Prologue - William et Henry

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Il était une fois...

« Un prince ! » vont s'exclamer les plus jeunes lecteurs.

Non, vous vous trompez ! Il était une fois un homme au bout du rouleau.

Un homme si abîmé, qu'il en avait payé de son humanité.

Brisé peut-être, par quelques tourmentes démesurées qui avaient finies par pousser comme des herbes folles entre ses synapses.

Un coup de tondeuse aurait éventuellement suffit à tout arranger ; à tout couper court pour être honnête. Mais l'homme en question était désobéissant, et avait appris à dompter ses propres peurs à ses dépens.

Autant résumer son caractère par un carré de gazon mal coupé dont les brins de pailles desséchés embrassaient la barrière de bois pourri ; un jardin délimité mais effroyablement emmêlé !

En outre, c'était un homme de sang chaud, jamais apaisé, souvent impulsif et énervé.

Si seulement il avait appris à changer plus tôt ...

Alors jamais il n'aurait commis l'irréparable.

Mais ce que l'homme ignorait, c'est que la roue du dharma tournait.

Et tôt ou tard, on finit toujours par récolter ce que l'on a semé.

Alors il aurait mieux fait de prendre son courage à deux mains, franchir le cap et arracher vivement, lentement, mais surement, toutes ces mauvaises herbes qui envahissaient son jardin.

Assumer ses actes également.

Il se serait épargné le pire.

Et c'est au prix de sa conscience et de sa paix intérieur qu'il en assuma la responsabilité.

♣♦♥♠

Lui c'est Henry, un vrai bout en train. Un homme très ambitieux à son âge, il envisage encore de grands projets. Par monts et par vaux il distribue des emplois, cherche des collaborateurs ou des sponsors.

Après avoir voué la plus grande partie de sa vie à la mécanique, il s'est juré de jeter un jour ses plus grandes œuvres sur le devant de la scène, au milieu des strasses et paillettes, de la joie et des cris des gamins.

William, lui est le genre de personne à faire des promesses en l'air. Autant en emporte le vent, il parle, il parle, mais au final, rien ne se passe. Le comble est qu'il s'est toujours arrangé pour détourner cette vérité. Donc au final, pourquoi se démener ?

Mais aussi étonnant que cela puisse paraitre, ces deux personnages à la silhouette singulière s'entendaient comme les cinq doigts de la main.

Mais plus loin que le bout de leur nez, ils ne voyaient pas, ils ne comprenaient pas. Ce qu'il y avait derrière, c'était un tout autre champ de vision. Ils leur étaient impossibles de décrypter la vraie nature de l'autre.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, c'est William qui proposa l'idée.

Un soir d'été, presque d'automne, alors qu'ils baladaient leurs gosses après l'école │ Sammy, Vincent et Elizabeth à bout de bras, en entendant que Michaël et Charlotte n'étaient pas là│ sous la réflexion d'un des enfants, il s'écria :

« Mais... Henry ! Tu as toujours été passionné par la mécanique, les automates, tout ça... Je connais aussi ton penchant pour la cuisine mon ami. Pourquoi ne pas monter une compagnie de restaurants où l'on produirait des Animatroniques en show et où l'on servirait de la nourriture rapide qui ravie les petits comme les grands ?! »

D'abord, il fut rebuté, voire inintéressé. Mais après avoir rejugé la question, il se souvint de sa volonté à trouver un endroit où ses enfants pourraient s'amuser, passer leurs journées, que ce soit pour faire leurs devoirs ou juste tuer le temps.

Mais Henry répondit seulement :

« Mouais. On verra. Je suis un peu fatigué là, maintenant. »

Pourtant, la terrible idée d'Afton chamboula Henry. Pas jusqu'à lui faire passer des nuits blanches, mais assez pour embourber ses idées dans une pâte coriace et visqueuse dont il n'arrivait à se débarrasser.

« C'est chiant l'amitié » Songeait-il.

« Ça te connait par cœur et ça te donne des conseils. Tu perds tes repères, et te voilà totalement perdu. »

Du moins c'était la piètre vision de monde d'Henry dans ses états d'incertitude.

Mais voilà, il ne lui fallut pas plus de trois jours pour faire son choix,

Définitif.

Il lui téléphona immédiatement, enjoué et motivé :

« Hé William ! On commence quand ?!

- Attend quoi ?

- Ça y est ! C'est décidé, je me lance ! »



Les débuts furent fructueux, quoiqu'un peu trop illusoires.

Les deux compères avaient racheté une vieille salle de danse pour commencer l'essai en New Harmony, là, dans l'état de l'Indiana aux États-Unis.

Et ça avait fonctionné.

Tandis que Henry commençait à se reposer sur le succès de son marché, William sentait déjà l'ennui le gagner. Il s'était bien amusé à créer cette société, mais il sentait déjà le mou de la réussite s'étendre sur son corps. Il avait donné l'idée, mais c'est Henry qui avait tout dirigé.

Comment en tirer satisfaction ?

Au fond, il n'avait jamais accompli quelque chose.

C'est surement ça qui le faisait durement souffrir.

Il était de plus en plus impatient, de plus en plus énervant, stressant et irritable.

Et lorsque ce genre de changement s'opère, cela n'indique rien de bon.

Il allait tenir encore un mois, voire moins, deux semaines,

Avant de craquer et se montrer réellement.

Et là, Henry allait comprendre pourquoi l'habit ne faisait de pas le moine.

Chut! Et rechute -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant