QUELQUES GOUTTES DE LUMIÈRE

QUELQUES GOUTTES DE SOLEIL

-C'est bientôt la Saint-Valentin, que m'offriras-tu ? Elle leva la question tout en peaufinant son maquillage.

-Tu n'auras rien.

Elle le savait très taquin mais au grand jamais il ne mentirait sur un sujet aussi sérieux que leur amour, d'autant plus qu'elle était du genre à vite s'inquiéter. C'est pourquoi son cœur rata un battement et son souffle se coupa, l'espace d'un instant elle avait imaginé le pire en ce qui concernait un avenir à deux.

-Ah... Son soupir était larmoyant et ses yeux humides.

Même de dos il avait pu saisir le changement dans le ton de sa voix et poursuivit comme suit : « Ne laissons pas une fête réglementer notre amour, pour te faire plaisir je n'ai pas besoin d'une date particulière ».

Ses larmes affluèrent un peu plus, elle renifla. Il ne s'agissait pas là de larmes de tristesse mais d'authentiques perles de bonheur. Maintenant qu'elle y repensait, ses épisodes de joie intense étaient de plus en plus fréquents pour elle qui était si triste il n'y a même pas dix ans. Petit à petit les nuages autour de son cœur s'effaçaient un à un chaque fois qu'il lui déclarait quelque chose. Si à leur première rencontre elle avait pensé finir ainsi, son vieux moi la réprimanderait. Maintenant qu'elle y repensait plus profondément, ce jour-là aussi des larmes pleuvaient de son visage. À la différence de celle d'aujourd'hui elles étaient froides et tristes. Et c'était lui, qui avait fait de son mieux pour apporter de la lumière à ses larmes afin qu'elles deviennent, quelques, gouttes de soleil.

Assis sur un banc non loin de l'entrée il remplissait silencieusement un carnet dont les mots reflétaient les bruits dans son esprit. Cette place était sa favorite ; de là tout ce qui se passait à l'intérieur du lycée ne lui échappait pas. Comme à son habitude, il se nourrissait des potins matinaux les plus anodins jusqu'à ce que ce qui ressemble à une dispute vienne s'ingérer à sa routine. Les disputes passaient toujours le portail pour se retrouver en classe. Aujourd'hui brisait la routine de ce fait qu'étaient les disputes scolaires.

Il n'interviendrait, car d'une part il ne pouvait se contenter que d'observer car à aucun moment un spectateur apparaissait dans une série pour en changer le déroulement. Et d'autre part, seul lui sentait une atmosphère dégradée. La personne qui semblait se faire gronder n'émettait aucun son mais son corps parlait pour elle, de sa tête baissée à ses pas maladroits.

La sonnerie signa la fin du premier acte de son supplice, elle se dirigeait en classe. Bien évidemment, il l'avait déjà aperçue, il connait son nom et son prénom à elle et aussi celui de toutes les personnes de l'école. Mais il semblait que personne ne se souvenait de lui, tout le monde faisait mine de l'ignorer comme pour dire qu'il était absent ou n'avait jamais existé. Ça ne le gênait pas, il était le genre de personne à arriver plus tôt et balayer la classe, le genre de personne qui arrosait les fleurs et essuyait le tableau en toute discrétion. Il s'assurait que personne n'oublie ses affaires en classe et aidait ce qu'il pouvait aider. Malheureusement, sa présence n'était pas suffisamment forte pour qu'il se grave dans l'esprit de quelqu'un.

À la pause il suivit la fille du matin jusqu'aux toilettes des filles. Si seulement il s'était contenté de cela il aurait pu être pardonnée avec une excuse mais, il avait fallu qu'il ouvre la cabine de la jeune fille en question. Celle-ci, pleurant silencieusement le remarqua sans trop de réaction.

-Excuse-moi. Il lui tendit un lotus paquet de lotus. Garde la tête haute comme à ton habitude.

-Ne me regarde pas ! Je redeviendrai forte après ! Laisse-moi pleurer tranquille !

Elle avait crié haut et fort ses sentiments du moment avant de se rendre compte qu'il y avait des gens autour d'elle. Après cela elle s'enfuit à toute vitesse, elle courait de toutes ses forces et sortit de l'école en poussant violemment les gardiens ; à n'en juger que par sa force elle n'aurait pas été lycéenne.