Chapitre 29

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3 heures avant Noël.

Hermione avait connu beaucoup de sentiments depuis le début de cette aventure. Elle avait été horrifiée, choquée, torturée d'esprit, angoissée, apeurée, inquiétée, terrifiée. Elle avait connu la fatigue extrême, la folie d'une danse, le tourment, la réflexion intense.

Mais de toutes les histoires qu'on lui avait racontées, celle-ci fut la plus horrible.

« Et le pire, se dit-elle, c'est que ce n'est pas une histoire. »

Ce n'était pas une histoire. C'était son histoire.

Celle de Karl, celle de Drago. Celle d'un espion au compte du ministère, d'un Mangemort qui n'avait jamais rien demandé. Celle qui raconte la perte d'un être cher, le grand vide qui l'en suit. Celle qui explique un grand nombre de choses.

Et Hermione se sentait si concernée... C'était comme si elle aussi, maintenant, avait une promesse à tenir.

-Que s'est-il passé ensuite ? demanda-t-elle sans avoir l'impression d'interrompre.

En effet, Karl semblait avoir fini son histoire. Il la fixa longuement avant de répondre :

-Nous sommes retournés au nouveau manoir de Voldemort. Drago a été jeté dans les cachots.

-Tu l'as fait ?

-Oui.

Il avait baissé les yeux. Hermione respira un grand coup et se leva du fauteuil. Jetant un regard à l'heure, elle faillit s'étrangler. Il était vingt-et-une heure, et soudain un nouveau sentiment la saisit.

La faim.

-Merci Karl. Ne t'inquiète pas, reprit-elle alors qu'il allait parler, je ne dirais rien.

-Ce n'est pas ce que j'allais dire.

Elle pencha la tête mais attendit.

-Je sais autre chose. Drago a été libéré par un Mangemort ce jour-là, avant que Voldemort ne prenne une décision concrète.

-Tu as un nom ?

-Oui. Le problème, c'est qu'elle était censée être morte.

-Je prends l'information quand même.

-Opfer.

Hermione fronça les sourcils. Etait-ce un nom de famille ? Ce mot lui était étrangement familier.

-Mais celle qui porte ce nom n'est autre qu'Aurélia.

-Celle qui...

-Est censée s'être sacrifiée lors de l'incendie ? Oui. Là est le problème.

A la mention du mot « sacrifiée », Hermione comprit. Opfer était l'allemand pour « sacrifice ». Elle ne put s'empêcher de murmurer :

-Elle porte bien son nom...

-Mieux que personne, répondit Karl en se levant à son tour.

Une nouvelle fois, Hermione faisait face à une impasse, mais sa détermination la pousserait jusqu'au bout de son enquête, elle en était certaine.

Elle n'eut pas besoin de remercier Karl à nouveau. Ils s'exprimaient sans la parole parce qu'ils se comprenaient : tous deux s'étaient dans le passé embarqués dans des aventures plus grandes qui les dépassaient, tous deux en avaient subis les conséquences, tous deux vivaient avec les souvenirs de ces moments aujourd'hui.

Elle quitta le ministère de la magie et s'aventura dans les rues moldues. Elle avait un peu d'argent sur elle. Elle s'assit à un restaurant et commanda un plat simple mais revigorant.

La réflexion l'amena dans un autre monde. Aurélia était censée s'être sacrifiée pour que Drago n'ait pas à brûler l'école le matin-même. Pourtant ce n'était pas un nom de famille commun que le sien : Opfer... Où pouvait-elle le trouver, autre que chez elle ? C'était un nom de famille, aussi c'était... personnel. Personnel et familial.

Elle ouvrit les grands yeux, et tout devint soudain évident. Ça concernait la famille d'Aurélia. Après tout, Lucius avait été Mangemort et avait entrainé son fils, rien ne disait que personne n'avait entrainé Aurélia, ou qu'Aurélia n'avait entrainé personne dans les rangs de Voldemort !

Hermione saisit sa baguette et se rappela au dernier moment qu'elle était dans un lieu moldu. Elle fit une grimace, la rangea et saisit son téléphone. Certains aurors au ministre avaient également un téléphone portable, cela facilitait la communication n'importe où et n'importe quand. Certains savaient mieux s'en servir que d'autre, après...

-J'aurais besoin que tu me trouves tout ce que tu peux sur Aurélia Opfer. En particulier sur sa famille. Ah, et dans l'heure qui suit, grand maximum. Je sais qu'il est plus de vingt-et-une heures, et alors ? Le mal ne prend pas de pause.

En revanche, elle, elle pouvait. Hermione refilait le travail à une autre pour le moment. Il était temps pour elle d'assouvir sa faim, et de se détendre un instant, de prendre une pause.

Rien qu'une seconde dans le sablier de la vie.

31 HEURES AVANT NOËLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant