mes mains

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ce soir nous n'avons pas dîné,
nous sommes directement allés sur le lit,
je t'ai vu fermer les yeux, je me suis demandé si tu priais
les bombes tombaient dehors mais nous ne les entendions pas
on habitait bien trop loin de tout ça
si loin qu'on se permettait de les oublier
tes jambes étaient sous les draps et je les carressais doucement,
je le sentais sous mes mains, tu étais brisée
toute cette détresse, ces larmes qu'on aurait pu couler ensemble vers des abysses inconnues et peut-être enfin indolores
il y a des peines qui ne s'expliquent pas
mais en tout cas devant nous, il y avait un monde bien trop clair pour nous
les pétales tombaient des fleurs alors que la saison n'avait même pas commencé
les fleurs se fatiguaient doucement
d'accueillir ces flots d'eaux acides
on ne parlait pas, las d'entendre un baratin inutile et perpétuel
le monde fondait devant nous et les autres, se pensant doués d'une quelconque intelligence
s'évertuaient à creuser leurs plus grandes failles
homo n'est pas là homo disparaît
l'animal hurle et de mes mains j'attrape tes hanches et de tes mots tu attrapes mon coeur
il n'y a pas de monde à sauver
il n'y a pas d'urgence, pas plus qu'un autre jour
nous ne comprenons pas
nous semblons ne pas vouloir comprendre
fixés dans un monde qui a décidé de tourner la page,
sans nous

ce noir qui nous ensorcelle Where stories live. Discover now