Chapitre 1

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La petite famille McAllister se promenait à travers le vide-grenier. La journée était belle et ensoleillée. La petite Anny regardait à droite à gauche en serrant très fort son doudou Bouppy, jusqu'au moment où son attention fût détournée du joli chien tout blanc à une poupée souillée dont le regard se portait sur elle. Ce pantin était assit contre un tas d'objets épars sur la tables ; des vielles lampes crasseuses, des cadres rouillés imitation or, de vieux livres flétris ainsi que des chandeliers rouillés dont la cire était restée collée contre l'argent imprégné de stries. Elle s'avança vers celui-ci en échappant à la surveillance de ses parents qui contemplaient une poussette dénuée de modernité. La poupée était en plastique dur, mesurait dans les 75 centimètres et son regard figé aux yeux bleus-gris foncés dévisageait l'enfant au travers de ses griffures et de ses tries accompagnés de crasses et de parties décolorées. Elle fût submergée d'admiration. Quand elle fût arrivé à la table de la vielle dame, elle contempla un instant le pantin puis s'adressa à cette dernière.

- Vous la vendez combien madame ?

- Mais enfin, fît sa maman qui venait de s'approcher, on ne va pas acheter une poupée aussi délabrée...

Le père les rejoignit et fronça les sourcils en voyant l'horrible jouet. La vielle dame s'approcha et sourit. La petite fille recula, un peu effrayée.

- Je vous la donne si vous le voulez, fit la vielle femme à demi chancelante, la voix affaiblie.

- Puis-je savoir d'où elle provient ? Demanda le père.

- Je ne me rappelle plus. Je l'ai retrouvée il n'y a pas longtemps au fond de mon grenier.

- On dirait une poupée de ventriloque.

- Je ne pense pas, il n'y a aucun système pour la manipuler de l'intérieur.

- Je peux peut-être la restaurer.

- Chéri, tu ne va pas acheter un truc pareil, fit la femme discrètement.

- Et pourquoi pas.

La fille tapa plusieurs fois dans ses mains et esquissa un grand sourire.

- 20 dollars s'il vous plaît.

La vielle dame tendit le jouet à Anny qui fit tomber Bouppy par-terre. Les yeux de son nouvel ami se retrouvèrent devant les siens ; son regard vide et mal-saint.

- Il s'appelle Zak, fit la vielle dame d'un œil à moitié torve.


Le soir, la petite famille soupait. Il faisait nuit. L'obscurité régnait dans la campagne. La lune éclairait les champs de sa lumière lactescente. Dans la vielle maison perdue au travers de cet espace lugubre, au travers des champs de blé, dressée comme un spectre fantomatique, une atmosphère calme berçait la petite famille qui mangeait la soupe. Nous étions le 15 octobre 1964 ; l'horloge raisonnait dans toute la maison, ses sons récalcitrants étaient présents partout ; dans le grand escalier, au deuxième étage, dans le grenier, jusqu'au coffre à jouets qui gisait dans la chambre de la petite Anny.


A minuit, le coffre s'ouvrit. Zak regarda un instant la petite Anny qui dormait dans son lit, puis il se cramponna à la bordure et mit les deux pieds au sol. Il s'approcha doucement de celle-ci. Elle serrait son doudou contre elle. Il leva la tête pour regarder le lustre, puis la grande fenêtre où perçaient les rayons obliques de la lune, puis se dirigea furtivement vers le couloir.

Celui-ci était long et spacieux. Il avança en franchissant le gros buffet où fumait un chandelier, puis plus loin une petite fenêtre à carreaux qui laissait couler la lumière blanche. Il tournait la tête lentement un peu partout pourvoir les différents recoins ; un plafond orné de motifs ondulés où logeait quelques toiles de poussière, du papier pain aux motifs de fleurs curvilignes sous une frise en bois d'un pseudo-style rococo. Il franchit la chambre des parents grande ouverte et descendit le grand escalier qui craqua légèrement sous ses pieds. Il dépassa l'ouverture qui donnait sur la salle à manger et sur le salon où les ombres des flammes de la grande cheminées dansaient sur le vieux planché, puis se dirigea vers la cuisine. Le carrelage à carreaux reflétait la lune d'une manière agressive. L'ombre de la poupée se dessinait sur le sol, longue et filiforme. Zak avança jusqu'à un tiroir, l'ouvrit tout doucement et y sorti un énorme couteau de boucher. « Hihihihihi... » Fit-il de son rire sardonique en contemplant le couteau qui brillait.

L'histoire de ZakDonde viven las historias. Descúbrelo ahora