𝐅𝐨𝐫 𝐄𝐭𝐞𝐫𝐧𝐢𝐭𝐲 ⍪ 𝐒𝐞𝐮𝐧𝐠𝐣𝐢𝐧

↳Ｆｏｒ Ｅｔｅｒｎｉｔｙ

D'une légèreté sans pareille et d'une précision infinie, il dessina les fins traits du visage d'une adolescente venue chercher un portrait pour quelques misérables pièces. Elle regardait le jeune homme face à elle en souriant légèrement, assez intimidée devant un visage si mignon, rappelant celui d'un petit chiot.

Seungmin était vraiment très concentré ne voulant en aucun cas décevoir la jeune fille, et malgré son talent en dessin, il avait peu confiance en lui. Pourtant, il était extrêmement talentueux, il possédait une beauté singulière et une fébrilité inée, volant le cœur de certains passants, dont celui d'un grand brun aux lèvres charnues qui habitait dans un petit appartement modeste donnant sur la rue où le rougeâtre gagnait sa vie comme il pouvait pour subvenir aux besoins de son petit frère de sept ans.

Le noiraud avait toujours été attiré par ce jeune garçon au visage d'ange, dessinant tout au long de la journée des portraits plus magnifiques les uns que les autres. Il lui avait tout de suite tapé dans l'œil, sa délicatesse, sa douceur, son visage passionné lorsqu'il faisait ce qui l'animait, son léger sourire lorsqu'il était satisfait de son travail, la fierté dans son regard quand les passants le complimentaient pour ses œuvres... Tout chez ce petit rougeâtre l'avait fait tomber pour lui chaque jour un peu plus. Néanmoins il ne savait rien de lui à part qu'il était
immensément talentueux et dévoué, ça le frustrait, il avait envie de le connaître, d'être proche de lui, de pouvoir le consider comme plus qu'un simple dessinateur... Ça le hantait et il y pensait chaque heure, chaque minute, chaque seconde.. Il était toujours dans sa tête, lui, le dessinateur de rue, à qui il n'avait jamais adressé un seul mot, une seule phrase. Il ne connaissait même pas le son de sa voix... Seulement, il était bien trop timide pour lui demander quoi que ce soit, alors il passait simplement devant lui pour aller à son université, tentant de ne lui jeter aucun regard pour ne pas paraître trop suspect ou bizarre.

Mais ce que Hyunjin ne savait pas, c'était que le rougeâtre le connaissait et l'observait lui aussi, chaque fois qu'il passait devant lui, les cheveux toujours bien coiffés, sa tenue toujours à la pointe de la mode, son aura semblable à celle d'un mannequin célèbre... Il était si différent de lui... Lui était toujours habillé vulgairement, portant souvent les mêmes habits plusieurs jours de suite, les cheveux pas coiffés et en bataille, jamais il ne se serait imaginé que lui, le garçon seul et inintéressant serait l'objet des tourments de ce garçon si subjuguant. C'était tellement improbable mais si vrai. Tous deux possédaient un charme magnifique et aucun d'eux ne s'en rendaient compte, alors malgré leurs différences visuelles, ils se ressemblaient au fond.

Le rougeâtre avait tendance à se dévaloriser comme le noiraud, le noiraud était timide comme le rougeâtre, le rougeâtre observait en silence comme le noiraud, le noiraud aimait le rougeâtre, le rougeâtre aimait le noiraud. Tant de ressemblances pour ne pas que cela soit un hasard mais plutôt le destin, ne croyez-vous pas ?

Cependant, le noiraud comme le rougeâtre étaient ignorants de la situation, deux âmes liées sans le savoir, deux destins sellés mais inavoués.

Alors le noiraud continuait de passer chaque matin devant le petit établis du dessinateur sans lui jeter le moindre regard comme s'il faisait parti du décor pour ne pas se trahir, et le rougeâtre continuait de dessiner chaque jour devant l'appartement de l'étudiant sans se rendre compte des regards emplis d'admiration et d'amour qu'il recevait. Ainsi va la cruauté du monde, enfin, c'était sans compter le grand brun qui avait décidé de ne pas laisser filer entre ses grands doigts, l'espoir qu'il s'était forgé de pouvoir approcher son dessinateur. Non, il avait décidé de se prendre en main et de réunir tout le courage qu'il avait en lui pour adresser la parole à son rougeâtre.

Il attrapa alors un billet traînant sur la table basse, au préalablement disposé pour ce jour qui allait signifier le commencement de tout, le début du « nous » et la fin du « je ».