poésie du bain de dix heure du matin

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ange, elle prends son bain, et elle se trouve belle, à en crever.

elle prends son bain dans le noir, alors pour elle, ça dégage déjà un certain charme. non, à moitié dans le noir, en fait. ses yeux brillent un peu. ange est allongée dans son eau savonneuse, et je crois que, pour une raison un peu floue, elle se sens comme vénus, et c'est certainement l'amour qu'elle porte à son propre corps, quand elle est nue. et elle a comme l'impression que ses mains, ses doigts sont capables de toutes le plus belles choses du monde. avec une certaine grâce, en plus.

ses très, très longs cheveux blonds sont trempés, il collent à son dos comme ils collent à son visage, et c'est une sensation qui lui plaît. et ça lui procure un amour assez intense, assez incompréhensible, assez infondé, qui se passeras peut-être de formulation.

mais c'est son plaisir, qu'elle s'offre  comme un bouquet de fleurs bleues dans un vase, comme une heure de sommeil en plein après midi, comme une main que l'on se passe dans les cheveux, comme lorsqu'on s'apaise en pensant au rire de quelqu'un qui sait prendre soin de nos mots.

comme une petite arme secrète, au creux de son corps, qui resteras toujours avec elle, et ce quoi qu'il advienne, et alors, ange, elle trouve ça beau. beau de pouvoir se toucher, et s'aimer, et avoir l'impression de faire des prodiges avec ses mains, car "on trouve tout les secrets de l'univers dans les mains de quelqu'un". les fois où les mains peignent, les fois où elles creusent dans le sable, où elles tiennent au creux de leur paume la main d'un autre, les fois où elles jouent musique et caressent les sens, les fois où elles s'écorchent aussi, où elles écrivent, où elles tiennent un livre, où elles dansent, les fois où elles se salissent, en touchant le sol, elles vivent les cigarettes et les verres qui s'enchaînent, elles touchent aussi les étoiles, vivent le froid et le vent, et la chaleur des tentes et des appartements, le fond des poches, les tasses de café, les cordages d'un bateau, les coquillages des bord de toi, les crayons de bois, les bougies, les photos jaunies, les cd à l'intérieur des sacs, les émotions passent par le bout des doigts et donnent, donnent autant qu'elles découvrent, reçoivent autant qu'elles gardent pour redécouvrir encore, encore, et encore.

ange sait aussi s'en servir pour elle de bien des façons, et aujourd'hui c'est à son corps, dans son bain, qu'elle sait doucement prendre soin de sa peau, et de tout le reste. elle divague.

les mains de quelqu'un retracent quand même toute une vie, et ce en beauté.

son esprit tournoie. elle s'est relevée, l'eau glisse le long de ses épaules, le long de ses hanches un peu violacées, de ses jambes pas épilées qui ressentent le monde en marchant.

et puis, elle a lavé ses cheveux clairs, très délicatement. elle a lavé, d'abord ses bras, ensuite son ventre, avec ce savon qui sent l'huile d'olive, et ses épaules, et son visage, un peu comme on lave un enfant, et elle se sent encore comme un poème, un poème moderne, et elle se rince avec toute la tendresse du monde, les fleurs bleue dans le vase sont un peu délavées, mais ange, elle les aime comme ça.

elle s'est habillée, en prenant son temps, en goûtant le contact du tissu, en caressant ses épaules. elle a recoiffé un peu ses long cheveux mouillés, et a pris le temps de reboutonner sa chemise en entier. elle s'est regardée dans le miroir en souriant, un peu timidement, avant de sortir et de savourer chaque pas de ses pieds nus sur le sol de bois chaud.

la journée était belle.

2018 - retravaillé le 04.03.20

exutoireWhere stories live. Discover now