Chapitre 2

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« Vous avez vu mon frère ? »

Sa voix est haletante et son regard, désespéré. Je ne parviens pas à me souvenir de son nom, mais ma puce m'informe qu'elle est le numéro 623. Sofia lui jette un regard étrange puis répond :

« Comment ça ? Personne n'a de frère ! »

C'est vrai, pour l'info. Aucun d'entre nous n'a de parents ou de frère et sœur car nous sommes crées scientifiquement.

« Eh bien, ce n'est pas réellement mon frère, mais nous avons été crées le même jour, alors... C'est presque la même chose.

-Non, réplique Sofia. Ça ne l'est pas du tout.

-Ne soit pas impolie, intervient Noah en voyant l'air dépité de l'autre fille. C'est qui, ton frère ? »

La fille, dont le nom se révèle être Iris, nous explique que son frère Nate, le numéro 624, a disparu hier et que depuis personne ne semble se rappeler de qui il est. Pour être honnête, je n'ai moi-même aucune idée de qui il est mais elle semble tellement contrariée que je me retiens de le faire remarquer. En fait, même ma puce m'informe qu'il n'existe pas de numéro 624.

« Je peux t'aider à le retrouver, si tu veux, lui proposé-je. Ça ira plus vite si on est deux ! »

Iris accepte, et je la suis à travers les couloirs d'Eden pour trouver Nate. Nous le recherchons durant une heure. Une heure passée à interroger tous les Scientifiques mais également tous les hommes et femmes d'autres fonctions qui croisent notre chemin ; sans succès. Nate demeure introuvable. C'est comme si il n'avait jamais existé.

« Je ne suis pas folle ! s'exclame finalement Iris. Nate existe vraiment, tu dois me croire !

-Je te crois, lui déclaré-je. On le retrouveras plus tard, je te le promets. C'est pas comme si il pouvait être ailleurs que dans cette tour ! »

Elle acquiesce en souriant faiblement puis nous retournons à notre emploi du temps. Le reste de la journée s'écoule normalement, à l'identique de chacune des journées que j'ai vécues depuis que je suis venue au monde. La nuit finit par arriver, et je me couche sans avoir la moindre idée de qui est Nate et s'il existe vraiment.

Le lendemain matin, lorsque je me réveille, je me souviens avoir rêvé d'Iris, perdue dans une forêt sur Terre. Une forêt que je n'ai bien sûr jamais vue, et que je ne verrais jamais, mais dont j'espère plus que tout n'avoir ne serait-ce qu'un minuscule aperçu. Lorsque je raconte mon rêve à mes amis, Sofia rit et s'exclame :

« C'est fou, les rêves que tu peux avoir ! Moi, je n'ai jamais rêvé de rien !

-Moi non plus ! ajoute Noah. Au fait, c'est qui Iris ? »

Je souris et lève les yeux au ciel.

« Très drôle, Noah.

-Non, je suis sérieux, répète-t-il. C'est qui ?

-Tu te moques de moi ? Elle est venue à notre table hier pour nous demander si on avait vu son frère !

-Mais personne n'a de frère, fait remarquer Sofia.

-C'est exactement ce que tu as répondu ! »

Sofia fronce les sourcils et me regarde comme si je perdais la tête.

« Tu vas bien, Allie ?

-Évidemment que je vais bien ! Je vais aller chercher Iris et vous verrez que c'est vous les cinglés ici ! »

Avant de donner à mes amis le temps de répondre, je me lève de ma chaise et me rend à la table d'à côté pour leur demander s'ils ont vu Iris. La réponse est non, et ils me demandent qui elle est. Je m'apprête à leur donner son numéro lorsque je réalise que j'ai n'ai aucune idée de ce que c'est. C'est impossible, je l'ai appris hier ! Je consulte les données de ma puce mais elle m'informe que personne ne m'a parlé hier matin à 8h07 hormis le numéro 614 – Noah et le numéro 620 – Sofia. Je m'arrête à toutes les tables de la cantine pour savoir si quelqu'un sait où est Iris, ou juste si quelqu'un se rappelle d'elle, mais la réponse est toujours la même : non.

Alors que je commençais à penser que je perdais la tête, un Policier chargé de surveiller la cantine vient me voir pour me demander si j'ai perdu quelque chose. Je lui explique que je n'arrive pas à retrouver mon amie et que ma puce est incapable de la localier et, sans poser davantage de questions, il m'ordonne de le suivre jusqu'aux bureaux des Mécaniciens chargés des réglages de la puce. Je le suis sans discuter. J'ai tellement hâte de retrouver Iris et de prouver à Noah et Sofia que j'avais raison !

Cependant, en chemin, j'ai l'impression que quelque chose ne va pas. Je suis presque sûre que la direction que nous sommes en train d'emprunter ne mène pas aux bureaux des Mécaniciens. A l'intersection de deux couloirs, je décide donc de prendre le chemin opposé à celui du Policier afin de trouver les Mécaniciens moi-même. Je cours pendant moins de une minute avant de voir apparaître le Policier dans un coin devant moi. Il se rapproche de moi et me lance :

« Tu vas quelque part ? »

Il ne peut pas m'avoir retrouver si facilement, ce n'est pas possible ! Il y a tellement de couloirs dans cette tour ! J'observe l'écran qui se trouve entre ses mains et j'y repère un point rouge qui indique précisément l'endroit où je me tiens. Comment ... ? Oh évidemment. La puce, bien sûr. La puce sans laquelle il est impossible d'effectuer la moindre action. C'est évident que les Policiers possèdent des moyens très élaborés pour nous surveiller. Je veux me retourner pour m'enfuir mais je n'ai pas le temps de faire le moindre pas avant qu'il m'attrape fermement le bras et plante une seringue dans mon cou.

Je m'évanouis.

The ScientistWhere stories live. Discover now