Chapitre 14

Depuis le début
                                    

Comme tous les après-midi, je suis à l'accueil avec les nouvelles. Jordan raccompagne un client jusqu'à l'entrée lorsqu'une grande femme brune, très élégante, très chic et visiblement riche, fait son apparition. Sans même nous prêter la moindre attention et encore moins nous saluer, elle se dirige immédiatement vers Jordan.

- Jordan chéri, dit-elle bien fort pour que tout le monde la remarque.

- Isabella ? Que fais-tu ici ? s'exclame-t-il visiblement embarrassé.

- Je te cherchais mi amor. J'ai besoin de toi.

- Suis-moi dans mon bureau, répond-il gêné.

Je reste muette de stupeur. Qui est cette femme ? Pourquoi l'appelle-t-elle « chéri » et « mi amor » ? Je suis complètement abasourdie.

- Je n'aurais jamais imaginé Jordan sortir avec ce genre de femme, commente Andréa.

- C'est clair. Elle est tellement surfaite, répond Ophélie en l'imitant.

Elles se mettent à rire, mais je n'ai pas du tout le cœur à rire avec elles. Je me sens tellement mal. Jordan est déjà en couple ? Je sors avec un mec qui a déjà une femme dans sa vie. Ils sont peut-être même mariés. Oh merde ! Je suis la maitresse d'un homme marié, mon dieu ! Je suis prise d'une violente nausée et m'empresse d'aller aux toilettes où je rends l'intégralité de mon déjeuner. Une fois que je me sens mieux, je me rince au lavabo et essuis les traces de mes larmes avant de retourner travailler.

Les filles s'inquiètent et je prends comme explication à mon malaise, l'excuse d'un plat mal digéré. Si seulement c'était ça ! C'est plutôt ma bêtise et ma crédulité qui me rendent malade. Oui, je me dégoûte d'avoir céder aux avances de Jordan et de m'être autant attachée à lui. Je ne suis qu'une pauvre conne, mais tout ça c'est bien fini. Il n'est pas question qu'il m'approche à moins d'un mètre désormais et tout ce qu'il pourra dire ou faire n'y changerons rien. Il m'a menti, s'est servi de moi, s'est amusé avec moi et bien maintenant nos rapports resteront strictement professionnels. Ça me déchire le cœur, mais ma colère est plus forte que ma déception.

Il me faut un peu de temps avant d'arriver à me replonger dans le travail et encore je n'y arrive pas complètement. Je ne cesse de penser à la façon dont cette Isabella le regardait et se déhanchait sensuelle en marchant vers lui. Et le regard de Jordan à la fois gêné et admiratif. Un frisson de dégoût me parcoure l'échine.

Lorsque je quitte l'agence à dix-neuf heure, ni Jordan, ni Isabella n'ont refait leur apparition. C'est le cœur lourd que je regagne mon appartement où je m'écroule en pleurs sur le canapé. Je le savais qu'il ne fallait pas que je lui accorde plus qu'une nuit et j'aurais dû m'en tenir à celle que j'ai complètement oublié. Ça m'aurait évité de tant souffrir.

Je pleure une bonne partie de la soirée et de la nuit. L'étau qui enserre mon cœur me fait tellement mal que j'ai de la peine à respirer. Je n'ai ni la force, ni le courage de me préparer à manger et je vais me coucher après avoir passé un long moment sous la douche.

J'ai dormi à peine trois heures et j'ai des cernes gigantesques. Je déroge à mon habitude et applique du fond de teint sur mon visage pour essayer de camoufler les ravages de ma nuit de larmes. J'attrape la première tenue qui me tombe sous la main, un jean et un chemisier parme et je chausse des escarpins noirs. Je maintien mes cheveux avec un pic en bois et vaporise tout de même un peu de parfum.

Tout en me préparant je songe à téléphoner pour dire que je suis malade et ne pas me rendre au travail. Je n'ai pas envie de voir Jordan et encore moins de travailler à ses côtés. Je me ravise et prend mon courage à deux mains. Après tout, c'était le risque en sortant avec mon patron. Je n'ai plus qu'à assumer et prendre sur moi pour faire mon travail correctement, comme je l'ai toujours fait.

J'arrive quelques minutes en retard car mon bus s'est retrouvé coincé dans un embouteillage. Ophélie m'informe que Jordan a laissé un message disant qu'il serait absent toute la journée. Je suis à la fois soulagée car je n'aurais pas à le voir et en même temps la pointe dans mon cœur s'enfonce un peu plus profondément. Il doit sûrement être retenu par Isabella.

Je ne peux m'empêcher de les imaginer en train de faire l'amour comme nous l'avons fait. Je ne sais pas pourquoi mon cerveau m'inflige cette torture. Plus j'essaye de chasser ces visions, plus elles reviennent en force comme pour me narguer et me punir pour ce que j'ai fait. J'ai envie de pleurer, mais je ne peux pas. Il faut que je me contienne et ne laisse rien paraître devant mes collègues.

J'assiste les filles à l'accueil et décharge Sonia de la saisie de quelques baux et annonces. Je fais en sorte d'être très occupée pour ne pas voir la journée passer et surtout pour m'éviter de cogiter.

Demain je ne travaille pas, c'est le mariage d'Annabelle. Ça va me faire du bien de m'éloigner pendant trois jours de l'agence et de Jordan. Cette fête tombe à point nommé. Ça me changera les idées et qui sait, je rencontrerais peut-être un beau célibataire avec qui m'amuser.

CHLOÉ, JE TE VEUX A MES COTÉS (version finale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant