Fratrie (Discontinuée)

Uma

9Je n'avais jamais vu Cédric comme ça. Lui, toujours si calme, avait des gouttes de sueur qui coulaient sur sa nuque, pendant qu'il se battait contre l'emprise du monstre. Je savais que je devais le sortir de là avant qu'il fasse sa connerie. J'étais en train de le secouer, les yeux clos, pour ne pas croiser le "regard", du Co-Loa, mais j'ai entendu un cri.

Il était parti.

Mais pas sans un corps.

Sur le sol, affalé, se trouvait le corps immobile de la petite fille qui était avec le black, Noah.*

Celui ci arriva, par les arbres, criant son nom par tous les côtés. 

"AMBRE!!AMBRE!"

La détresse se sentait dans sa voix. J'ai eu horriblement peur qu'il me tue, dans sa colère et sa rage. CE qui était sûr, c'est que je ne faisais pas le poids face à lui; il faisait au moins 1m90 et était encore plus baraqué que Cédric. J'aurais voulu m'enfuir, mais en aucun cas je n'aurais pu porter mon frère, et lui n'était pas encore en état de se relever. Je ne savais pas quoi faire. Le dénommé Noah se rapprochait de plus en plus et je n'avais aucune idée de ce qu'il fallait que je fasse. Je suis donc rentrée dans la cabane en bois, après m'être rappelée que Cédric avait lu nos noms sur la plaque. Même en étant incapable de porter Cédric, je pouvais traîner son corps -inconscient après sa lutte psychologique- jusqu'au sofa.

J'ai observé, à travers la baie vitrée, la réaction du garçon. Après avoir crié une dernière fois le prénom de cette fille de toutes ces forces, il a baisser les yeux. Et il a vu son petit corps, frêle, affalé, si ridicule a coté du sien. Il a arrété de crier. Il a dit son  nom, une dernière fois, presque inaudible dans cette arène de nos pires cauchemars. Sa première larme a coulé sur le sol, faisant un bruit de grésillement en rebondissant sur la pierre brûlante du soleil.          

J'ai détourné le regard.C'était ma philosophie de la vie. On naît pour soi, et en aucun cas on ne doit se laisser attendrir par la souffrance des autres. Et puis c'est tout.

J'ai regardé mon frère. Cela faisait des années que je ne l'avais pas vu; mais j'ai l'impression de l'avoir connu tout le temps. Sans cesse. Mon père nous a menti pour combler sasolitude, en renforcant la mienne. Des années après, je me demande toujours comment il a pu s'en sortir. Je pense que Cédric s'était habitué à cette vie.

J'ai entendu la dernière larme de Noah s'évaporer sur le sol. Mais pleurer, ça ne fait rien. Car ne nous sommes pas dans un film. Ce n'est ni une poussière magique, ni des larmes de fée qui pourront ressuciter Ambre. Malheureusement.

Puis j'ai repensé à Alizée. Et si il lui était arrivé la même chose? Et si ces monstres l'avaient poussé à la tuer de ses propres mains? Je n'avais même pas envie d'y penser. J'ai secoué la tête. Je devais penser à moi et à mon frère avant tout. J'ai fermé les rideaux, mis des meubles contre les portes et j'ai commencé à réfléchir.