Chapitre 25 : Olenka

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Matth mit un certain temps à répondre. Il tourna la tête vers Olenka et elle s'aperçut qu'il avait les larmes aux yeux.

"Je suis tellement désolé de t'avoir fait du mal. Je ne peux pas te promettre que je ne te blesserais plus jamais, mais je te jure que je serais toujours honnête avec toi. J'avais besoin de cette claque, de me rendre compte que mon bonheur n'était pas acquis. Je ferais tout pour te rendre heureuse aussi longtemps que possible. Je..."

Il marqua un temps de pause. Et puis il releva la tête et caressa la joue d'Olenka avec un petit sourire en coin.

"Je suis amoureux de toi, moi aussi. Je ferais tout pour que tu sois la personne la plus heureuse du monde. Merci de me laisser une seconde chance."

Olenka sourit. Elle sentait les larmes monter. Alors elle prit Matth dans ses bras et le serra de toutes ses forces. Elle s'avait qu'il était honnête et qu'il l'aimait, elle pouvait lui pardonner ses erreurs. "Un mec qui trompe trompera toujours". Non. Olenka en avait marre de ces cases pré-fabriquées dans lesquelles on mettait des gens. L'erreur était humaine, et s'interdire d'aimer quelqu'un n'était pas de sa nature. Olenka vivait tout à 100%, là où elle avait envie, elle allait. Elle était même prête à se jeter dans la gueule du loup, si c'était ça qui la rendait heureuse. 

Est-ce que les gens parleraient d'un amour toxique ? Elle n'en savait rien. Elle ne pensait pas, puisqu'elle était heureuse. Les gens rendaient les relations toxiques. Eux, ils voulaient juste s'aimer.

*

Les deux adolescents décidèrent d'aller faire des crêpes chez Matth. Ils marchèrent sur la route en se tenant la main, et en se racontant tout ce qu'ils n'avaient pas pu se dire ces derniers mois. Olenka apprit donc avec joie que la mère de Matth avait vaincu sa terrible dépression et avait même recommencé à travailler. Elle avait rencontré quelqu'un et semblait épanouie. Encore plus touchant, Matth lui dit que sa petite soeur Lola était redevenue une enfant souriante et heureuse. Ensemble, ils évoquèrent le temps où Matth et Lola avaient habité chez Olenka, presque avec nostalgie. Ils partageaient alors toute leur vie ensemble. Mais Olenka était sincèrement heureuse que la situation familiale de Matth s'était arrangée. 

"Et toi ? demanda t-il, hésitant. Comment ça va, avec tes parents ?"

Il était l'un des rares à s'en inquiéter, puisque Olenka ne s'était confiée qu'à lui à ce sujet. Elle se sentit soulagée de pouvoir en parler.

"Ils sont toujours absents. Ils travaillent sur de grands projets. 

- Je suis désolé...

- Il n'y a pas à être désolé. Matth, j'en ai marre de me plaindre. Ma vie me convient, je veux plus la comparer à celle des autres. Mes parents sont absents mais ils me garantissent une grande sécurité financière et au fond, je sais qu'ils m'aiment. Ils pensent juste que l'amour s'achète avec de l'argent. Moi, je les aime juste car parfois, ils m'appellent et me demandent de leur raconter ma journée. Je suis pas sûre que mon père en aie quelque chose à faire, mais ma mère m'écoute dès qu'elle a du temps. Ce sont des adultes avant d'être mes parents, je ne leur souhaite que du bonheur. Leur travail les épanouis et je suis contente pour eux, certaines personnes sacrifient leur vie pour la consacrer à leurs enfants. Je ne suis pas sûre que ce soit très sain. Mes parents sont des gens biens, dans le fond. Je leur fais confiance pour leur avenir et j'espère que c'est réciproque."

Olenka se sentit réellement apaisée après ces confidences. Longtemps, elle en avait voulu à ses parents d'être absents et quand ils étaient présents, elle leur en voulait car elle ne les trouvait pas légitimes. C'était fini, ces rancoeurs. Elle avait dû apprendre à grandir seule mais cela l'avait rendue forte et indépendante. Elle acceptait sa situation, elle n'avait pas besoin d'une famille qui la chouchoutait pour être heureuse.

"Ce qui est terrible, c'est que tu es tellement mature que je ne sais jamais quoi répondre à tes tirades sans avoir l'air ridicule, expliqua Matth, mi-amusé, mi-impressionné. Je suis heureux que tu aies trouvé une paix intérieure.

- Moi aussi, je suis heureuse."

Après s'être échangés un regard plein d'amour, ils se reprirent la main et continuèrent leur route. Olenka se sentait en paix.

Lorsque Matth ouvrit la porte de son appartement, Olenka se cacha pour faire la surprise à Lola. Elle n'avait pas revu la petite brune depuis si longtemps, elle lui avait manqué. L'espace de quelques mois, Olenka avait été sa grande soeur.

"Lola, viens voir ! l'appela Matth."

Lola débarqua et Olenka sourit. Elle avait un peu grandi mais avait gardé ses yeux verts pétillants de malice. Lola écarquilla les yeux avait de crier d'une voix stridente :

"Olenka !"

Elle courut se nicher dans les bras d'Olenka, qui la serra avec émotion. 

"Tu es revenue ! s'écria Lola.

- Et je ne compte plus partir de sitôt, la rassura Olenka avec un sourire attendri.

- J'espère. Tu m'as trop manquée, avoua Lola d'une voix triste."

Olenka s'en voulut un peu. Elle avait essayé, mais elle avait été incapable de se dire consciemment qu'elle allait voir la petite soeur de Matth pendant leur rupture. Il était temps de rattraper le temps perdu. Leur après-midi se résumèrent donc à faire des crêpes et des jeux de société, comme au bon vieux temps, comme si rien n'avait changé. C'était incroyable de réaliser qu'il suffisait d'un peu de volonté pour retrouver ces sentiments de bonheur et de joie pure.

Le téléphona d'Olenka sonna en pleine partie de Uno. Agacée, elle le sortit de sa poche. 

"C'est Farah, annonça t-elle, sans savoir quoi faire de cette information.

- Oh, putain. Décroche, l'avertit Matth.

- Pourquoi ? Je pourrais la rappeler.

- Décroche, Olenka."

La blonde soupira mais obtempéra. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas parlé à Farah, que pouvait-elle lui vouloir ?

"Allô ? fit-elle, perplexe.

- Olenka, cria Farah, qui avait l'air complètement perturbée. Olenka, je vais péter les plombs. Tout le monde me casse les couilles. 

- Quoi ? Hein, de quoi ?

- Lili dit que je dois quitter Léo parce qu'il m'a trompée, c'est vraiment une petite conne qui ne comprend rien à rien. C'est la première à avoir trompé Sam et elle ose me faire des leçons de morale ? Olenka, dis-moi que j'ai raison, merde. Toi-même, t'es retournée avec Matth !"

Olenka se pinça les lèvres. Elle n'aimait pas l'attitude violente de Farah. Quelque chose se tramait, quelque chose de grave.

"Farah, calme-toi... tenta t-elle de l'apaiser.

- Non, je me calme pas, merde ! Tout le monde me tourne le dos alors que j'ai toujours été là pour vous, vous êtes que des putains d'ingrats. Léo m'aime ! Je... J'en ai marre de tout ça, putain. Si t'es pas capable de me soutenir, tant pis, retourne te faire baiser par Matth, je vois bien que je suis la priorité de personne."

Farah raccrocha et laissa Olenka sous le choc. La blonde serra les dents. Elle n'avait jamais vu Farah comme ça, c'était tout simplement inimaginable. Farah était l'incarnation de la joie et de la bienveillance, elle avait complètement pété les plombs.

"Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? demanda Matth, inquiet. J'ai peur pour elle, on en a parlé avec Alban, j'ai peur que Léo fasse de la merde."

Olenka hésita. Elle ne se voyait pas expliquer la situation avec Lola à côté. Farah avait câblé, mais elle n'aimerait pas qu'on commence à parler sur elle derrière son dos. Alors Olenka mentit, toujours ébranlée :

"Oh, rien, je vais lui renvoyer un message... Tout va bien. Tout va bien."

Lola fronça les sourcils avant de poser une question à Olenka sur une règle du jeu. Olenka posa son portable pour répondre à Lola, qui était captivée par le jeu. Et elle oublia de renvoyer un message à Farah. Farah était seule, encore.

Tic, tac. Tic, tac. Tic, tac.


Le ciel était bleuWhere stories live. Discover now