Chapitre n°4-Partie I: 1914

14 4 9
                                    

Chloé semblait réellement désarçonnée par ce qu'elle venait d'apprendre que ça ne fit qu'empirer la pitié de Charles pour la jeune femme. Elle semblait tellement innocente en un sens, tellement fragile qu'il se sentait comme dans l'obligation de la protéger. Et puis elle était si belle, bien que Charles ne se sente point concerné par l'amour. L'Amour, c'était quelque chose pour les riches qui avaient la capacité de pouvoir perdre du temps avec les sentiments. Un homme de la ferme devait rester concentré sur ce qu'il faisait. Mais au fond Charles aurait adoré aimer, et être aimé. Mais il n'avait jamais pris le temps d'accorder de l'importance aux femmes, concentré sur le fait de faire vivre sa famille. Il avait cependant grandi dans l'amour de sa mère, qui couvait beaucoup toute la famille, au détriment de sa propre personne. Parfois, Charles faisait des choses stupides juste pour sortir de cette surprotection, comme par exemple monter dans un arbre et en tomber pour finalement s'érafler toute la jambe gauche dans sa chute.

La mère de Charles était morte quand il avait quinze ans, et qu'il aidait son père à la ferme. Elle avait été emportée par la tuberculose, apparue à cause de la mal nutrition de la mère de famille, qui préférait donner plus dans les repas des gens qu'elle aimait plutôt que de manger elle-même. Elle prétendait constamment avoir manger suffisamment, n'avoir pu attendre le diner et s'être sustentée plus tôt, mais finalement, la maladie l'emporta. Son mari était alors devenu triste, renfermé sur lui-même. Depuis ce jour-là, Charles était persuadé qu'au fond l'Amour ne faisait qu'apporter le malheur aux gens qui s'aimaient, destinés à devoir être séparés de ceux qu'ils idolâtraient de sentiments.

- Charles ?

La douce voix de la jeune femme qu'il avait aidée le sortit de sa rêverie et de ses souvenirs douloureux. Il reprit le fil de ses pensées, secouant doucement la tête comme pour se réveille.

- Oui ?

- Vous allez bien ? Vous semblez un peu perdu.

C'était fou, elle avait prétendument atterri à une époque qu'elle ne connaissait pas, elle était perdue elle aussi, autant dans sa peur que dans ses pensées que dans la ville, et elle prenait le temps de lui demander à lui si ça n'allait pas. Cette jeune femme était fascinante.

- Non, non, tout va bien, ne vous en faites pas.

- Venez, lui fit-il, le prenant de cours.

Elle le prit par la main, comme un enfant que l'on guide. Où pouvait-elle bien l'emmener dans une ville qu'elle ne connaissait pas, enfin pas encore. Elle l'entraina dans une rue débouchant sur la place de La République, près d'un Théâtre. Là, elle le fit s'asseoir sur un banc. L'endroit avait tout pour un rendez-vous galant, et Charles douta sur le fait qu'elle avait choisi ce banc au hasard

- Ecoutez, dit-elle en le fixant dans les yeux. On ne se connait pas depuis très longtemps, mais je voulais vous remercier sincèrement pour votre aide. Vous vous doutez sans doute que ce n'est pas une grande envie pour moi que de passer le reste de ma vie ici, mais je me dis que si c'est avec vous, on pourrait peut-être devenir amis. J'ai l'impression qu'il y a quelque chose de chimique entre nous.

- Chimique ? fit Charles, ne comprenant pas le sens du mot.

- Oui, comme quelque chose qui nous relie tous les deux. Vous êtes la seule personne que je connaisse et qui soit gentille avec moi. Vous avez l'air d'avoir de bonnes valeurs, d'être quelqu'un de bien et j'aimerais beaucoup en apprendre plus sur vous. Mais j'ai l'impression que quelque chose vous tourmente. Qu'est-ce qu'il y a ?

Charles fut surpris par l'esprit de la voyageuse. Elle semblait savoir comment lui parler, comme s'il n'était au fond qu'une personne à rassurer, et que c'était lui qui avait besoin d'aide, pas elle. Habillée de la sorte, Charles eut du mal à se dire qu'elle n'était pas de cette époque.

L'Avenir au PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant