Chapitre 4 III

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– J'ai eu beaucoup de plaisir de ce déjeuner, mais je vais me sauver, jeunes gens, pour ne pas abuser de votre hospitalité.

Ne vous pressez donc pas, Meyer, fit Gatsby sans enthousiasme.

  M. Wolfshiem leva la main en une sorte de bénédiction.

– Vous êtes bien poli, mais j'appartiens à une autre génération, annonça-t-il solennellement. Restez assis à causer de vos sports et de vos jeunes dames et de vos... (Il fournit un substantif imaginaire d'un balancement de sa main.) Moi, j'ai cinquante ans ; je ne vais pas vous imposer plus longtemps ma présence.

  Quand il nous serra la main, quand il se détourna, son nez tragique tremblais. Je me demandai si j'avais dit quelque chose qui pût l'offenser.

– Il devient parfois très sentimental, m'expliqua Gatsby. Il est dans un de ces jours où il fait du sentiment. C'est un type, à New-York – un habitué de Broadway.

– Qu'est-ce qu'il est, en somme ? Acteur ?

– Non.

– Dentiste ?

– Meyer Wolfshiem ? Non. C'est un joueur professionnel. Gatsby hésita, puis ajouta froidement :

– C'est lui qui a truqué le match international de baseball en 1919.

– Truqué le match international ?

  L'idée me frappait de stupeur. Je me rappelais, bien entendu, que le match international avait été truqué en 1919, mais jusqu'ici je n'y pensais que comme à une chose qui était simplement arrivée, le dernier chaînon d'une chaîne inévitable. Il ne m'était jamais venu à l'idée qu'un homme avait pu se jouer de la bonne foi de cinquante millions de personnes – avec la simplicité de dessein d'un cambrioleur qui perce un coffre-fort.

  Je demandai au bout d'une minute :

– Comment a-t-il eu l'idée de faire ça ?

– C'est très simple : il vit l'opportunité qui s'offrait à lui.

– Pourquoi ne l'a-t-on pas coffré ?

Ils ne peuvent pas l'avoir, vieux frère. C'est un malin.

  J'insistais pour régler l'addition. Quand le garçon rapporta la monnaie, j'aperçus Tom Buchanan dans la foule, à l'autre bout de la salle.

– Venez un instant avec moi, fis-je, il faut que je dise bon-jour à quelqu'un.

  Quand il nous vit, Tom se leva d'un bond et vint à notre rencontre.

– Qu'est-ce que tu deviens ? me demanda-t-il avec intérêt. Daisy est furieuse parce que tu n'as pas téléphoné.

– M. Gatsby – M. Buchanan.

  Ils se serrèrent la main rapidement et une expression d'embarras tendu, inaccoutumée chez lui, passa sur le visage de Gatsby.

– Comment ça va, hein ? me demanda Tom. Comment se fait-il que tu déjeunes si loin de ton bureau ?

– J'ai déjeuné avec M. Gatsby.

  Je me tournai vers M. Gatsby, mais il n'était plus là.

  « Un jour du mois mil neuf cent dix-sept... (conta Jordan Baker le même après-midi, assise très droite, le dos appuyé au dossier d'une chaise dans le jardin de thé de l'hôtel Plaza)... je me rendais d'un endroit à un autre, marchant tantôt sur le trottoir et tantôt sur les pelouses. J'aimais mieux les pelouses, car j'avais des souliers anglais à semelles garnies de coussinets de caoutchouc qui mordaient bien la terre molle. Je portais aussi une jupe neuve à carreaux que le vent soulevait un peu et, chaque fois, les drapeaux rouge, blanc, bleu, qui pavoisaient les maisons se tendaient, tout raides, et faisaient tut-tut-tut-tut, d'un air désapprobateur.

  La plus vaste des bannières et la plus vaste des pelouses appartenaient à la maison de Daisy Fay. Elle avait tout juste dix-huit ans, deux ans de plus que moi. Elle était, et de loin, la plus en vue des jeunes filles de Louisville. Elle s'habillait de blanc, possédait une petite auto blanche à deux places, et toute la journée le téléphone sonnait chez elle – très emballés, les jeunes officiers du camp Taylor imploraient le privilège de la monopoliser ce soir : « Ne serait-ce qu'une heure ! ».

  Quand je passai ce matin-là devant sa maison, l'auto blanche était rangée contre le trottoir et Daisy était assise de-dans avec un lieutenant que je n'avais jamais vu. Ils étaient si absorbés qu'elle ne m'aperçut que lorsque je fus à cinq pieds de distance.

– Hello, Jordan, s'écria-t-elle (je ne m'y attendais pas). Voulez-vous venir ici un instant ?

  Cela me flattait qu'elle désirait me parler parce que de toutes les filles plus âgées que moi, c'est elle que j'admirais le plus. Elle me demanda si j'allais à la Croix-Rouge pour faire des pansements. J'y allais. Alors, aurais-je la bonté de dire qu'elle ne pouvait venir aujourd'hui ? L'officier regardait Daisy pendant qu'elle parlait, de cette façon dont toute jeune fille désire un jour ou l'autre être regardée, et parce que l'incident me parais-sait romanesque, je ne l'ai jamais oublié. L'officier se nommait Jay Gatsby. Je ne devais plus le revoir pendant plus de quatre ans. Quand je le retrouvai à Long-Island, je ne me rendis même pas compte que c'était le même homme.

Gatsby le magnifiqueTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang