Chapitre 1

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Ça fait environ un an et demi que j'observe la même fille. Elle n'est pas la plus belle, pas la plus laide mais c'est celle que mes yeux ont trouvé le plus intéressant au monde. Depuis un an et demi. Je ne l'aime pas forcément, je m'en fous en fait, quand je rentre, je l'oublie et le lendemain, je la revoie, elle existe de nouveau. Je m'inspire de tout le monde pour mon manga. Elle, c'est le personnage principal, enfin, certaines de ses mimiques, certaines de ses phrases, parce qu'elle est bruyante au lycée en fait. Elle rit fort, c'est ce que je veux dire par bruyante. Elle a un groupe d'amis, je ne connais même pas son nom. Je ne m'intéresse pas à elle bien que ses potes et elle me regardent tout le temps.

Je m'essaie au Shojo et/ou au Shonein, le style reste identifiable, façon, je ne suis même pas doué pour ça. Quoi qu'il arrive, elle existe le matin quand j'arrive et qu'elle commence aux mêmes heures que moi et cesse d'exister à partir de cet instant où je la quitte. Elle prend le RER A et s'arrête à Châtelet. C'est à partir de ce moment qu'elle cesse d'exister, quand elle s'en va. Moi, je continue en prenant une correspondance, elle en a de la chance, elle n'habite pas loin. Donc le lundi, dès sept heures quarante-cinq, elle existe. Et elle disparaît de ma vie le vendredi à quinze heures, heure où je termine. Elle change souvent de coupe de cheveux.

La vie que je lui imagine est une fille de banlieue, elle entre dans un monde paradoxal et doit collaborer avec elle-même. Ce n'est pas exactement elle, c'est une autre version d'elle-même qui a évolué différemment dans un autre monde et ensembles, elles doivent sauver les mondes en étant coordonnées selon les horloges du temps que j'ai créé et qui régissent ce monde. C'est une histoire assez complexe en soi, que je travaille et retravaille.

En vérité, je veux dire, en vrai, j'ignore tout de comment elle est. J'ignore comment elle s'appelle, comment elle pense, ce qu'elle aime. Je sais qu'elle remet souvent du rouge à lèvres, du rose à lèvres, du violet à lèvres, du noir à lèvres parfois et ça lui va bien. Je sais quand elle est là, quand elle n'est pas là. Parfois, son regard croise le mien, parfois, elle passe près de moi et sent un parfum assez fort et assez fruité. Dans le monde des mangas, je serai probablement un stalker. Mais là... je suis son plus grand observateur. Elle a un copain, ils peuvent s'engueuler dans le hall sans problèmes. Je l'ai dit, elle est bruyante. En fait, elle n'est peut-être plus avec lui, ça fait un moment que je ne l'ai pas vu. Mes amis ne connaissent pas les raisons qui me poussent à la regarder comme ça et à ne pas tenter ma chance.

Après, au cours de ma journée, arrivé en cours, je prends des notes. Là, ouais, personne ne sait pour mon manga. De toute façon, je ne sors pas beaucoup. Mais assez parlé de moi vu que c'est elle qui compte pour le moment. Son nom en vrai, je m'en fiche, en faux, dans mon manga, elle s'appelle Minami. Et je l'appelle comme ça. Minami Kotoko. J'espère me faire publier. Elle croit que je la kiffe. C'est obligé, qui penserait à autre chose ? Je veux continuer avec elle car je connais ses mimiques, ses expressions. Je l'observe parce qu'elle est démonstrative. Dans le hall, tout le monde est sur son téléphone ou en train de discuter. Parfois, elle parle, parfois, elle embrasse son mec, parfois, elle m'observe droit dans les yeux. Un jour, elle m'a souri : je lui ai pas répondu. Ça m'a fait flipper mais ça a alimenté une histoire d'amour dans mon manga et Lune, le personnage masculin est amoureux des deux et doit décider pour ce triangle amoureux. Je le fais sur ordi, j'ai pas les moyens d'acheter tout le matériel d'encrage, les feuilles, les trames, les outils pour faire un manga. Ma mère est seule et travaille dans un supermarché. Parfois, elle me fait penser à Loïs dans Malcom à hurler après moi. Ça va pas trop avec elle mais ça... c'est encore moi et pas Minami Kotoko. J'évite, en la regardant, de penser à moi comme ça. Minami Kotoko, la réelle frappait son mec, c'était un mec battu. Elle lui mettait toujours une droite dans l'épaule. Enfin, cette partie un peu en-dessous. Ils se disputaient mais personne ne fait attention à personne. Mais Minami Kotoko a deux prétendants, un parmi les potes de son mec que je nomme Atsuchi, c'est inspiré des Sushi et de Ate en anglais. Je ne sais même pas si ça existe en japonais. Quoi qu'il en soit, Atsuchi serait mieux pour elle, il est plus attentionné, plus gentil, plus doux mais plus moche. Ou moins beau, l'autre n'est pas moche, il a la côte auprès des filles et a trompé Minami Kotoko deux fois avec une de ses ex-potes, elle c'est Rivalude, une ennemie de Minami Kotoko. Ouais... sa vie m'a inspiré mais Minami Kotoko s'est vengée en le trompant aussi. Je ne sais pas ce qu'ils veulent dire par tromper et j'aimerai le savoir mais c'est peut-être un peu trop entrer dans les détails. Ils ne pensent qu'à sortir ensembles. Dans la vraie vie, je me dis qu'ils ont été bercés par les feux de l'amour. Ce truc devrait être interdit au moins de dix-huit ans avec tous ces couples échangistes. Mais ce n'est qu'un point de vue. Minami Kotoko n'est pas attachante, elle va souvent en heure de colle. Ah oui, et l'autre prétendant, Atsushi, à ce sujet, je ne le connais pas, elle "fait chier" son mec avec. Que de querelles à seize ans, je ne comprends pas trop le rôle de l'amour là-dedans. Quoi qu'il en soit, elle est là. En quelle filière, je n'en sais rien.

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⏰ Last updated: Feb 08, 2020 ⏰

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Quiproquo AmoureuxWhere stories live. Discover now