SURVIVRE APRÈS MON ENLEVEMENT Spin off M.A.P.L.V.

Chapitre 12

Il est tard, je prends la main de ma petite fille toute excitée... elle a insisté, ce soir, je dors avec elle... nous rentrons furtivement et nous nous couchons... j'ai droit à tellement de merci et de bisous... comment être malheureuse avec un aussi mignon rayon de soleil?

Comme toujours ici, je respire mal, j'ai le cafard mais mon cerveau, ce traître, ne parvient pas à me faire du mal... je me rends compte que, depuis vendredi, je n'ai pas fait de cauchemars... je suis malheureuse mais mon 'oncle' ne peut plus m'atteindre... quitte à ne pas dormir, je décide de tenter le diable... j'oriente mon esprit sur la première de mes 'séances' dans la salle spéciale de mon oncle... je m'en souviens bien sur... la peur, mes suppliques, les liens, les coups de cannes jusqu'à me soumettre, puis les actes sexuels qu'il m'a imposé... alors que mon souffle devient court et oppressé, des yeux gris me sauvent, d'autres images me viennent... d'autre sensations...et je m'endors.

Je passe le week-end là bas, Émilie ne me lâche pas... on dirait qu'elle sent que je ne vais pas bien... Dimanche, nous allons a Central Park, Sophia nous accompagne...elle non plus n'a pas envie de revenir à l'appartement, nous y passons la journée, je suis contente de passer aussi du temps avec elle... j'ai l'impression qu'elle aussi joue le rôle d'une fille qui va bien... Depuis mon enlèvement, j'ai peur qu'elle disparaisse, elle aussi, un jour. Je sais que je ne la laisserai pas dans cette horrible cage, il faudra alors que je parle pour que la police aille la chercher... j'en tremble rien que d'y penser mais je sais que je le ferai... ma conscience me souffle que mon silence est criminel qu'il y a peut être une autre fille dans cette cage... qui subit tout ça à cause de moi, de ma lâcheté...

Une fois, j'avais trouvé le courage de roder dans ce quartier qui me fait si peur, en pleine nuit, j'ai appuyé mon oreille contre la porte en fer du garage...moi, je sanglotais toutes les nuits... je n'ai rien entendu... cela m'avait soulagée... le taxi m'a prise pour une folle ce soir là!!

Nous retournons à l'appartement, je dis au revoir à tout le monde, ma fille m'emmène dans sa chambre pour notre câlin au revoir...

De retour chez moi, j'ai un peu de ménage à faire puis je constate que mon téléphone que j'ai pas consulté du week-end est saturé de message de Jackie...merde... je la rappelle.

- alors ça y est Bitch, tu te souviens que j'existe?

- j'étais avec Em, personne ne m'appelle jamais, j'ai pas pensé que tu voudrais me parler, excuse moi...

- Il Est Fidèle.

- quoi qui?

- Bruce.

« oh, c'est donc ça, il a une femme... enfin 'fidèle', si j'avais un mari, je ne voudrais pas qu'il... s'envoie en l'air avec une autre comme nous avons fait l'autre nuit... ça c'est sur »

Je reste sur cette expression, 's'envoyer en l'air', la justesse du terme me fascine...

- hey, t'es morte?

- il n'est pas fidèle, il a couché avec moi, il fait attention a ce que sa femme ne le grille pas d'accord mais fidèle, tu délires...

- à toi, andouille!

- quoi à moi?

- il était là avec un groupe de personnes quand nous sommes arrivés, il avait toujours sa tête grognon...

« pâmoison...REPRENDS TOI, BANANE!»

- t'es là?

- oui, juste je comprends pas pourquoi tu me racontes ça...

- il nous a regardé, il te cherchait... une fille est venue se coller à lui, il l'a envoyée balader...

' c'est pas lui ça,c'est 'connard'...»

- ne m'engueule pas, j'ai envoyé Carla l'inviter à danser...

- quoi?

- oui, je voulais pas y aller moi, pour pas te faire de peine, si il avait dit oui... mais il a refusé, il l'a regardé bizarrement mais n'a rien dit... on aurait dit qu'il voulait savoir pourquoi tu n'étais pas là...

- t'en sais rien...

- et il est parti, l'air triste... finalement, tu as bien fait de pas venir, il a du comprendre que tu as été blessée qu'il te foute dehors...

L'espoir, mon dieu!! un tsunami d'espoir dévaste tout en moi... j'en ai les larmes aux yeux!!!

Je passe la semaine entre dépression parce que ça ne peut pas être réel, espoir qu'il puisse nous laisser une chance et impatience parce que, bien sur, j'ai accepté de sortir avec la troupe vendredi prochain!!!

C'est ainsi qu'on arrive dans la grande salle, au milieu d'une grosse ambiance. Jackie saute en l'air en découvrant Benjamin, avec ses amis et des blondes.

- voilà, à toi de jouer, ma vieille...

Mais moi, pauvre andouille, j'ai du s'asseoir, prise d'un malaise... je suis définitivement pas encore sortie du sable... Un serveur arriva avec un verre.

-  le gars là bas, vous offre ce verre, madame... je suis désolé, c'est du jus de tomate...

Je lève les yeux et croise un regard gris malicieux. Hypnotisée, je lève son verre et le bois. Je le regarda se lever et venir vers moi, mon cœur accélérant au rythme de ses pas.

- salut Haylee... je pensais à toi justement... tu veux danser?

Son sourire chaleureux, son regard heureux de me revoir... 'connard' et 'gentil' étaient loin, j'avais Benjamin devant moi et prit sa main en riant avec lui de plaisir de se revoir...

La soirée passa comme un rêve, et la nuit fut encore plus délicieuse, comme si, en se connaissant mieux, ça donnait à nos retrouvailles une complicité savoureuse.

Quand le bip annonce 7h50, je suis parée, émotionnellement. Je regarde l'homme près de moi laisser la place à 'connard' et je me laisse mettre à la porte sans un mot, avec résignation.

Hier, j'ai refusé qu'il paye le taxi, il s'est encore excusé pour la dernière fois où je m'étais sentie insultée... pas un mot, cependant, pour la catapulte du matin...

En même temps, je ne prévois pas de lui raconter mon traumatisme alors, comment lui en vouloir de ne pas se livrer??? J'aimerais tellement savoir pourquoi il me vire comme ça... je devine qu'il se force à le faire...

« le devine ou voudrais vraiment y croire???»