Réflexions

Le sourire

A toutes ces conversations qui finissent trop vite...

A toutes ces conversations entre amis qui finissent trop vite, en pleine journée ou au crépuscule, dans la rue ou en réseau, par sms ou facebook par exemples. Celles-là même qui nous poussent à prolonger le vice un peu plus encore. Pour garder le contacte, l'attention, l'étreinte d'affection une seconde de plus. Qui nous forcent a la bêtise.
On discute, on se sépare, on se dit au revoir, et, vingt seconde plus tard a peine, on fait volte face, pour crier une dernière phrase a son interlocuteur. Qui de surcroît n'aura rien à répondre. Quoi que, peut être un sourire.
Mais on n'en demande pas plus. C'est déjà tellement.

Dans le fond, en creusant bien, lorsqu'on reprend notre chemin, on est toujours un peu déçu, c'est logique: c'est nostalgique. On quitte le souvenir d'un moment agréable. On aurait aimé qu'il ne finisse jamais. On n'a peur de l'oublier et de s'oublier avec.

C'est pour cela qu'on raconte ses souvenirs.

On les extrait de sa mémoire, comme un bijou de son coffret. Afin de les faire durer, de façon a retrouver un soupçon de l'excitation d'antan disparue oubien de ce perdre encore un instant dans le scintillement de leurs reflets. On les prend, on les admire. On les reprend, on les confond, on les confrontes, on les explique, on les radote pour demain, encore, encore... Encore.
Mais en surface, au présent, c'est amplement suffisant :

Ce précieux sourire.

Un délicieux baume à l'âme.
Elle est futile, cette chose qui rend les séparations moins amères, nous faisant sentir mieux, mais dont le parfum est incapable de persister, qui est loin de l'idée de relancer l'action, car après tout, nous avons tous des obligations. Mais il est si doux, si gourmand qu'il est bien difficile de lui résister.  Il est lointain et silencieux et pourtant il résonne au diapasons avec tous nos sens. Que ne ferait t'on pas pour lui ? Ce dernier moment nous aide a en digérer sa fin.

La relation aura beau être aussi solide qu'un roc, il n'y aura quand même plus d'éclat de rire ni de complicité tacite étincelante dans les regards ailleurs que dans les souvenirs jusqu'à la prochaine rencontre. D'une simple salutation ce chapitre se clos. Une fois séparés, tout sera fini. Couper au montage, absent, inexistant. Une fois seul, il n'y aura plus personne pour attester de notre histoire ici. Cette muette réponse est une dernière preuve de nous même dont on se régale.
C'est donc, au terme de cet échange, que l'on trouve parfois trop abrupte pour nos petit cœur sensibles, qu'on ajoute une idée de dernière minute. Ce débordement s'impose sans prévenir. On saute a pied joint dans cette rivière de diamants en faisant fit de la gêne et des coutumes dans le but d'attraper au passage une toute dernière perle a chérir encore un peut avant de partir. Une explication d'un éclair de génie soudain! Une dernière salutation a la famille! Les actions de ses dernières secondes, banales au delà de l'incroyable, dont il faut absolument transmettre la réalité.
Elle sort de nulle part et est vraisemblablement sans importance, mais il est impossible de s'empêcher de la communiquer, car il nous faut ce rire, ce dernier regard.

-Pense a regarder Tu y pensera vraiment? PAS VRAI? Mais non je ne crie pas!
-Mais franchement! Imagine si c'était vrai!
-JE VIENS DE ME COGNER LE PIED SUR LE REBORD!
-Et la, paf! Bah oui! référence à la blague que m'a dite quand on c'est dit bonjour!
-Embrasse ta sœur pour moi!
-* réfléchie en partant* C'est vrai que c'est énorme. C'est limite impossible. Est ce que j'ai utilisé toute ma chance?
-Je vais en crever la prochaine fois que j'ouvre la bouche.
-Mais non, c'est pas une histoire de chance.
-Alors quoi ? Je dors debout ? Mince. Mince alors! je rêve?
-Quand même pas ! Ho bah nan... Aie . Non tout va bien.
-Smiley clin d'oeuil.

Re-au revoir, re-bonne nuit, re-a demain, re-coucou de la main. Attente, attente, attente. Et peut être enfin:

Sourire.

Précieuse confirmation de la macle de notre relation.Parfaite pour clôturer présentement le moment passé et l'inclure joyeusement dans notre écrin a souvenirs.

S.D