Chapitre 26 - Mise au point

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- Bonsoir, c'est l'heure de la pause ? Vous êtes le serveur, c'est bien cela ?

L'homme qui s'adresse à moi, doit avoir une petite trentaine, à peine plus grand que moi. Il est assez svelte mais c'est surtout son regard qui est impressionnant : ses yeux presque noirs, tellement ils sont foncés, contrastent avec la douceur qu'ils renvoient. Après un moment de flottement, je réponds enfin :

- Oh, pas vraiment, c'est juste pour ce soir en fait, un dépannage de dernière minute en somme. Vous êtes un habitué du bar ?

- J'y viens de temps en temps oui, votre visage me semblait familier mais je ne me rappelais pas vous avoir déjà vu faire le service. Je ne vous dérange pas au moins ?

- Non, pas du tout. En fait je viens ici régulièrement, d'habitude c'est avec mes amis, mais ce soir les circonstances ont fait que je me suis retrouvé de l'autre côté du bar.

Nous finissons par entamer une conversation anodine. J'apprends qu'il s'appelle Simon, qu'il travaille dans une maison d'édition et qu'il est souvent en déplacement. Comme moi, ses amis n'ont pu l'accompagner pour un verre ce soir. C'est quelqu'un d'agréable qui a le don, via son métier, d'aborder et de mettre les gens à l'aise. Nous en venons à nous tutoyer :

- Ça y est, je sais où j'ai déjà vu ton visage, c'était aux infos, il y a quelques temps, c'est bien ça ?

Il se rend vite compte de sa gaffe devant ma mine dépitée :

- Oh pardon, c'était très maladroit de ma part. J'ai bêtement remué le couteau dans la plaie sans réfléchir.

- Tu ne seras, malheureusement, sûrement pas le dernier mais, oui j'évite autant que possible d'aborder le sujet.

- Encore une fois, désolé pour cela.

Il semble hésiter à poursuivre avant de reprendre :

- Je vais être très indiscret, mais vu comment les infos ont parlé de toi, j'ai cru comprendre que nous avions une petite chose en commun ... Bon, je me lance. Je peux te demander si tu sors avec quelqu'un ?

Sa question me scotche sur place. Elle tombe comme un cheveu sur la soupe et me prends au dépourvu. Incroyable, c'est toujours pareil avec moi, je tombe systématiquement sur des barjos ou alors sur des gentils mais qui tombent au plus mauvais moment.

Je suis sur le point de lui répondre quand deux mains s'abattent sur mes épaules et me plaquent contre le torse qui va avec. Une voix grave au-dessus de ma tête prend la parole à ma place :

- Ce petit drôle appartient effectivement déjà à quelqu'un et il s'avère que c'est à moi.

Le ton employé par Thomas indique clairement à son interlocuteur qu'il est plus sage pour lui de s'en tenir là. Le timing de son intervention est juste irréel ou au contraire digne d'un drama. Simon prend congés brusquement, marmonnant un « je crois que je vais y aller », troublé par l'arrivée impromptue de Thomas.

Je suis tellement heureux de le savoir rentré que j'oublie les convenances sur le moment. Je me retourne et je saute dans ses bras ne lui laissant pas d'autres choix que de me rattraper, alors que mes jambes se referment déjà sur ses hanches. Mes bras enveloppent son cou, ma tête enfouie dans ses cheveux. Que c'est bon de sentir à nouveau son odeur :

- Tu devais rentrer que demain matin ! Je suis tellement content que tu sois là ! Tu m'as manqué.

- Tu m'as manqué aussi, gringalet

Je me redresse pour lui faire face :

- Mais, attend, comment ça se fait que tu sois venu ici ?

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