La quête de Samala

CHAPITRE 1 : Le Rituel de l'Armée Sans Visage.

Tandis que deux mammifères se battaient à la surface du désert de Yolanpe, un bruit sourd les fit fuir des environs. Une voix sourde et rauque venant du sol brisait le silence. Rien qu'au son qu'elle provoquait, les êtres vivants pouvaient deviner qu'il s'agissait d'ordres d'un homme de haut rang.

Depuis des années maintenant, une ville souterraine était installée sous ce désert. Des galeries avaient été construites en temps de guerre par le clan de Samala dans le seul but de pouvoir attaquer n'importe quels lieux le plus rapidement possible. Les membres de ce clan étaient les êtres les plus proches des dieux qu'ils vénéraient. Autrefois, les divinités se mettaient en quête d'un réceptacle afin de vivre aux plus près de ceux qu'ils avaient créé. Cette idéologie n'avait, cependant, pas duré longtemps. En effet, les Samaliens démontraient qu'avoir une vie parfaite en tout point était possible, ils étaient le tout premier peuple de Yolanpe. Leur déesse Samala, mère de tous les dieux, leur avait tout donné. Cela ne mit pas longtemps à attiser la jalousie de ses enfants qui fondèrent à leur tour leurs propres clans. D'années en années, des tensions se mirent à naitre entre eux, les conflits se firent de plus en plus fréquents, de plus en plus violents. Ainsi le roi de Yolanpe instaura l'ère de l'Armée sans Visage.

« Soldats ! Aujourd'hui est un grand jour pour le peuple Samalien, aujourd'hui a lieu l'échange des âmes et des armes des nouveaux guerriers. Le rituel est simple pour qui fut bien entrainé. Le candidat choisi, après avoir prouvé ses valeurs aux yeux de ses lieutenants, devra plonger dans le lac des armes perdues, y attraper l'arme qui s'éveillera en sa présence et la sortir de l'eau avant le temps imparti. Avant toutes choses, le nouveau guerrier doit survivre aux légendaires créatures nacrées et remonter indemne sur la rive. Bien. Veuillez prendre place, et vous lancez dans votre quête lorsque je retournerai le sablier et donnerai le signal. »

Ce discours Alexan en avait toujours rêvé, l'entendre de ses propres oreilles, vivre les émotions qui imprégnaient les participants. Cersus, son père avait beau lui raconter mille histoires depuis son plus jeune âge, il désirait, avant tout, voir le Général Gao en chef les lui dicter de lui-même. Toutes les nuits de son enfance, le jeune garçon qu'était Alexan fut bercé par les histoires de ce rituel légendaire. Les exploits du Général, les soldats devenus gardes pour la belle Princesse Eneko, le Roi, et les survivants du rituel du lac, tous étaient des héros à ses yeux. Il s'est toujours dit en secret qu'un jour sa sœur Armelle et lui pourraient en faire partie. Perdu dans ses pensées, Alexan regardait autour de lui et cherchait sa sœur du regard. Elle contemplait au loin, la surface du lac, guettant la moindre onde causée par les créatures nacrées. La jeune fille avait soif d'aventures, elle voulait se battre, braver les plus grands dangers, et devenir une femme aussi redoutée. Un jour, elle aussi deviendrait l'une des plus grandes guerrières que Yolanpe n'est jamais connue. Elle a toujours été la plus forte dans les écoles, dans les bagarres de rues. Ce qu'elle désirait le plus en regardant le rituel aujourd'hui, était de trouver une personne en mesure de se battre contre elle, autre que son grand frère. Durant le discours du Général Gao, Alexan se mit à regarder dans la même direction qu'Armelle, il se concentra sur les bruits des flots s'écrasant sur les rives. Il supposait que celles-ci provenaient des créatures nacrées. Elles aussi l'émerveillaient. Elles étaient décrites comme ressemblant à des jeunes femmes avec des branchies en guise de voies respiratoires. Leurs peaux avaient une couleur nacre, des reflets roses apparaissaient dans leurs cheveux tentaculaires. Leurs longues jambes s'emmêlaient aux filaments de leur nageoire dorsale si légère. Ces créatures divines et magnifiques avaient des bouches parfaitement dessinées laissent place à des dents aiguisées, des dents si serrées que quiconque était mordu, avait la chair lacérée sur le moment. Elles ne mangeaient pas les autres espèces, elles défendaient seulement les armes déposées au fond du lac. Alexan avait un peu de peine pour elles, il ne pouvait cesser de les regarder effleurer la surface sans se demander si elles pouvaient ressentir quelque chose. Les pensées d'Armelle, quant à elle, se concentraient uniquement sur les stratégies à appliquer pour attraper une arme sans être touchée, ni blessée. Elle songeait même sur la façon dont elle pouvait les achever.