L'Aria des Enfants Perdus

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« Là, devant vos yeux ébahis,

Le temps, le vent, la neige la pluie,

S'écoulent, s'écoulent à l'infini

Se déroulent le jour et la nuit.

Ma chanson raconte une histoire

D'amour, de haine, de fleurs d'ébène

Simplement un conte d'espoir

Chassant d'un souffle votre peine

Ma chanson brille dans votre âme

Toujours sous votre oreille elle danse,

Faisant murmurer tous vos sens,

S'envoler les cheveux des dames

Ma chanson ne s'arrête pas

Car elle connaît la liberté

Sortie de mes lèvres, elle s'en va

Pour aller porter sa beauté

À ceux qui souffrent et puis sourient

Mais surtout pour accompagner

Sur le chemin du paradis

Les pauvres âmes esseulées. »

Une femme chantait, sur le bord d'un trottoir. Autour d'elle, comme un miroir. Une rue à perte de vue. Unique. Magique. Doucement, elle se releva, sa robe se déplia, et sur son bras, on vit un A. Un grand A pour Aria. Les Arianes, ces femmes à la voix assez pure pour accompagner les âmes sur le chemin du futur, avaient choisi de s'engager dans les rangs des enragés pour guider un enfant abandonné. Chaque fois que l'un d'entre eux naissait, il était assigné à une voix qui jusqu'à ce qu'ils trouvent leur voie, les accompagnait dans leurs choix.

Oui, elle était de celles-là, de ces petits anges qui chantaient à votre oreille les bonnes réponses, qui vous rappelaient comment lutter contre les ronces, comment écrire une once. Comment sauver votre vie, aussi. Sa chanson résonne en eux comme une inspiration, une impression, une sensation. Et soudain ils retrouvent courage, car la sagesse souffle à leur oreille, pour qu'ils traversent l'orage, pour ne pas qu'ils se blessent. Ils peuvent remercier leur déesse, qui les guide avec tendresse, pour ne pas qu'ils répètent leurs maladresses.

Mais pour cela, il fallait étudier, apprendre et ne jamais oublier de toujours respecter leur pensée. Il fallait soi-même avoir expérimenté chaque difficulté, surpassé ses capacités, renversé sa volonté. Il fallait être capable de savoir parler et de savoir se taire, de savoir écouter et de vouloir bien faire. De savoir ce qui est nécessaire, sans s'égarer. Et rester, à tout prix, sur le droit chemin, pour protéger l'enfant des lendemains.

Ce n'est pas un métier facile, on vacille, on glisse sous la faucille du temps et de l'argent. Il faut être patient, persévérant, sans cesse être un combattant, sans cesse lutter contre son sang, qui vous emporte en un coup de vent. S'accrocher à la conscience, s'accrocher à son bon sens, et surtout, s'assurer de ses connaissances, pour une meilleure expérience. Pour ne pas briser ses espérances. Pour ne pas se laisser glisser dans la dépendance, dans la maltraitance.

Voilà le métier des guides pour âmes perdues, des Arias au métier ardu. Et elle était tombée dans un amour éperdu, dans une affection pleine de vertu, elle, la chanteuse convaincue, de son métier, de cette vérité qu'elle avait trouvée, qu'elle avait enduré, avant de finalement y être accepté. Et elle était désormais de ceux qui l'avaient guidée, lorsqu'elle-même trébuchait dans ses premières années. C'était sa plus grande fierté !


L'Aria des Enfants PerdusWhere stories live. Discover now