Build With Two... Make It Three!

9.

-Aiden...Tout va bien ?

-E-enlève moi ça s'il te plait...

-Q-que...Quoi ? Mais ça te va super bien ! Tu n'as pas l'air plus féminin je t'assure.

-Arrête..je t'ai demandé de me retirer ...ces trucs s'il te plaît.

-M-mais Aiden !

-Il n'y a pas de mais..! Nan.. écoute tu sais quoi laisse tomber je savais que c'était une mauvaise idée...Dis à Alec que j'ai eu un contretemps...

-Quoi...Mais tu vas où comme ça..!

L'étudiant en stylisme s'exclama à l'intention de son modèle d'un soir alors que celui-ci se levait pour sortir en trombe de la pièce. Sans vraiment pouvoir le rattraper, vu la furie en laquelle il s'était transformé, il resta tout penaud, les bras pantelants contre l'embrasure de la porte. Il ne comprenait pas vraiment ce qui venait d'arriver, mais il avait l'étrange et désagréable sentiment d'avoir fait quelque chose de mal. D'avoir blessé ou mis mal à l'aise son cadet. Et ce n'était absolument pas son intention. Il voulait simplement que ce dernier se sente beau et bien dans sa peau. Et il avait l'impression d'avoir fait tout le contraire. Un soupir s'échappa de ses lèvres qu'il n'avait cessé de mordiller depuis le départ du grisé, fermant finalement la porte pour ramasser son matériel, les mains légèrement tremblantes, ses doigts fins s'activant à refermer les palettes et ranger les pinceaux qu'il avait sorti et utilisé auprès du plus jeune. Son regard semblait vide, et ses paupières décorées de couleurs chatoyantes tressaillaient à chacun de leurs battements.

La porte de la salle de bain s'ouvrant sur l'athlète à présent propre le fit sursauter, une gouttelette d'eau salée faisant son chemin de ses yeux humides jusqu'au parquet ciré et propre de leur colocation. Le brun fronça les sourcils trouvant son ami habituellement plutôt agaçant et bruyant étonnamment silencieux et perturbé. Mais c'est en remarquant l'absence de son protégé qu'Alec commença réellement à s'inquiéter prenant la parole d'un ton anxieux et interrogatif.

-Où est Aiden ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

-Il-..il est retourné à sa chambre. Il...un empêchement.

-Mh...Et la vérité ?

-Je crois que...Que j'ai fait quelque chose de travers..Je..je voulais pas je t'assure ! Je ne comprends vraiment pas !

-Okay, okay calme toi et raconte-moi.

-Je... J'ai un peu arrangé sa tenue, puis je lui ai proposé...enfin ouais...je l'ai poussé à s'installer pour faire son maquillage..

Alec s'arrêta un instant dans son mouvement alors qu'il enfilait lentement son pantalon, mordillant ses lèvres, inquiet. Bien évidemment que Gray ne pouvait pas le savoir, et il n'avait certainement pas pensé à mal, mais à présent il comprenait la raison du départ d'Aiden. Il ne voulait pas que son ami d'enfance se sente coupable, mais il se devait aussi de lui faire comprendre le comportement de leur cadet.

-Okay c'est bon j'ai compris, ne t'en fais pas.

-Q-quoi ? Qu'est-ce qu'il a ?

-C'est...compliqué.

Le brun soupira, terminant de s'habiller, avant de s'approcher de Gray déposant sa main sur la joue du garçon inquiet et chamboulé. Il l'observa dans les yeux et prit le plus calmement possible la parole, un doux sourire rassurant aux lèvres.

-On va passer devant sa chambre avant d'aller à la fête okay ? Tout ira bien.

-Si tu le dis..

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Après avoir traversé les couloirs en marchant précipitamment, Aiden avait avec une difficulté certaine due à ses tremblements incontrôlables, ouvert la porte de sa chambre, et s'était engouffré dans l'espace tombant pratiquement immédiatement à genoux contre le parquet en un bruit sourd qui lui serait certainement reproché par ses voisins d'en dessous. Ses clefs glissèrent au sol alors que la porte claquait derrière lui le faisant sursauter. Se baladant à quatre pattes dans la pièce sombre dans laquelle il vivait puisqu'il n'avait pas pris la peine d'appuyer sur l'interrupteur à son entrée, Aiden se retrouvait rapidement à genoux face à sa trousse de toilette à la recherche d'un tissu. Ses mains tremblantes il renversa un peu de solution micellaire sur le tissu trouvé, ne prêtant que très peu attention aux gouttes qui tombèrent au sol. Menant le tissu humidifié qu'il avait à la main jusqu'à son visage il tenta désespérément de frotter sa peau pour se débarrasser de toute trace de maquillage, sa respiration sifflante du mal être qui l'engloutissait résonnant dans la pièce.

Des sillons de larmes faisaient leur chemin sur ses joues rouges d'autant maltraiter ses traits pour essayer d'effacer les traces de la cause de sa peine vive. Une douleur qui s'insinuait en sa personne le faisait trembler, un sanglot étranglé en travers de la gorge. Il avait des difficultés à respirer correctement, n'ayant qu'une chose en tête pour l'instant, rendre son visage à nouveau vierge.

Ses doigts tremblaient vivement, et il se sentait sombrer au fur et à mesure. Sa vue se trouvait rendue floue par les larmes qui trahissaient ses sentiments destructeurs. L'espace d'un instant, il était revenu auprès de Gray à l'époque où sa génitrice le forçait à porter du maquillage tous les jours, pour l'obliger à accepter sa condition. Chose qui n'avait pas vraiment marché, et qui avait simplement traumatisé le grisé, qui détestait à présent la simple idée d'être forcé à ressembler à une fille à nouveau. Il savait que porter du maquillage ne faisait pas de lui une fille, ou de qui que ça soit d'ailleurs. Mais sa dysphorie se faisait si forte qu'il ne pouvait contrôler ce genre de pensées. Il avait mal, et une fois son visage rendu brûlant d'avoir été agressé, il se laissa retomber en boule contre le sol froid, sa peine s'échappant finalement en sanglots qui déchiraient le silence de sa chambre en traversant la barrière de ses lèvres gercées, ces dernières portant encore la trace de la teinte rouge qu'elles portaient au bon vouloir de Gray quelques minutes plus tôt. Il se fichait bien de faire du bruit en pleurant à cet instant. Il ne se sentait pas vraiment capable de tout garder à l'intérieur. Les nuits avaient toujours été difficiles pour le garçon, encore plus quand l'obscurité rongeait son esprit affaibli de mauvaises pensées qui le détruisaient à petit feu.