un autre prince.

Depuis le début
                                    

— Son Altesse du Royaume de Duléthé a-t-elle changé ses opinions sur notre peuple ?

— Madame, répondit Sylan en s'inclinant. Je ne saurai manquer de respect au peuple d'Austhone, et encore moins émettre un quelconque jugement sur ses coutumes et traditions. Sachez que j'ai le plus profond respect pour vos valeurs, et je vous demande solennellement de ne point m'associer aux calomnies de mon Roi, qui ne reflètent ni ma pensée, ni celle de mon peuple.

Il se redressa, et croisa le regard des deux femmes qui lui faisaient face.

— Vos mots semblent sincères, Prince Sylan. Contrairement à ce que mes confrères se plaisent à conter, je ne suis point une querelleuse. J'espère faire preuve de discernement en vous accordant ma confiance. Nous avons fermé nos frontières en guise d'avertissement, mais votre roi a rompu les accords commerciaux dès lors que nous les avons rouvertes hier.

Un froid glacial s'insinua en Sylan. Rien n'allait plus, à Duléthé.

— Vous ne le regretterez pas, Votre Majesté. Dès mon retour au royaume, je prierai mon père de rétablir les accords qu'il a injustement brisé.

— Fort bien.

— Nous allons nous retirer, Votre Majesté, ajouta Ashleigh. Nous vous souhaitons une agréable soirée, que les festivités soient à la hauteur de votre bonheur, Votre Altesse.

— Je vous remercie, répondit la princesse en leur offrant un sourire étincelant.

Sur ces mots, ils se retirèrent. Nul besoin d'audience, Sylan pouvait se féliciter de son don pour apaiser les tensions. Si seulement cela pouvait également fonctionner avec son père.

Les quatre jeunes fougueux reprirent ainsi la route pour le duché de Chêne, afin de danser, rire et chanter avec le peuple, dans une ambiance bien plus décontractée qu'au palais royal. Le carrosse traversa le village décoré de lampions multicolores et animé de feux de joie dans les rues ; tout le monde célébrait la Renaissance de la Princesse Dély.

Lorsqu'ils sortirent du véhicule dans la cour du manoir, l'urgence de vivre et de s'amuser était devenu trop pressante pour être réprimée, et ils ne laissèrent pas le temps aux gardes de refermer les grilles, courant sous leurs yeux ébahis pour rejoindre la fête.

Pour la première fois, la Princesse Aline pu danser sans ses chaussures sans craindre de remontrances, et pour la première fois, le Prince Sylan accepta de bon cœur d'accorder une danse ou plus au Prince Ashleigh.

Le Prince d'Enlhiver faisait tourbillonner Sylan au rythme de la mandoline du forgeron du quartier, improvisé musicien pour la nuit, et il était à la fois étonné et enchanté de le voir tenir la cadence.

— Tu es aussi doué pour les danses de rue, le flatta-t-il en criant par-dessus la musique.

— C'est ma sœur qui m'a tout appris !

Ashleigh secoua la tête, amusé, et se pencha à son oreille.

— Sans vous offenser, mon prince, ce n'est point votre sœur qui m'intéresse.

Le rire de Sylan résonna en écho sur le son des instrument à cordes, et ils se mirent en ligne pour entamer une nouvelle danse. Face à eux, Aline et Garethy avaient bien du mal à se concentrer sur les pas, trop occupés à se faire les yeux doux.

Sylan passait sans aucun doute une des plus belles soirées de sa vie. Les troubadours jouaient leurs meilleurs morceaux et les enfants du quartier dansant en cercle autour d'eux.

Le PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant