Mon cœur sembla s'arrêter. De gros nuages gris recouvrirent le ciel, et une pluie battante se mit à frapper ma maison, dans un bruit qui semblait tout droit venu de l'enfer. Il me sembla qu'il faisait nuit tout d'un coup, l'air était lourd et ma respiration semblait coincée dans mes poumons. Je me précipitai dans ma salle de bain pour m'asperger le visage d'eau. Mais lorsque je levais le visage, ce n'est pas mon reflet que je vis. C'était celui de l'ancienne propriétaire du manoir. Je me mis à hurler sans y arriver.

Je me réveillais en sueur, paniquée. Ce n'était qu'un mauvais rêve.

Je tirais les rideaux, respirant l'air matinal avant de me diriger vers la salle de bains pour me laver. J'en sortais douchée, habillée, maquillée. Je remontais ma couette sur les oreillers, et mettais un peu d'ordre sur ma table de nuit.

Alors ma chérie, bien dormi ?

Je sursautai. Mon cauchemar m'avait-il rendue folle ? J'avais sûrement imaginé cette voix, ce ton vicieux, cruel et faussement mielleux. Sans un regard de plus vers la photo sur ma table de chevet, je descendis me préparer un petit déjeuner revigorant. J'allais passer la journée en ville, pour trouver du travail. Après cela, je descendis dans l'entrée, pris un parapluie car le temps semblait menaçant et me dirigeais vers ma Twingo rouge.

Le soir, je rentrais vers dix-huit heures, satisfaite de ma journée. J'avais trouvé un travail en tant que serveuse dans un café. Je dînais, et rebranchais la vieille télé. Il n'avait pas plu aujourd'hui, mais l'air était encore lourd. Je craignais qu'un orage éclate le soir même et entraîne une coupure d'électricité.

Sans sa lumière, la vieille maison devait être encore plus effrayante. Après avoir regardé les informations, je me dirigeai vers ma chambre pour dormir. Demain je commençai mon nouveau travail. En entrant dans ma chambre, une voix parvint à mes oreilles. La même voix rauque et cruelle que ce matin. Elle ressemblait étrangement à celle de ma grand-mère. Mon regard se dirigea automatiquement vers la photo encore sur ma table de chevet.

Non, j'avais dû l'imaginer, j'étais fatiguée. Je posai ma tête sur l'oreiller froid et je regardais le plafond blanc, sale.

Endors-toi, demain tu as une longue journée.

Effrayée, je courus dans le salon dévalant les marches deux à deux manquant de peu de trébucher. Arrivée en bas ma réaction me parut ridicule.

J'étais fatiguée et l'ambiance sinistre de la maison me retournait la tête. Mais j'avais encore le cœur qui tambourinait tellement fort dans ma poitrine qu'on pouvait l'entendre à des kilomètres.

Trop effrayée et trop honteuse pour remonter dans ma chambre, je m'allongeai sur le canapé démodé du salon. Je m'endormis peu de temps après.

Le lendemain, je quittai la maison sans remonter dans ma chambre. Je rentrais de ma première journée de travail vers dix-huit heures. Cette fois-ci, j'étais déterminée à aller dans ma chambre pour prendre une douche.

Je pris ma douche et retournai dans la pièce. Dès que je passai la porte, une pluie battante se mit à frapper la ville, encore.

Soudain, pour la troisième fois, cette hallucination parvint à mes oreilles, cette voix qui ressemblait à celle de ma grand-mère.

J'aime la pluie, et toi tu aimes la pluie ?

J'étais tétanisée. Ma grand-mère aussi aimait la pluie.

Enfin, il fallait que je me reprenne ! Plein de personnes aimaient la pluie, comme de nombreuses personnes aimaient la nuit.

Je m'endormis avec malgré tout, une paranoïa bien présente.

Le lendemain, la photo se trouvait sur le bord de la fenêtre comme si elle voulait regarder la pluie tomber.

Bien décidée à en finir avec cette attitude paranoïaque, je supposai l'avoir déplacée cette nuit et simplement ne pas m'en être rappelée. Et pour que cette masse dans ma poitrine disparaisse, je brûlerai la photo. Peut-être radical, mais je me sentais menacée en présence de cet objet.

Alors, deux heures plus tard la pluie avait enfin cessé de tomber et je descendais avec cette photo dans ma poche avec le but précis de la détruire loin de ce qui était désormais chez moi.

Je cherchais mon briquet avant de partir, l'ayant trouvé, je passais la porte d'entrée en trombe et courus jusqu'à ma voiture. Je roulais ce qui me semblait être une heure avant d'arriver près d'un lac. J'y venais souvent lors de ma jeunesse. Je trouvais la barque bancale et je la mettais à l'eau. Je posais dedans la photo et y mettais le feu avant de pousser précipitamment l'embarcation au milieu du lac. Elle prit feu, mais la photo aussi. Il fallait bien faire des sacrifices.

Soulagée je rentrais chez moi.

C'était une bonne idée d'utiliser le feu, il consume et détruit tout sur son passage, sans laisser de traces. Tout? Sauf moi.

Un rire cruel retentit dans mes oreilles et la menace se fit plus lourde en moi.

Ça ne pouvait pas être une hallucination, surtout pas alors que je voyais la porte du salon s'ouvrir et que je sentais un courant d'air s'y engouffrer.

Je tremblais, j'étais figée, terrorisée.

Je me dirigeais vers la cuisine et pris un couteau pour tenter de mettre fin à cette horreur. C'était la seule solution. Je deviendrais folle, sinon. Je jetais un regard sur la table de la cuisine et y vit la photo, semblant regarder la scène avec un plaisir malsain. J'approchais le couteau de mon poignet. Et tout disparut.

fin.

𝒊𝒈𝒏𝒊𝒔. Where stories live. Discover now