Shin

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Le son des pas de Leila, Je pourrais le reconnaître parmi des millions. Elle marchait dans le couloir, vers ma chambre. Son pas est lent et délicat, il est...Apaisant. Depuis 16 ans d'existence, je n'ais jamais entendu un pas aussi saint que le sien, un pas si parfait. je pourrais encore en dire beaucoup sur sa manière de poser le pied au sol mais...Peu importe ce que je pourrais dire, il vous sera impossible d'imaginer l'adresse dont elle fait preuve. 

Elle entra donc dans ma chambre, avec son chariot d'argent, toujours aussi soigné... et elle me demanda : 

- Tu as bien dormis, Shin ?

Sa voix est aussi douce que son pas, un vrai ange. C'est le genre de personne sur laquelle il est impossible de se fâcher, mais de toute façon, elle a toujours raison, et moi, toujours tord.

- J'ai bien dormis, merci Leila 

En la voyant, on aurait du mal à croire qu'elle est médecin et que chaque jour, elle sauve et voit des gens mourir...

Elle travaille dans la section cancer de l'hôpital de Saint. Laurent, l'hopital dans lequel je séjourne. Chaque jour, dans cette même section de ce même hopital, des enfants meurent du cancer. Poumon, coeur, sein, peau, sang...Tout ces cancers sont très durs à guérir ; quand on entre dans la section cancer en tant que malade et qu'on se voit posséder un chambre, on sait qu'on en a plus pour très longtemps, c'est la dure réalité de la vie à Saint. Laurent.

Quand je suis entré la première fois dans cet hopital, je savais déjà que je n'en sortirai pas. J'ai dû accepter cette fatalité quand j'avais 5 ans.  

- Dit moi Leila, comme va Blair ? 

Blair, un garçon qui veut devenir un grand philosophe. Il se pose toujours des questions sur la vie après la mort, sur le paradis, le vrai bonheur ou encore, les raisons de la violence. Il a 15 ans et je l'admire. Il croit dur comme fer en la survie des cancéreux de Saint. Laurent. Lui, il a été atteint par un cancer du poumons, il crache souvent du sang mais garde le sourire à chaque fois. C'est vraiment une personne bien avec qui je pouvais parler pendant des heures. Il avait un don pour raconter des histoires qui font rêver.

- Son coeur a cessé de battre, vers 3 heures du matin, il avait fermer sa porte à clef et fait en sorte que personne n'ais de clef de rechange au cas-où. 

Après la déclaration de Leila, les battements de mon coeur avaient ralentit, ma vision était devenue trouble, ma bouche et mes yeux refusaient de se fermer, je n'entendait plus rien et je tremblais. Leila m'a parler pour me soulager, malgré le fait que je n'entende rien. 

Après quelques minutes de blanc total, tout redevint normal. Une larme coule sur ma joue, je n'essaie même pas de la cacher, Leila savait déjà que mon coeur était brisé à cause de tout ces décès...

- Peux-tu me donner mon marqueur s'il te plaît Leila ? 

Leila me donne un indélébile noir je j'ouvre lentement. Une fois ouvert, je me redresse, je me met face au mur au dessus de mon lit et j'écris "Blair"à côté d'une bonne dizaine d'autre noms. Après avoir écrit ce nouveau long sur mon mur, je les lits tous, un par un, à voix basse. 

- Amande...Arnaud, Diane,  Athenaïs, Léon, Olivier, Oliver, Lucie, Emma, Eric, John, Amandine, Yuki, Esther et...Blair... 

Je me retourne ensuite vers Leila qui m'observait, pour lui poser une question que Blair m'avait posé, une question à laquelle il n'avait pas donné de réponse. 

- Leila, pourquoi on vit, si c'est pour mourir ? Nous sommes tous nés sur terre, la terre est notre maison. Et nous, on la détruit...Alors, à quoi bon vivre ? Nous ne faisons qu'empirer les choses...

Laila dit simplement : 

- Shin, poser ce genre de question n'est pas bon pour toi, d'ailleurs...écrire le nom des défunts non plus. Tu dois garder le moral.

- Alors, pourquoi ne pas m'en empêcher...Pourquoi tu me laisse les écrire ?

Leila ne me répond pas, elle me donne mes médicaments et de l'eau, puis elle part, me laissant seul. Leila est comme une mère pour moi, c'est elle qui a veillé sur moi pendant toutes ces années, mes parents ne font que donner l'argent nécessaire, ils paient et s'occupent de ma soeur, à la maison. À vrai dire, ma soeur ne sait même pas que j'existe, Ils paient, mais mes parents, eux aussi, savent très bien que c'est perdu d'avance, et annoncer à ma soeur qu'elle a un frère, va lui briser le coeur à ma mort. Je les comprends, mais le fait de ne pas pouvoir lui parler, pas pouvoir la voir...Me brise. 

Quand la fin approcheWhere stories live. Discover now