CHAPITRE DEUX

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On s'embranche dans un couloir bondé d'élèves qui entrent et sortent des salles de classes à leurs aises. Ce n'est pas difficile de remarquer les regards en coin qu'ils m'adressent tous à mon passage. Mais c'est encore plus facile de les ignorer ou de paraitre menaçant pour les effrayer. Après tout, c'est ce qu'ils attendent de moi, la racaille des bas quartiers.

Au bout d'un moment, on finit par enfin s'arrêter dans un long couloir qui semble desservir de nouvelles salles de cours. D'un côté du mur il y a toute une rangée de casiers et de l'autre, des fenêtres qui donnent sur la cour. Je me retourne vers l'endroit d'où l'on vient. La classe me parait bien loin maintenant. Espérons que je parviendrai à retrouver mon chemin jusque là-bas.

- Voilà. Le 47 pour toi et le 45 pour moi, m'indique Gaspard.

Je baisse la tête vers le casier qui m'est attribué. J'ai toujours celui qui est tout en bas, m'obligeant à plier en deux mes grandes jambes. Je lève les yeux vers celui de mon voisin. Je le regarde, perplexe.

- On échange ? je propose subitement.

Il secoue la tête vigoureusement. J'espère qu'il est seulement soulagé et pas apeuré par moi. Je jette un coup d'œil à ma montre sans vraiment savoir combien de temps il nous reste pour manger.

- Tu sais, monsieur Richer est le prof le plus cool de ce lycée. On a de la veine de l'avoir pour prof principal.

- Mmh. J'attends de voir, je réponds les lèvres pincées.

- Au fait, moi c'est Gaspard.

Finalement il n'est peut-être pas si peureux que ça. Je considère longuement la main qu'il me tend. Est-ce que c'est une bonne idée qu'il soit ami avec moi ? Ou moi avec lui ? Par politesse, je me décide à reconsidérer cette amitié plus tard et à lui serrer la main.

- Léo...

- Léonard Travenner, me coupe une voix dans un haut-parleur. Vous êtes attendu au bureau du CPE.

Je lève le doigt vers cette voix grisante qui répète son message.

- C'est moi.

Je m'éloigne dans le couloir que l'on vient de traverser et soudain je me retourne ne sachant pas où aller.

- Tu ne saurais pas où se trouve le bureau de ce CPE par hasard ?

Gaspard sourit et me rejoint :

- Je t'accompagne.

Cette fois, les gens ne font plus seulement que me fixer mais ils s'écartent pour me laisser passer. Et je souris. Parce que c'est ce que j'aurais fait dans mon ancien bahut. Je n'ai pas peur. Du moins, je ne leur montre pas.

On s'arrête devant une porte. Je remercie Gaspard avant de toquer.

- Entrez.

J'ouvre. La pièce est déjà bien remplie. D'abord il y a le CPE, à son bureau. Un homme plutôt âgé, qui, à la première occasion va revendiquer son expérience et la tradition qui règne dans ce lycée. Derrière lui, mon professeur principal. Puis il y a cette fille, que je ne prends même pas le temps de dévisager. Je m'assois sur le siège libre à côté du sien.

- Léonard. On est très content de t'accueillir dans notre établissement. On espère que tu t'y sentiras à ton aise.

Quand ces petits richard arrêteront de me défigurer à chacun de mes pas, peut-être.

- Nous avons eu vent de ton parcours scolaire. Nous avons préalablement, rencontré Frédérique, ton éducatrice. On a convenu d'un suivi éducatif adapté qui sera composé de deux parties nous concernant.

Les autres peuvent bien aller se faire voir - T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant