Un amour de chirurgie

1. Le commencement

Je me lève, je me douche, je me lave les dents, la routine. Je suis particulièrement stressée ce matin. Aujourd'hui c'est mon premier jour. Je regarde ma montre, 7h30, mince je suis en retard pour mon premier jour, ça commences bien ! Je saute dans ma voiture et je me gare devant le service de chirurgie. Je cours, et arrive devant une double porte vitrée. Je m'arrête et remarque que j'ai du mal a respirer. Je prends une grande inspiration.

" C'est ça, ça y est, on y est "

Je n'arrives pas à croire que c'est le moment, c'est arrivé, le moment que j'attends depuis une décennie est arrivé. Une infirmière me voit de l'intérieur. Elle s'approche de moi, la double porte s'ouvre. Elle me demande :

" - Vous allez bien ? Vous avez besoin d'aide ?

- Oh ! Désolée, aujourd'hui c'est mon premier jour d'internat.

- Tous les internes font la même chose, ils s'arrêtent devant cette porte et ne bougent pas pendant 5 minutes au moins.

- Je m'appelle Sarah.

- Moi c'est Aurélie, on se recroisera peut-être un jour, j'ai beaucoup de travail, je peux te laisser là ?

- Oui, je devrai probablement y aller."

J'arrive dans les vestiaires, il y a au moins 13 personnes qui se changent. Je me change, met ma blouse, accroche mon stéthoscope autour de mon coup. J'entends mon prénom :

" Sarah, Elisabeth, Paul et Julie, vous êtes avec Bastien."

Je me dirige vers les autres internes. Je demande à une autre interne :

"- Tu es Elisabeth ?

- Raté, moi c'est Julie.

- Moi c'est Sarah.

( J'entends une voix masculine )

- Hey ! Sarah c'est ça ?

- Euh.. Oui ? Et tu es ?

- Moi c'est Paul, enchanté !"

On arrive devant un homme, blond aux yeux bleus, séduisant.

" - Moi c'est Bastien, je suis votre résident pendant les trois prochaines années. Voici vos bipeurs et le protocole de réanimation. Vous êtes bipés, vous répondez et vous mettez pas trois heures à arriver. Dormez quand vous pouvez, si vous avez des questions, demandez-moi, si je ne suis pas là ou que je suis au bloc, demandez aux titulaires et aux autres résidents. C'est compris ?

- ( tous en cœurs ) Oui

- Ok, Sarah avec moi en Neuro, Paul en cardio, Julie en pédiatrie et Lizzie en général."

Les internes s'en vont, je me retrouve seule avec Bastien. Je veux me concentrer mais tout ce que je vois c'est sa beauté. Il me tire de mes pensées : 

"- Viens, on a un trauma"

Je le suis jusqu'aux urgences.

Les ambulanciers décrivent le cas : 

"- Accident de voiture, pression 13/8, Glasgow à 13."

Je vérifie ses pupilles.

" Pupilles contractées. On injecte du Narcan ? 

- Fait voir. ( vérifie les pupilles ) Ouais, très bien, je pense à une overdose d'opioïdes."

La journée est bientôt finie. Le patient s'enfonce. Bastien dit : 

"- J'ai plus de pouls. Commence les compressions. Tu sais comment on fait j'espère ?  

- Oui.

- Monte !  Et continue les compressions.

- Je sais. ( Je sens du sang sur mes mains ) Plaie pénétrante à la poitrine. 

- Asystolie, descends. Chargez à 300 ! Dégagez ! Chargez à 360 ! Dégagez !"

Je vois ces mêmes gestes pendant 8 minutes. J'attrape le bras de Bastien. Il est mort.

"- Heure du décès, 21h09"

On imagine pas la mort, jusqu'à ce qu'on la voit. J'ai les larmes aux yeux. J'enlève mes gants et la protection de ma blouse. On ne sait jamais comment on réagit ou réagira face à la mort. Je ne réalisait peut-être pas ce qui m'arrivait. Je regarde ma montre, 21h16, je dis a Bastien :

"- Je vais dormir tu devrais essayer."

J'entends toquer à ma porte quelques minutes après être entrée. J'ouvre, c'est Paul. Je réalise tout juste ce qui c'est passé et quand il me demande comment je vais je m'effondre en larmes. Il me relève et m'assoit sur mon lit. Il me regarde dans les yeux et m'embrasse. Je l'embrasse en retour. Il met ses mains autour de ma taille et je met mes mains autour de sa nuque. On commence à aller sous les draps. Je ne vais pas vous en dire plus, je crois que vous avez compris. Il s'habille. Je l'embrasse une dernière fois avant qu'il sorte.

Mes paupières deviennent lourdes. Je m'endors