I.3 - La liche des glaces, Partie 3

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Sa vision floue mit plusieurs minutes à s'éclaircir. Il sentait ses membres endoloris reposer sur le sol, à côté de son visage couvert de sang séché. Il avait la sensation d'avoir reçu un coup violent au crâne, et émergeait lentement. Ses yeux distinguaient peu à peu les motifs brodés sur le tapis où il gisait. Il tenta de se relever, et ne parvint qu'à se mettre à genoux. Devant lui, des ombres semblaient danser lentement, avant que sa vue ne se stabilise. Il se trouvait dans une grande salle, dont le sol était couvert de tapis colorés et brodés de fils d'or. Sur les murs, des tentures évoquaient des événements qui lui étaient inconnus. Il se trouvait cependant toujours dans le temple gelé de Koljkorak. Au centre se trouvait une massive table de bois sculptée, incrustée de fins ornements, de décorations en métaux précieux et de pierres taillées. Autour des tas de papiers qui s'y amassaient, se tenaient quatre hommes. Ils étaient vêtus d'habits jamais vus en Fellmork, faisant penser à de riches seigneurs de quelques contrées plus riche que les îles de glace. L'un portait une longue barbe et un chapeau en forme de cône surplombant un visage inerte, un autre avait une barbe blonde taillée court et des traits bienveillants. Un troisième regardait Haldrick avec ses grands yeux de hibou, qui scrutaient tous les détails de sa personne. Le dernier était un jeune homme, l'air frêle et peu expérimenté, mais qui respirait malgré tout une certaine assurance. Ses traits étaient fins et sa beauté se reflétait jusque dans le bleu profond de ses yeux. C'était le type d'apparence saisissante et sublime qui n'existait chez aucun guerrier de Fellmork.

Ce fut lui qui s'adressa au captif agenouillé : « Bonjour, Haldrick. Tu dois sûrement te demander...
- Vous êtes des monstres, cracha l'intéressé.
- Haha ! Des monstres ? Rit froidement son interlocuteur. Crois-tu vraiment cela ? Non, en réalité, nous ne sommes que des savants. Nous créons peut-être, deci-delà quelques créatures plus ou moins laide pour nous divertir, mais nous n'en somme pas, continua-t-il d'un ton plus dur.
- Sans cœur ! Sans pitié ! Vociféra Haldrick, postillonnait son sang. Pourquoi ? Pourquoi tout ça, tous ces morts ?
- Il se trouve que ce n'était pas notre intention. Nous recherchions uniquement à mettre la main sur un pouvoir que nous avions localisé dans votre ville. Nous avons tenté de parlementer avec vos chefs, mais ils ont refusé de nous l'offrir. Nous avons donc dû nous en emparé par nos propres moyens, même si j'avoue que cela nous a quelque peu dégoûtés. Après cette petite démonstration de force, nous avons cependant réussi à convaincre vos dirigeants de ne pas nous poursuivre, moyennant quelques richesses offertes.
- Quels traitres ! Et vous, immondices, rugit le guerrier. Quel pouvoir peut donc avoir tant attiré votre convoitise ?
- Votre fille, défenseur d'Helgaïr. Votre fille est l'unique raison pour laquelle vous êtes encore en vie, et c'est son pouvoir que nous désirions étudier. »

Le sang d'Haldrick se glaça. Il tenta de s'élancer vers les savants, de saisir un objet, mais il ne put bouger, comme attaché au sol par des liens invisibles. Il cria, désespéré de son impuissance, enragé. Au bout de plusieurs minutes à se démener contre les enchantements l'emprisonnant, il se laissa tomber à terre, à bout. Alors, le jeune homme se décala et laissa voir sa fille, attachée dans un large fauteuil rouge par des liens de tissus. Elryna était bâillonnée, mais ses yeux exprimaient une grande quiétude. Sa chevelure blanche tombait sur ses épaules musclée. Sa carrure, supérieure à celle de sa mère, était moins gracieuse qu'imposante, un trait remarquablement développé pour une jeune fille de vingt ans comme elle. Elle ne semblait nullement blessée, autant que pouvait le voir Haldrick. Puis le savant repris : « Nous avons cependant terminé son étude, et gardé quelques fioles de son sang. Elle ne devrait pas vraiment en être affectée. Si vous ne nous poursuivez pas, vous pourrez partir sans encombre. Nous avons épargné la majeure partie de votre petite armée. ». Un des autres savants trancha alors ses liens, la saisit par le poignet et la conduit près de Haldrick, qui s'était relevé. Il n'osait dire mot : il avait une envie féroce de tuer tous ces hommes, mais vouait un amour tel à sa fille qu'il n'osait compromettre sa sécurité. Il espérait seulement qu'en se retenant, il la sauverait, ainsi que Grimvar. Elle s'approchait de lui, quand, soudainement, il chuta au sol, et se mit à nouveau à ne voir plus que des ombres. Il entendu faiblement la voix du jeune savant : « Haldrick ? Restez parmi nous, enfin ! ». Puis tout devint noir.

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⏰ Last updated: Feb 17, 2020 ⏰

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Récits et Légendes d'OrebyaWhere stories live. Discover now