Chapitre 13 : Le maire

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Un peu plus tard dans la journée, Gaston se rendit au commissariat de police, plus précisément dans les archives et il commença à fouiller parmi des papiers mal rangés afin de trouver quelque chose qui puisse l'intéresser. Il tomba sur une affaire non-classée qui l'avait autrefois beaucoup occupé : l'affaire « DI-0 ». Afin de vérifier si toutes les informations qu'il avait trouver y figurait, il fouilla toutes les pages une à une. L'affaire était en apparence simple : Cajetan Eknes avait brûlé le Midnight-City Hôtel avec l'aide d'autres mafieux. Y avait péri de nombreux résidents dont son ex-femme, Yuna Eknes qui était devenue entre temps la femme de Zyad cependant, un point restait en suspens dans l'affaire : Le motif.

Quand bien même le mafieux avait voulu se débarrasser de Yuna après qu'elle l'ait trompé avec le pauvre garçon qu'il s'était efforcé de maltraiter des années durant ; on avait déceler qu'il avait obtenu, quelques jours avant que l'affaire prenne place, un virement de la part d'un étranger. Le virement, d'une valeur assez élevé, lui avait permis de s'équiper pour son crime. Pourtant, encore aujourd'hui, personne n'avait été capable de déterminer qui était à l'origine du virement. Certains avaient soupçonnés le maire qui était resté Hyacinthe Ertopa. Toutefois, ce dernier avait juré ne pas être lié à l'affaire et il avait un solide alibi : Une partie de sa maigre fortune avait été dérobée quelques jours plus tôt.

Le maire d'ailleurs, il venait d'apparaître derrière Gaston avec son air jovial habituel. Cet air qu'il tenait était censé rassurer et pourtant, la seule chose qu'il faisait ressentir à Gaston était un agacement terrible ; comme si le sourire de cet homme essayait de faire silence sur les crimes qui se produisait à l'extérieur. Certes, un homme ne pouvait pas à lui seul protéger un pays mais s'il en était incapable, il n'avait pas à sourire sans aucune raison à chaque discours, chaque discussion, etc... Cela partait d'un bon sentiment mais ce bon sentiment, Gaston le méprisait quand bien même il faisait la même chose. Le devoir l'appelait sans cesse en ville. Des fois, il arrivait trop tard et il y avait des morts et même en sachant cela, Hyacinthe continuait de sourire comme si de rien était :

- Vous cherchez quelque chose ?, demanda alors le maire, coupant le policier dans sa réflexion.

Gaston n'avait nullement envie de répondre à la question de Hyacinthe qu'il méprisait pour sa candeur ahurissante. À la place, il demanda, d'un air effronté :

- Monsieur le maire, comment faites-vous pour toujours sourire alors que dehors, des gens meurent ?

L'autre resta perplexe un moment avant de déclarer :

- J'essaie de rester positif...

Ainsi donc, ce maire de malheur n'était pas aussi stupide qu'il ne le paraissait ? Essayait-il vraiment de se contrôler ou était-ce là des balivernes destinés à clore le débat ? Gaston l'ignorait mais sa curiosité venait de s'intensifier :

- Vous ne pensez pas que ça puisse énerver des gens de vous voir sourire ainsi malgré le monde dans lequel on vit ?

- Quand j'étais petit, j'ai été pris pour cible d'un viol. À ce moment là, un homme, mon mentor m'a sauver. Désirant ardemment venger l'affront qui m'avait été fait, il s'est mit en tête de tuer la femme derrière cette tentative de rapt et lorsqu'il lui mit enfin la main dessus devant le fait accompli, il l'assassina sans la moindre hésitation. Un coup aux yeux, l'autre au coeur. Malheureusement pour lui, cette femme faisait partir du vaste dessein d'un culte vieux d'avant la Troisième Guerre Mondiale. Le pauvre s'est fait lapidé sur la place publique de Dawn-City tandis que je regardais larmoyant la scène. À un moment que les larmes avaient cessés de m'aveugler, je le vis, allongé paisiblement au sol, sourire au lèvre et je compris alors que même devant la mort, il fallait continuer à sourire. Il fallait se moquer indéfiniment de ceux qui causaient du tort, jusque dans la mort même... Est-ce que vous comprenez, maintenant ?

À vrai dire, Gaston s'était arrêté sur la partie suivante du discours du maire : « Un coup aux yeux, l'autre au coeur ». Il s'était lourdement souvenu du jour où il avait assassiner violemment la femme qui l'aimait grâce au même procédé et tandis que son pouls augmentait, il essayait de le calmer en se répétant « Non, elle ne m'aimait pas ; ce crime était le fruit d'un autre ». En attendant, il ne répondait pas au maire qui croyait deviner que Gaston avait été choqué par son passé :

- En plus de nous permettre de nous moquer de ceux qui nous cause du tort, le sourire permet aussi de contenir nos émotions, ajouta Hyacinthe.

- Vous avez déjà vu quelque chose que vous ne sauriez expliquer ?, demanda alors Gaston, coupant court aux théories que se créait Hyacinthe à son sujet.

- Qu'est-ce que vous entendez par là ?

Le sourire candide de Hyacinthe venait de s'effacer pour une expression faciale des plus sérieuses :

- Des choses... Mystiques, par exemple, reprit Gaston.

- Je n'ai jamais rien vu de tel, rétorqua Hyacinthe tandis que son regard affirmait le contraire.

- Bien entendu...

Gaston voulut couper la conversation, comprenant que son adversaire commençait à lui mentir mais celui-ci revint en force en demandant :

- Où avez-vous vu ce genre de chose ?

- Dans des livres..., répondit Gaston qui espéra alors recevoir un message pour le sauver de la situation dans laquelle il venait de se mettre.

Soudain, il y eut une vibration puis une seconde sur le téléphone de Gaston qui consulta immédiatement son portable : C'était Vladimir qui souhaitait que le jeune policier le rejoigne à la sortie d'une route départementale près de Dawn-City :

- Ah, désolé, je crois qu'on m'attend !, lança alors Gaston tandis qu'il commençait à partir.

Hyacinthe reprit alors son sourire habituel tout en lui souhaitant une bonne soirée. Aussi, il avait cru remarquer en zieutant le portable de son adversaire, que ce dernier comptait se rendre sur la route fermée de Dawn-City contre le gré de l'un de ses amis d'enfance, un certain Zyad qu'il savait prêt à tout pour cacher le secret de sa famille adoptive...

Dark Heaven I - A Policeman's TaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant