NOUVEL OBJECTIF

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                                     " Être prisonnier de la photographie,

                                        cela vous offre toutes les libertés "

                                                                     Rémy Donnadieu












-- " Viens voir

On verra

Je vois

C'est bien vu

C'est tout vu

Jette un œil sur... "



Je pourrais y jeter mes deux yeux que cela ne changerait rien.

Moi comme vous dites je suis aveugle.


Je m'appelle Joséphine et du haut de mes cinq années d'expérience dans cette existence, il me semble que pour vous la vue soit vitale. Être vu est si important que l'on use de mille et un supports pour se montrer aux autres.

C'est ainsi dans ma propre maison, il y a ce bruit qui m'intrigue depuis ma naissance. Un clic qui vient de cet objet vénéré par maman. Non, pas la grosse boîte rectangulaire, celle-ci, je l'entends assez. Une chose que maman transporte avec elle, à chaque fête, anniversaire, remise de diplôme, compétition sportive, mariage ou simple balade, jamais elle ne l'oublie.

Cet objet est lié à la joie et est capable d'obliger chacun à se tenir droit sans bouger ni respirer durant quelques secondes qui resteront figées à jamais. J'ai compris qu'il a le pouvoir de peindre ces moments que l'on imprime ensuite sur un petit bout de papier glacé que tout voyant garde et regarde précieusement. Allant même jusqu'à tapisser les murs à l'intérieur des maisons de nombreuses photos encadrées de petites ou grandes tailles.

Des embellies de la vie à regarder par temps morose, besoin d'un temps de pause.


Je suis née non voyante mais bien vaillante. Des défis physiques et des rêves plein la tête. Un jour, je décide donc de poursuivre et d'attraper l'objet qui produit ce "clic". L'oreille à l'affût, instinct développé au fil du temps, je me soupçonne même de m'être tenue debout sur mes jambes très tôt afin de me mouvoir plus rapidement rien que pour m'approprier ce jouet interdit. Une fois j'ai cru le posséder mais ma génitrice telle une louve défendant son petit le sauva de mes mains, pour me photographier aussitôt, moi la prunelle de ses yeux.

Allons sur mon cinquième anniversaire. Après m'avoir mitraillée toute la journée, maman pose enfin son appareil photographique dans le salon sur le rebord de la cheminée décorative et quitte la pièce. Mon ouïe constamment sur le vif m'indique la position du trésor. Seule. L'occasion est trop belle, un coussin puis deux, trois, je grimpe dessus et à tâtons cherche " le précieux", je le tiens enfin. Mes bras tendus au-dessus de ma tête, je vacille et sous le poids de l'appareil-photo qui me tombe sur le visage, je m'écroule.


" CLIC"  1 photo

" CLAC"  1 flash





















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