Chapitre 7

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Quand il eut fini, il y eut un nouveau silence. Kam ne disait rien. Il semblait réfléchir. Peut-être qu'il n'y croyait pas ? Nodem ne pouvait pas le nier : son histoire était invraisemblable.

— D'accord, dit enfin Kam. Tu as eu du bol, dis donc. Et t'as rien de valeur sur toi ?

Nodem répondit en décrochant sa bourse de sa ceinture.

— J'ai de la monnaie et mes douilles pour la lumière.

— Je m'en fiche des douilles. Contre ton argent, je t'assure ma protection.

— Pardon ?

Nodem était sidéré. Kam avait dit ça avec une telle nonchalance !

— Mais tu m'as déjà aidé et tu ne m'as pas réclamé d'argent. Pourquoi tu le fais maintenant ?

Kam le regarda comme si c'était évident.

— On était poursuivis, tout à l'heure. Je t'ai aidé à t'en sortir. J'ai bien droit à quelque chose.

Nodem hésita. Il se sentait trahi.

— Et comment tu vas faire ça, me protéger ? demanda-t-il.

Kam sourit, voyant la conversation aller dans le bon sens. Il désigna du doigt l'extérieur de la boutique.

— Il y a d'autres trous de souris ici. Beaucoup. Et l'un d'eux, c'est chez moi. On est plusieurs là-dedans. Tu pourras venir. Mais il faudra me donner ton argent. Sinon, ça sert à rien.

Nodem réfléchit. Il n'avait pas envie de se séparer de ses quelques pièces, mais c'était peut-être pour une situation comme celle-là que ses parents les lui avaient données. Si c'était sa chance de s'en sortir, il devait la saisir. De toute façon, il n'avait aucune autre option.

— D'accord, dit-il. Mais je ne te les donne pas avant que tu m'aies vraiment protégé.

— Je te protège déjà, répliqua Kam. Je t'ai même donné à manger.

— Ce n'est pas de ça que je parle, répondit Nodem du tac au tac.

Il avait l'impression d'être mené en bateau. Il réfléchit un instant, puis reprit :

— Qu'est-ce que tu comptes faire ensuite pour me protéger ?

Kam eut un sourire en coin.

— Je vais t'amener chez moi, je t'ai dit. Mais tu devras te faire un peu discret. Si les autres apprennent que t'es un bourge, ils risquent de te détester.

Nodem haussa les épaules. Ce n'était pas pire qu'autre chose. Au moins, il y aurait des gens autour de lui.

— Et ensuite ? demanda-t-il. Tu vas juste m'amener chez toi ?

— Ben, je t'apprendrai à vivre, quoi ! dit Kam. Je t'apprendrai les ficelles.

— Les ficelles ?

— Ben oui. Comment vivre. Comment on vole. Et comment on marchande. Comme ça tu pourras manger, après.

Nodem réalisa alors que ce garçon n'était pas si intelligent qu'il n'y paraissait. Il était surtout débrouillard, mais il n'avait pas du tout compris ce qui se déroulait autour de lui. Le fait que Foyben soit entièrement vide ne semblait pas le choquer plus que ça.

— Comment tu comptes voler et marchander ? Il n'y a plus personne dans les rues.

Une ombre passa sur le visage de Kam.

— C'est la nuit, murmura-t-il. Ils reviendront.

Nodem trouvait cette réflexion stupide. Les Novaliens n'avaient pas capturé tous ces gens juste pour les relâcher ensuite.

La cité endormieWhere stories live. Discover now