One Shots (and Potential teasers)

An Astral Voyage

  Lumières éteintes ? Check. Écouteurs dans les oreilles ? Check. Playlist de Metal Symphonique à plein volume ? Check. Parfait, j'étais prête à partir pour un autre monde que j'arpentais depuis maintenant bien longtemps.
  Chaque départ était similaire aux autres et celui-ci n'y fit pas exception. Tout commençait avec la musique, et ce sentiment paradoxal de détente qu'elle me procurait; puis, la détente se généralisa, devenant peu à peu un état de flottement, un sentiment doux et léger accompagnant mon esprit qui se détachait de mon corps alors que, de la pénombre de ma chambre, émergeait petit à petit une lumière douce et chaude accompagnée de multiples odeurs forestières. 
  Enfin, tout changea drastiquement autours de moi quand je fut happée par l'accueillante lumière, révélant une dense forêt au-dessus de laquelle je volait tel un oiseau. Cette forêt, je la connaissais bien maintenant, c'était la Forêt de Galaïa, la demeure des gracieux Sylviens et le point de départ de chacun de mes voyages  en Cyraenia.
  Le vent se leva, me portant doucement vers de grandes plaines que surplombaient quatre immenses tours de quartz positionnées aux quatre points cardinaux et brillant de mille feux au soleil: Akavaldir, capitale du majestueux Empire Elvarien, se dressait là tel un joyaux inébranlable.
  En passant entre les tours, je fut comme toujours émerveillée par la splendeur de ces édifices qui, non loin d'être une simple décoration, abritait une grande partie de la population de la capitale dans de sublimes habitations cristallines et, tout en haut de chaque tour, une des quatre gemmes qui garantissaient à elles seules la protection de tout l'Empire.
  Puis le vent changea de direction, se faisant plus rapide et plus froid, me portant droit vers le Nord, par delà les terres gelées d'An' Slkaelds, où vivait depuis des générations le peuple des Skaells. Enfin, au delà d'une immense montagne gelée débouchant sur un magnifique fjord, je put voir l'Océan des Âmes, toujours nappé d'une brume mystique. 
  Le vent me porta plus loin, vers des terres que j'avais peu explorée auparavant: Le Continent d'Améthyste. Ce n'était pas le vrai nom de ces terres mais je l'avais surnommé car ses montagnes étaient de la même couleurs que ces pierres précieuses que nous avons sur Terre. Le sable était noir charbon, parsemé ça et là de quelques plantes de couleur bleues plus ou moins foncée et, fait surprenant, l'eau y était turquoise et claire. 
  perdue dans ma contemplation, je laissa quelques mots s'échapper de mes lèvres:
"Cet endroit est merveilleux !" 
  Puis un cri sauvage déchira les cieux et m'arracha à mes pensées. En regardant droit devant moi, je vit une masse imposante voler dans ma direction. Un dragon. Un dragon ! C'était un dragon ! Il faisait battre ses puissantes ailes pour s'approcher de moi et, bientôt, je put clairement en voir la forme et les couleurs.
  Il était majestueux, avec des écailles blanches comme l'ivoire sur lesquelles se reflétaient le soleil. Mais le plus surprenant était qu'à certains endroits de son corps, notamment sur l'arrière de sa tête et sur ses omoplates se trouvaient d'imposant et magnifiques cristaux rouges similaires à des rubis.
  Une fois à ma hauteur, il se mit en vol stationnaire et s'adressa à moi, ses paroles résonnant dans ma tête alors qu'il s'exprimait d'une voix caverneuse qui, à elle seule, traduisait toute sa puissance.
  "Tu n'es pas d'ici, petite femelle. Que cherches-tu en ces lieux, toi qui est perdue dans un monde qui n'est pas le tien ?" 
  J'allais répondre, lui poser une des mille question que j'avais sur lui, quand une nouvelle voix, bien familière cette fois ci, m'appela. 
  "Lana ? Lana !" 
  Repoussée dans mon corps, je rouvrit les yeux avec une grande sensation de vertige pour voir mon père posté dans l'embrasure de la porte de ma chambre à présent allumée. 
  "Allez, viens ! dit-il, Tu ne voudrais pas rater ton vingtième anniversaire, quand même ?"
  Une fois le vertige passé et les écouteurs débranchés, je quitta la pièce en me promettant une chose: je reparlerais à ce dragon.