Chapitre 1

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Vous travaillez à l'Université Laval ?

C'est ce que j'ai demandé à Vincent la première fois que je l'ai rencontré. Je venais tout juste de débarquer à Québec et pour moi, l'Université Laval devait être l'un des principaux employeurs de cette ville. C'était comme demandé à un Rimouskois s'il travaille chez Telus. Il y a 50 % de chances que la réponse soit positive. Vincent a tout de même trouvé étrange que je tombe pile sur son employeur. Je lui ai dit en blaguant qu'il s'agissait de mon sixième sens, et il a émit un petit rire nerveux. Déjà à ce moment, il commençait à développer une paranoïa aigüe. Du moins, c'est ce que j'ai dit aujourd'hui aux policiers en charge de l'enquête.

De retour chez moi, j'ai relu à de nombreuses reprises la copie de la lettre qu'il avait pris soin de me poster quelques jours avant sa mort. J'ai donné l'original comme pièce à conviction aux policiers et je m'en mords les doigts. Et si Vincent avait raison ? Je suis assise à mon bureau, les yeux fixés sur la voiture aux fenêtres teintées qui s'est étonnamment arrêtée devant mon appartement alors que je revenais tout juste du poste de police. Personne n'en est sorti jusqu'à maintenant. Mon cœur palpite légèrement et mes mains deviennent de plus en plus moites.

J'ouvre mon téléphone, puis je commence à enregistrer vocalement le contenu de la lettre. J'enverrai ce message vocal à ma sœur, elle me croira, j'en suis certaine. Je me dois de lui révéler ce que contient cette lettre car moi aussi, comme Vincent, je crains à présent pour ma vie puisque je connais la vérité sur ce qui se trame à l'Université Laval.

« Lettre de Vincent. Québec. 17 novembre 2019.

Catherine, si tu reçois cette lettre, c'est que mes craintes se sont révélées réelles et fondées. Tu verras que les raisons de ma mort ne feront aucun sens. Depuis notre première rencontre que nous sommes les meilleurs amis du monde, je sais que TOI, tu ne douteras pas de moi. Tu sais bien que je n'aurais jamais commis de suicide et que je n'ai pas de problèmes mentaux. Tu te demande pourquoi je te dis ça ? Parce que je suis assuré que c'est ce qui sortira de l'enquête policière. L'Université Laval a des tentacules partout, et ce, jusqu'à falsifié mon dossier médical pour cacher son secret. STP continue la lecture jusqu'au bout.

Ça commencé quand j'ai été transféré au pavillon Alexandre-Vachon. En tant qu'homme de ménage, je travaillais souvent le soir tard et c'était facile pour moi de remarquer les étudiants présents et absorbés dans leurs livres soit à la cafétéria ou à la bibliothèque. J'avais même pris l'habitude de jaser avec certains d'entre eux au point où je savais très bien que, par exemple, David s'achetait toujours un café le jeudi vers 22h30 avant de replonger dans ses calculs ou que le mardi à 21h00, Mathilde quittait la bibliothèque et me saluait avant de retourner chez elle.

J'étais content d'avoir été transféré à ce pavillon, je sentais que les étudiants étaient plus sociables que ceux du Palasis-Prince où je travaillais avant. Tout a été calme pendant plusieurs semaines, puis, un soir aux alentours de minuit, j'ai remarqué 3 hommes en complet qui entourait David à la cafétéria. L'un des hommes l'a saisi violemment et l'a piqué avec une seringue. Je voulais intervenir Catherine...mais j'étais paralysé. Puis, deux hommes l'ont transporté plus loin alors que le dernier ramassait tous les effets personnels de David. Je me suis demandé si j'avais rêvé. Peut-être que David avait des problèmes de drogues ? J'essayais de raisonner logiquement, tu comprends ?

J'ai commencé à avoir peur alors que l'histoire se répétait de nombreuses fois. Jamais le même jour ni la même heure, mais toujours les mêmes trois hommes. J'ai décidé d'avertir l'Université. Je leur ai dit à de multiples reprises, je te jure Catherine ! Rien n'était fait !

J'ai même revu David quelques semaines plus tard. Il était tout maigre ! Comme s'il avait perdu 30 livres, je n'en revenais pas. Il m'a dit qu'il n'arrivait plus à se concentrer, que ses notes chutaient à vue d'œil et qu'il avait décidé de repartir à Gaspé chez ses parents pour prendre un peu de repos. Quand je lui ai parlé des hommes en noir, il m'a dit que je délirais...que moi aussi je devrais prendre un peu de repos. Et comme de fait, l'Université m'a arrêté un mois. Tu te souviens ? Je leur disais que j'allais bien ! Tu m'as aidé à faire ma plainte aux normes du travail et alors que j'attendais depuis 3 semaines qu'elle soit traitée, mon dossier avait mystérieusement disparu. Peu après, je réintégrais mes fonctions. Tu vois à quel point c'est bizarre ?

Le problème, c'est que ça ne s'est pas arrêté. Quand Sophie Léveillé a disparue, ça été la goutte qui a fait déborder le vase ! Tu chercheras Sophie Léveillé dans le registre de l'Université, elle n'y est pas, je te le garantis ! Je ne sais pas comment ils ont tout camoufler ou qu'est-ce qu'ils ont dit à sa famille. Mais, la nuit même où ils ont pris Sophie, je les ai suivis. Un vrai labyrinthe...je me demandais bien comment j'allais faire pour retrouver mon chemin. Je me suis caché pour les observer. C'était horrible, Catherine. L'un des homme l'a piqué avec une seringue, puis il l'a enfermé dans une cage. Sophie s'est réveillée en sursaut. Elle a appuyé sa main sur sa poitrine comme si elle manquait d'air. Alors qu'elle devenait bleue et qu'elle s'effondrait sur le plancher, je me suis terré dans le noir dans l'attente que ces monstres disparaissent au plus vite.

Ils ont quitté la pièce quelques minutes plus tard et j'ai réussi à m'y glisser avant que la porte ne se referme complètement. Pauvre Sophie, c'était affreux. Je prenais des photos avec mon téléphone de tout ce qu'il y avait dans la pièce, la vérité devait sortir ! J'ai même fouillé dans les documents disposés sur le comptoir. Un mot en particulier a attiré mon attention : Coronavirus. J'ai réussi à retourner chez moi et je t'ai écrit cette lettre. Il est 23h44 et je m'en vais de ce pas la poster car je viens tout juste de réaliser que mon cellulaire est resté dans cette pièce maudite. Je suis foutu Catherine... »

Alors que je termine l'enregistrement, j'ose un regard vers la fenêtre. La voiture s'est volatilisée et j'en suis soulagée. Pourtant, un doute plane dans ma tête. Et si je vérifiais Sophie Léveillé dans le registre des étudiants l'Université Laval ? 


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