bout de la rue. Je soupire. Ce soir, la page de notre histoire d'amour est définitivement tournée.

Je m'apprête à démarrer pour rejoindre Danail avant qu'il ne se mette à ma recherche. Mais quelque chose attire mon regard dans le rétroviseur. Je suis presque sûre d'y avoir vu une ombre passer.

J'attends de longues secondes, mais rien ne vient, alors je n'y prête plus attention. Mon portable se met à vibrer dans la poche de mon blouson. Je le sors et lis le message que Jaelyn m'a envoyé.

"J'ai des tonnes de choses à te demander, alors dépêche-toi de revenir !"

Je pianote sur le clavier pour lui répondre. Soudain, quelque chose vient frapper la vitre avec brusquerie, ce qui me provoque un sursaut et me fait lâcher mon téléphone. Je tourne la tête et aperçois, surprise, la tête du docteur maléfique presque collée contre la vitre.

Mais qu'est-ce qu'il fout ici celui-là !?